LE DIRECTEUR DE L’HOPITAL LE DANTEC PROMET DE FAIRE L’INVENTAIRE DES EQUIPEMENTS
Le conseil d’administration de l’hôpital « flottant » Le Dantec s’est réussi le jeudi 22 décembre 2022 dansleslocaux du ministère de la Santé
Le conseil d’administration de l’hôpital « flottant » Le Dantec s’est réussi le jeudi 22 décembre 2022 dansleslocaux du ministère de la Santé. Les questions de la dette de l’établissement estimée à plus de 4 milliards cfa, des arriérés de salaires et des patients déboussolés ont été abordées et discutées. De même que le nébuleux projet « démolition-vente-reconstruction » filé aux Espagnols de l’entreprise « Quantum » portés disparus, faute de financement. Egalement à l’ordre du jour, l’embarrassante affaire des équipements et autres accessoires médicaux dépecés et détournés vers des cliniques privées que « Le Témoin » avait révélée. Acculé par les administrateurs, le directeur de l’hôpital, Babacar Thiandoum, a promis de faire l’inventaire de tous les équipements médicaux enlevés ou déménagés. On lui souhaite bien du plaisir !
Dans une de ses éditions, « Le Témoin » écrivait qu’après le « Covidgate », les Sénégalais devaient s’attendre à un autre scandale relatif à la démolition de hôpital Aristide Le Dantec qualifié de « DantecGate ». Rappelons-le, bien avant le projet de déménagement-démolition-reconstruction, l’Etat avait renforcé le plateau technique de tous les services de l’hôpital Aristide Le Dantec. Ce dans le cadre de l’exécution d’un vaste programme d’équipement estimé à plusieurs milliards de francs CFA. A cet effet, de nouvelles unités de cardiologie interventionnelle et de web radiologie numérisée avaient été commandées et installées, sans oublier les équipements du centre de dialyse, de la pédiatrie, de l’orthopédie, de la cancérologie, de la maternité etc. Mieux, l’Etat avait aussi commandé des scanners, des endoscopes pour l’urologie, des lots d’équipement pour la biologie et l’immunologie, des vidéo-laryngoscopes pour la réanimation, etc. Tous ces équipements et matériels ont-ils été bien inventoriés, sécurisés, surveillés ou réinstallés dans d’autres structures sanitaires, lors du déménagement des services ? Selon un membre du corps des techniciens de l’hôpital interrogé par « Le Témoin », la plupart des équipements très coûteux et autres accessoires des blocs opératoires ont été dépecés et détournés vers des cliniques privées.
Déménagement anarchique !
Quelquefois, Dieu fait bien les choses! Car nos révélations ont coïncidé avec la tenue du conseil d’administration de l’hôpital « flottant » Aristide Le Dantec. Une réunion qui a eu lieu le jeudi 22 décembre 2022 dans les locaux du ministère de la Santé. Plusieurs sujets essentiels ont été abordés et discutés entre les administrateurs de l’hôpital Le Dantec et le directeur général Dr Babacar Thiandoum. L’embarrassante question des équipements et autres accessoires médicaux dépecés et détournés vers des cliniques privées a été soulevée. Pris de court, sans doute, par cette question, nous raconte-t-on, Dr Thiandoum a d’abord précisé que, bien avant le grand déménagement, il a fait procéder à l’inventaire des équipements médicaux de tous les services de l’hôpital Le Dantec. Vrai ou faux ? Toujours est-il que, dans sa réponse jugée à la fois laconique et évasive, le directeur général de l’hôpital Le Dantec a promis qu’il va confronter les centaines voire les « tonnes » de lots d’équipements médicaux répertoriés à ceux déjà stockés ou réinstallés dans d’autres structures sanitaires d’accueil afin de pouvoir connaitre d’éventuels matériels manquants. Des explications tirées par les cheveux puisqu’elles n’ont pas pu convaincre certains administrateurs au sortir de cette réunion annuelle du conseil d’administration. Justement, l’un d’entre eux s’est confié à notre rédaction en ces termes : « Il faut avoir le courage de le dénoncer, ce déménagement de grande ampleur a été effectué dans un pur amateurisme sur fond de laxisme. Alors que, dans ce genre de situation, il fallait réquisitionner les soldats de l’intendance des armées, spécialistes et professionnels du déménagement. Il est vrai qu’il serait très difficile de voler, de cacher ou de détourner les équipements lourds issus des blocs opératoires ! Par contre, la direction générale de l’hôpital Le Dantec aurait du mal à