LE TABAC, TUEUR EN SÉRIE
Les chiffres alarmants du cancer - Les enfants fortement touchés
(SenePlus.Com, Dakar) - Chaque année, le Sénégal enregistre près de 3000 nouveaux malades du cancer. "Des chiffres alarmants", souligne le directeur de la Santé, Pape Amadou Diack. D’autant que les enfants sont fortement touchés.
À l’unité pédiatrique de l’hôpital Aristide Le Dantec, un peu plus de 250 cas sont recensés en ce moment. Et c’est une sous-estimation puisque la Ligue sénégalaise contre le cancer (LISCA) dénombre annuellement 800 nouveaux malades dans cette catégorie de la population. Les cas les plus fréquents sont la leucémie et la rétinoblastome (qui touche l’œil), informe la même source. Qui ajoute que ces cancers, puisqu’innés, ne peuvent être prévenus.
Malgré tout, les autorités sanitaires mettent la prévention au cœur de leur stratégie de lutte contre ce fléau devenu un problème de santé publique en Afrique selon un constat de Théophile Chimilimana, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). "Nous sommes dans cette optique, indique le directeur de la Santé. Nous voulons mettre l’accent sur la prévention, le dépistage, la prise en charge précoce des cas, mais aussi l’accès aux médicaments anticancéreux. Nous allons, dans le cadre d’une grande campagne de sensibilisation, faire en sorte que tout le monde ait les meilleurs messages pour éviter d’avoir le cancer, parce qu’il faut agir sur les facteurs de risque, mais surtout pour le traitement précoce et efficace."
Principal facteur de risque : le tabac. Selon la LISCA, il est à l’origine de 8 cancers des poumons et un facteur de tous les autres cancers, même du col de l’utérus et du sein. "C’est un facteur de risque qui, s’il est évité, peut réduire un quart des cancers", a déclaré la présidente de la LISCA, Dr Fatma Guénoune, lors de la célébration, hier, jeudi 4 février, de la journée mondiale de lutte contre le cancer dont le thème est une ode à l’espoir et la volonté : "Nous pouvons, je veux".
Dans cet esprit, la LISCA déclare la guerre au tabagisme. Et pour espérer remporter la victoire, elle vise les jeunes, à travers des conférences dans les écoles sur les méfaits du tabac, et plaide pour l’application effective de la loi antitabac.
Pour sa part, l’État prévoit la construction d’un centre de prise en charge du cancer à Diamniadio et l’érection de pôles régionaux spécialisés. Ce, en plus des efforts déjà consentis : traitement gratuit pour les enfants atteints du cancer, disponibilité des spécialistes et des structures dédiées…
Au Sénégal, 1600 cas sont répertoriés dans les registres du cancer. Les plus fréquents touchent le sein et le col de l’utérus, pour les femmes, le foie, l’estomac, la vessie et la prostate, pour les hommes. En plus du tabac, les autres facteurs de risque sont l’obésité, le manque d’activités physiques et la mauvaise alimentation.
Parmi les malades décédés du cancer beaucoup auraient pu être sauvés, si leur maladie avait été détectée plus tôt. "Nous avons constaté que beaucoup de personnes sont prises en charge avec beaucoup de retard parce que simplement le dépistage a été tardif et cela pose des problèmes par rapport aux chances de survie, regrette le directeur de la Santé. Le Sénégal a des spécialistes et nous avons des structures qui sont en mesure de guérir beaucoup de cas de cancer, mais pourvu qu’on parvienne à prendre en charge tôt les patients."