LE LUPUS OU « NDOXUM SITI » UNE MALADIE RARE, MECONNUE AU SENEGAL MAIS TRES DANGEREUSE
Selon le docteur Birame Seck, le lupus érythémateux systémique, communément appelé « « Ndoxum Siti », est méconnu du grand public et même beaucoup de praticiens ne connaissent pas bien cette maladie.
À l’occasion de la journée mondiale du lupus, célébrée chaque 10 mai, le docteur Birame Seck, dermatologue à l’hôpital régional de Saint-Louis, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger, est revenu largement sur cette maladie, certes rare mais qui a mille facettes et qui est la première cause de dialyse chez les jeunes
Cette journée est célébrée dans le monde depuis 2004. Pour cette année, l’accent est mis sur la sensibilisation des populations par rapport à cette maladie auto immune très invalidante. Selon le docteur Birame Seck, le lupus érythémateux systémique, communément appelé « « Ndoxum Siti », est méconnu du grand public et même beaucoup de praticiens ne connaissent pas bien cette maladie. Le lupus est une maladie auto immune systémique caractérisée par un dérèglement du système immunitaire qui se retourne contre notre propre organisme en attaquant nos cellules et en les détruisant. Selon le dermatologue, la maladie peut également affecter tous les organes, de la tête aux pieds. « Les manifestations sont plus fréquentes au niveau de la peau et des articulations. Il y a des manifestations au niveau des reins, du cœur et du système nerveux central. Mais parmi les manifestations les plus courantes et qui doivent pousser la personne à aller consulter un spécialiste, il y a la perte de poids, une fatigabilité chronique, la fièvre régulière sans infection aucune, des tâches et rougeurs au visage », a expliqué le Dr Birame Seck. Et d’ajouter que la maladie du lupus affecte la femme jeune, et que sur 10 cas, les 9 sont jeunes et en âge d’avoir des enfants. Même si c’est rare, le lupus peut également atteindre les hommes et les enfants. Il y a d’autres types de manifestations de la maladie comme des altérations de la bouche, une allergie au soleil, des douleurs articulaires et musculaires, des céphalées chroniques qui doivent alerter. D’après le docteur Birame Seck, le lupus est une maladie qui peut se manifester de plusieurs façons, d’où l’importance de connaître ses signes alertes qui doivent inciter la personne à aller en consultation auprès d’un spécialiste. Étant une maladie systémique qui peut affecter tous les organes, le lupus peut laisser apparaître des manifestations qui ne sont pas spécifiques. Ses manifestations sont donc multiples, d’où son surnom de «maladie aux 1000 visages». Elles ne sont malheureusement pas spécifiques au lupus et peuvent être observées pour d’autres maladies, sauf au niveau de la peau où les manifestations ne sont observées qu’en cas de lupus », souligne le dermatologue. « S’agissant des autres organes tels que le système nerveux central, le cœur, les reins, les articulations, c’est des manifestations qu’on peut observer dans d’autres maladies» précise Dr Birame Seck.
Une maladie aux causes inconnues
Selon le dermatologue, il n’y a que des facteurs favorisants, de prédisposition qui peuvent amener une personne à développer la maladie du lupus. Et parmi ces facteurs de prédisposition, le docteur Seck a cité les facteurs génétiques, les facteurs déclenchants, avec l’apparition de manifestations. Mais il assure que le plus important facteur est l’exposition au soleil. C’est pourquoi, pour la prise en charge, il invite le patient qui a le lupus d’éviter de s’exposer au soleil qui est le principal ennemi des malades. Pour ceux qui ont des facteurs hormonaux, le secrétaire général adjoint de la Société sénégalaise de dermatologie assure que le lupus est déclenché par la grossesse à cause d’une interaction intime entre le lupus et la grossesse. Mais, en dehors de la grossesse, il y a l’accouchement, la prise de certains médicaments et certaines infections qui peuvent favoriser la survenue du lupus. Dr Birame Seck reconnaît toutefois que les spécialistes ne connaissent pas avec exactitude ce qui entraîne la survenue du lupus.
L’automédication, un danger pour un malade du lupus
Selon l’enseignant chercheur à l’Ugb, le lupus est une maladie grave etsa gravité est liée aux atteintes qu’elle peut entraîner au niveau des reins, du cœur et du système nerveux central. Elle détruit même les organes et entraîne une insuffisance rénale chronique, une insuffisance cardiaque, un accident vasculaire cérébral (AVC ), des avortements à répétition. Il informe qu’une enquête sur le lupus a été menée à Dakar en 2015 entre 1999 et 2015. Et durant cette période, 340 cas ont été recensés sur 16 ans, ce qui a donné un ratio de 20 cas par an, avec une fréquence estimée à 0, 05 %. Sur 10 mille patients, seuls 5 ont le lupus à Dakar. Dans le monde, son incidence est estimée entre 4 à 178 cas pour 100 mille habitants. Bien qu’il ne soit pas une maladie très fréquente, le lupus est néanmoins très dangereux.
Absence de politique sanitaire adéquate consacrée au lupus
« Même s’il y a au niveau du ministère de la Santé une direction chargée de la gestion des maladies transmissibles, d’autres maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, les problèmes néphropathies, la maladie rénale chronique sont privilégiées au détriment du lupus », regrette le dermatologue Birame Seck. Mais la société sénégalaise de dermatologie, dont il est membre, essaie tant bien que mal de mener le combat pour que le lupus soit pris en compte dans cette direction ministérielle et que la prise en charge des patients, très coûteuse, soit facilitée. « Le traitement de la maladie nécessite des médicaments non accessibles à tout le monde, et avec l’avancée de la science, de nouvelles thérapies sont découvertes et la prise en charge est longue. La pierre angulaire de la prise en charge du lupus, c’est la corticothérapie autrement dit les corticoïdes. Avant d’en arriver à cette prise en charge, il y a tout un tas d’analyses à faire. Malheureusement, il n’y a pas encore cette politique autour du lupus, c’est pourquoi la sensibilisation est préconisée. Plus tôt le patient vient se faire consulter, plus tôt la prise en charge est simplifiée «. Comme on a tendance généralement à le faire croire, surtout au Sénégal, Dr Seck assure qu’il n’y a aucun lien entre alimentation et lupus. « Le lien le plus évident comme facteur de l’environnement qui peut impacter le lupus, c’est le soleil «, précise-t-il. Il informe qu’à Dakar, la première cause de dialyse chez les jeunes est le lupus.