«LA PREVENTION REPOSE SUR LA SURVEILLANCE DES FEMMES ENCEINTES»
De l’avis d'Albert Manding Manga, la surveillance des femmes enceintes demeure la seule prévention contre la pré-éclampsie
De l’avis du Dr Albert Manding Manga, la surveillance des femmes enceintes demeure la seule prévention contre la pré-éclampsie. Même si une étude récente fait état de l’aspirine comme la molécule pouvant réduire le risque de pré-éclampsie
«Pour éviter la pré-éclampsie, il faut une surveillance rigoureuse de la femme enceinte». C’est la conviction du Docteur Albert Manga. De l’avis du gynécologue obstétricien, la prise de la tension artérielle, la recherche d’une protéinurie et la surveillance du poids demeurent la seule prévention possible. Même si, révèle-t-il, «des travaux récents ont porté sur l’effet préventif de l’aspirine. Une méta-analyse publiée en 2010 avait montré que cette molécule réduit par 2 à 4 le risque de pré-éclampsie, à condition de débuter son administration avant 16 semaines de grossesse. Une seconde étude randomisée et contrôlée vient de confirmer cet effet préventif».
A l’en croire toujours, la pré-éclampsie est une pathologie de la grossesse caractérisée par une élévation de la pression artérielle et se produisant au plus tôt au milieu du second trimestre (après vingt semaines d’aménorrhée). Elle s’accompagne d’une élévation de la quantité de protéines présente dans les urines. La maladie peut également survenir plus tardivement, peu de temps avant l’accouchement ou parfois même après (postpartum). En outre, l’éclampsie est caractérisée par des crises comitiales généralisées inexpliquées survenant au cours d’une pré éclampsie.
Le diagnostic est clinique, et par mesure de la protéinurie. Le traitement comprend habituellement du sulfate de magnésium IV et un accouchement à terme. Sur les symptômes annonciateurs de pré-éclampsie, le praticien renseigne qu’elle peut être asymptomatique ou bien entraîner un œdème ou une prise de poids excessive. «Un œdème du visage ou des mains (les bagues peuvent ne plus aller aux doigts) est plus spécifique que l’œdème déclive», précise-t-il.
Par ailleurs, indique Dr Manga, la pré-éclampsie avec signes sévères peut causer des lésions aux organes. «Ces caractéristiques peuvent comprendre les signes suivants :céphalées sévères, troubles visuels, confusion, douleurs abdominales épigastriques ou du quadrant supérieur droit (reflétant une ischémie ou une distension capsulaire hépatiques, nausées et/ou vomissements, dyspnée ou difficulté à respirer (reflétant un œdème pulmonaire, un syndrome de détresse respiratoire aiguë, ou un dysfonctionnement cardiaque, accident vasculaire cérébral (rarement), oligurie (une réduction du volume des urines) », déclare-t-il.
Le toubib ajoute qu’il s’agit d’une maladie multifactorielle. «Mais le terrain génétique semble contribuer à hauteur de 50% dans la survenue de la maladie. Plusieurs facteurs de risque de pré-éclampsie ont été identifiés», souligne Dr Manga. Il s’agit, d’après lui, d’un antécédent de pré-éclampsie, d’une grossesse multiple, d’une première grossesse (nulliparité), d’une hypertension artérielle chronique, d’une maladie rénale ou encore d’un diabète, d’une obésité, des antécédents familiaux de pré éclampsie (mère, grand-mère...), d’un syndrome des ovaires polykystiques et d’une maladie auto immune.
Quid des conséquences sur la santé de la mère et du fœtus ? Le docteur Manga informe que le fœtus risque une souffrance fœtale chronique avec hypotrophie, la mort in utero, une souffrance aiguë pendant le travail, ou dans les premiers jours de vie. «La mort du fœtus en est une conséquence possible ajoutée au fait que la vie de la mère est également en danger», dit-il avant de citer d’autres complications maternelles telles que l’hématome rétro placentaire, l’insuffisance rénale aiguë, l’œdème cérébral, une hémorragie, des troubles de la coagulation, etc. A partir de ce moment, alerte le gynécologue, «tout doit donc être mis en œuvre pour éviter cet accident. D’autant plus la récidive au cours des grossesses ultérieures est bien possible, surtout si les facteurs de risque sus décrits persistent.»