localiser, pister ou évaluer les équipements légers ou moyens lourds volés ou détournés comme les électrocardiographes (Ecg), les caméscopes, les visio-tests (ophtalmologie), les endoscopes fibroscopes, les bistouris électriques etc. Sans oublier les accessoires médicaux indispensables aux blocs opératoires et autres mobiliers sanitaires ou de bureau. Allez visiter les autres structures d’accueil comme le nouvel hôpital Cheikhoul Khadim de Touba, le centre de santé de Ngor, Abass Ndao, Dalal Jammn, Diamniadio, le Hangar des pèlerins de Dakar-Yoff, l’hôpital Roi Baudouin de Guédiawaye, l’Hôpital militaire de Ouakam (Hmo), la Pmi de Médina etc., vous ne verrez pas tous les équipements médicaux démontés et enlevés de Le Dantec ! Parce que le déménagement a été effectué dans un désordre total où chaque service démontait et transportait à sa manière ses équipements et blocs opératoires. On se demande comment un Etat peut-il effectuer un déménagement aussi lourd dans l’anarchie ! » s’est étranglé un administrateur au sortir de la réunion du conseil d’administration de l’hôpital Le Dantec. Et de nous rappeler avec désolation l’histoire de la nouvelle maternité de l’hôpital le Dantec dont les travaux sont estimés à plus 2 milliards de francs. Sans oublier les équipements ultramodernes estimés à plusieurs milliards. « Malheureusement, tout a été rasé ! Et les équipements complets, je dis bien complets, ont-ils été bien sécurisés, stockés ou réinstallés dans une autre structure d’accueil ? » s’interroge-t-il.
Une précipitation de démolition suspecte
Au cours de ce conseil d’administration, le projet de la reconstruction de l’hôpital Le Dante déjà rasé a été soulevé et longuement discuté dès lors que les travaux tardent à démarrer. Ce alors que les premières semelles de fondation devaient être normalement mises en place depuis le 1e septembre 2022 pour que l’hôpital soit livré fin décembre 2023. Depuis lors, rien n’a été fait ! Même pas la pose de la première pierre réclamée par le président de la République. Selon toujours notre interlocuteur administrateur de l’hôpital Le Dante, les promoteurs espagnols de l’entreprise « Quantum » chargés du projet n’ont plus fait signe de vie ! « Certainement, n’ont-ils pas de financement ! Ils n’ont même pas de siège social à Dakar. Il est clair qu’aucune banque ne veut prendre des risques de financer un projet qu’un éventuel futur régime pourrait remettre en cause les années à venir. Evidemment nous allons vers une année 2024 de grand choix électoral. Bref, en complicité avec des courtiers d’Etat et prédateurs fonciers, ces Espagnols étaient seulement obnubilés par la vente de l’assiette foncière pour ensuite délocaliser l’hôpital Le Dantec hors de Dakar. Une vente-deal de 3 hectares qui devait leur rapporter près de 40 milliards cfa pour financer, disaient-ils, la construction de l’hôpital. Hélas, à l’heure actuelle, personne ne peut vendre le site qui est un bien immobilier du domaine privé de l’Etat sans soumettre cette vente à une autorisation de l’Assemblée nationale où les députés de l’opposition attendent ces promoteurs louches de pied ferme ! » prévient l’un des administrateurs de l’hôpital Le Dantec.
En tout cas, jamais « déménagement démolition » n’avait été aussi rapide que celui de l’hôpital Le Dantec. Car, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les immenses et solides bâtiments s’étalant sur 6 hectares ont été complètement vidés avant d’être rasés par les bulldozers. En deux temps trois mouvements, comme diraient les militaires. Pourquoi cette précipitation ? « Parce qu’ils étaient trop pressés de brader le site avant l’installation de la 14e législature, histoire de contourner le vote du projet de loi autorisant la vente ou non des 3 hectares par l’Assemblée nationale » estime un responsable du Syndicat démocratique des travailleurs de l’hôpital Aristide Le Dantec. Qui s’étrangle : « Aujourd’hui, on a rasé l’infrastructure pour rien. C’est un vrai scandale d’Etat ! Pire, beaucoup de malades qui avaient payé leur argent pour des opérations programmées à court ou long terme sont décédés ou ont vu leur état se dégrader, faute de suivi médical ou chirurgical. Parce qu’ils ne savaient pas où aller » ajoute ce syndicaliste, la mort dans l’âme à l’endroit de ces patients désemparés à l’arrivée des bulldozers sur le site.