LE DIAGNOSTIC ET LA RECETTE DU COLONEL BABACAR NGOM
Une néonatalogie sans Pédiatre, berceau bricolés avec luminaire électrique doté d’une ampoule à incandescence au lieu de lampe adaptée pour chauffer les prématurés, luminaire électrique jouxtant une moustiquaire inflammable, pas de personnel de garde...
La mort de quatre bébés dans un incendie à l’hôpital Magatte Lo de Linguère continue de susciter des réactions. L’ancien directeur de CHU, Colonel Babacar Ngom qui revient sur les faits relatifs au drame, fait le diagnostic du système de santé et propose des solutions pour parer aux dysfonctionnements.
«Une néonatalogie sans Pédiatre, berceau bricolés avec luminaire électrique doté d’une ampoule à incandescence au lieu de lampe adaptée pour chauffer les prématurés, luminaire électrique jouxtant une moustiquaire inflammable, pas de personnel de garde dans un endroit isolé avec une fréquentation réglementée, inexistante ou pas d’extincteur mais personne pour les manipuler, le feux a couvé et étouffé 06 bébés et au final impréparation intellectuelle et technique des acteurs pour avoir un coup d’avance sur tous les risques professionnels catalogués».
C’est ainsi que l’ancien directeur des hôpitaux de Saint-Louis et de Grand-Yoff, Colonel Babacar Ngom explique les faits relatifs à l’incendie qui a ravagé l’unité de néonatologie de l’hôpital Magatte Lo de Linguère et qui a coûté la vie à quatre bébés et blessé deux autres le samedi 24 avril dernier. Sur les causes qui seraient à l’origine de l’incendie, il soutient que «les matelas mousse et les moustiquaires sont très inflammables, les secours ont tardé et le dispositif de lutte contre le feu inopérant».
Comme conséquences, «le feu s’est vite propagé avec 4 morts de bébés sur le coup puis deux autres suite brûlure suivant la règle de Wallas », soutient Colonel Babacar Ngom. En effet, ce drame à l’hôpital Magatte Lô pose le débat sur l’état des hôpitaux au Sénégal qui est confronté à plusieurs manquements. C’est pourquoi le colonel Babacar Ngom n’a pas manqué des proposé des «solutions et des stratégies de changement de comportement bien partagés pour que pareil incident ne se reproduise plus». «En dehors du cours académique relatif à la gestion adm, comptable et juridique, il faudra renforcer les curriculums par des compétences techniques sur certaines spécificités multiformes de notre métier», a fait savoir Colonel Babacar Ngom.
Non sans ajouter «qu’en dehors des responsabilités engagées que nous tairons dans un premier temps, nous devons nous évertuer à renforcer certains fondamentaux cognitifs et comportementaux». Il s’agit, selon l’ancien DG de CHU, du «système de santé, des «règles relatives à l’encadrement des activités des EPS et leurs modalités», de «l’autonomie de gestion et ses conséquences», du «statut du Personnel», des «accords d’Ets», de la «protection juridique du personnel et de l’Ets par des assurances personnes physiques DG, ACP, et personne morale» et des «droits et devoirs» des personnes de l’activité hospitalière etc. Colonel Babacar Ngom recommande également le renforcement de la formation en génie sanitaire, en technologie sanitaire, en protection civile et comité d’hygiène et de sécurité Pour cause, estime l’ancien DG, «seuls les Officiers du Corps Technique et Administratif de la Santé Militaire sont formés à ces techniques pour être de bons interlocuteurs devant nos prestataires extérieurs dans ces domaines».
Parmi les propositions Du Colonel Ngom, il y a aussi, entre autres, le « développement de la maintenance préventive, l’augmentation des capacités des techniciens pour la maintenance curative, l’ergonomie, le catalogue d’un référentiel des risques professionnels spécifique à chaque EPS ( le seul modèle existant se trouve au CHRU de St-Louis ), le coup d’avance sur tous les événements dangereux prévisibles, la simulation de sinistre pour éprouver les plans d’évacuation et les moyens de lutte contre l’incendie, la souscription personnelle du DG et de l’Acp et de l’Eps d’une assurance pour couvrir la responsabilité pécuniaire individuelle ».
L’enseignant-chercheur en santé publique estime que l’incendie survenu à l’hôpital Magatte Lo pourrait être une « catastrophe réelle transformée en Étude de Cas pour augmenter les capacités d’anticipation de nos jeunes cadres hospitaliers issus d’un Mouvement de translation que nous avions initié à la DES en 2000 avec M. Mame Abdoulaye Gueye, pour projeter les jeunes cadres d’alors en DG d’EPS d’aujourd’hui ».