CENTRES RÉGIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE, INFIRMERIES CONNAISSENT PAS
Dans les lycées d’enseignement technique et de formation professionnelle, beaucoup d’accidents de travail surviennent souvent. Des enseignants ont perdu des mains et des doigts, d’autres s’en sont sortis avec des fractures
A part l’Ecole nationale de formation en économie familiale qui dispose d’une infirmerie avec une enseignante contractuelle, dans presque tous les centres régionaux de formation professionnelle, on ne voit pas l’ombre d’une infirmerie pour la prise en charge des élèves et enseignants qui travaillent dans des ateliers à haut risque d’accidents de travail
Dans les lycées d’enseignement technique et de formation professionnelle, beaucoup d’accidents de travail surviennent souvent. Des enseignants ont perdu des mains et des doigts, d’autres s’en sont sortis avec des fractures. A Thiès, le formateur en menuiserie Bois, Papa Demba Fall, a perdu des doigts. Son collègue de Saint –Louis, Djiby Guèye, a connu le même sort. Un autre enseignant de la ville-aux-deux-gares a eu une fracture à la cheville après avoir glissé alors qu’il dispensait aux élèves la pratique de la soudure sur un échafaud…La liste est loin d’être exhaustive. Hélas, ces accidents se produisent dans des endroits qui ne disposent pas d’infirmeries fonctionnelles. Et là où il y en a, il n’y a souvent pas d’infirmiers... C’est l’exemple du lycée technique André Peytavin de Saint Louis où il y avait une infirmière recrutée par l’Etat dans les années 80 et qui a pris sa retraite. «Mais on n’a pas jugé nécessaire de la remplacer», se désole le secrétaire général du syndicat de l’enseignement technique et la formation professionnelle, Amar Kane. Aujourd’hui, trois véhicules dont un bus et deux 4x4 sont à la disposition du lycée. « Quand on a un cas de malaise ou crise, on peut le transporter à l’hôpital ou au centre de santé. Mais il arrive aussi qu’un enseignant disposant d’une voiture le fasse parce que les véhicules de l’école sont déjà en mouvement», confie Cheikh Seck, enseignant au lycée André Peytavin de Saint Louis. La situation est plus préoccupante au Sud du pays où aucun centre de formation professionnelle ne dispose d’un service médical. « J’ai été témoin de deux cas d’enfants en transe, mais il n’y avait pas d’infirmerie pour les prendre en charge.
Dans toute la zone sud, il n’y a pas d’infirmerie, or les étudiants évoluent dans des endroits à risque. C’est la soudure métallique, des machines de découpages etc. De ce fait, il suffit d’une petite erreur pour perdre des membres ou des organes. Des enseignants ont ainsi perdu des doigts... », poursuit notre interlocuteur. Des dangers que le secrétaire régional de Dakar du Syndicat de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Cheikhouna Guèye, classe en quelques catégories qui tournent autour des glissades, des intoxications et infections, des coupure, des brûlures, de l’électrocution et l’électrisation. « Les risques de brûlures, de glissade et d’intoxication sont très nombreux dans les ateliers de formation professionnelle. Il y a surtout les maladies infectieuses en coiffure à cause des produits chimiques, des problèmes de respiration parce qu’il y a un manque d’équipement et de protection comme à Niague. Ceux qui sont dans la restauration sont souvent confrontés à un environnement qui n’est pas adapté. Il n’y a pas d’équipement de protection individuelle, les lieux ne sont pas clôturés. Ce qui fait que les apprenants sont exposés à des dangers avec les postes de travail du fait de la mauvaise qualité dans l’installation », souligne encore Cheikhouna Guèye.
L’enseignement technique et la formation professionnelle demeurent les parents pauvres
Notre interlocuteur est formel. L’enseignement technique et la formation professionnelle demeurent les parents pauvres des écoles de formation au Sénégal en termes d’équipements individuels, de protection, de prise en charge et surtout de travail. Parlant de la prise en charge sanitaire en cas de pépin, c’est parfois la croix et la bannière pour ceux qui n’ont aucune prise en charge par l’Etat ou l’employeur. Papa Demba Fall, victime d’accident de travail à l’école, explique. «Certains adhèrent aux postes de santé, d’autres sont inscrits par leurs employeurs à la caisse de sécurité sociale à condition qu’ils respectent les cotisations pour les soins et les médicaments avec les pharmacies partenaires. Ils ont des carnets à présenter à la pharmacie après prescription d’une ordonnance par un médecin. Hélas, il y en a qui n’ont pas de prise en charge. Or l’inscription pour une prise en charge est très importante. Il y a un certain nombre de conditions à remplir dans un atelier de formation professionnelle. J’ai été pris en charge à la caisse de sécurité sociale », explique-t-il. Son secrétaire général, Amar Kane, considère qu’en cas d’accident, la prise en charge est individuelle. «Si vous n’avez pas de mutuelle, vous êtes foutu. Car tout enseignant est sensé ‘’mutualisé » » avec 100 % pour la prise en charge et 50% pour les médicaments. Encore faudrait-il que la mutuelle fonctionne...», relève-t-il avec malice en conclusion.