LE TAUX DE PRÉVALENCE AU SÉNÉGAL EST DE 1,4%
Santé oculaire
La santé oculaire n'est pas une priorité dans plusieurs pays en développement. Au Sénégal, le nombre d'aveugles est estimé à 165 mille, pour 55 mille déficients visuels. Ces malades font face à un manque criard de ressources humaines et une insuffisance d'infrastructures et de matériels pour une bonne prise en charge.
Au Sénégal, le nombre d'aveugles et de déficients visuels ne cesse d'augmenter. Le nombre d'aveugles est estimé à 165 mille, contre 55 mille déficients visuels, pour une prévalence de 1,4%. Selon les experts, ce nombre aura doublé d'ici 2020, si des stratégies hardies ne sont pas mises en œuvre.
En prélude à la journée mondiale célébrée aujourd'hui, Docteur Boubacar Sarr, médecin ophtalmologiste, coordonnateur du programme de promotion de la santé oculaire, a présidé hier une conférence de presse. Il a révélé que 80% des cécités et déficiences visuelles sont évitables ou curables, parce que les maladies qui sont en cause peuvent être traitées ou prévenues.
"Cette situation découle en grande partie de la mauvaise prise en charge curative ou préventive des affections oculaires. Ceci en rapport avec une couverture déficiente en structures de soins oculaires dont les prestations n'étaient dispensées qu'en milieu hospitalier. Il y a aussi la très faible fourniture de soins oculaires, au niveau primaire (postes de santé), qui devient inexistant au niveau communautaire", a expliqué Docteur Sarr.
Les femmes, les plus touchées par la cataracte
La cataracte est la première cause de cécité au Sénégal. Selon Docteur Sarr, 50% des personnes aveugles, le sont de la cataracte. Celle-ci peut être favorisée par la dénutrition, la déshydratation, l'exposition au soleil. Elle peut aussi survenir chez le sujet jeune, voire chez les nouveau-nés (cataracte congénitale).
"Pour éviter cela, il y a des phases de dépistage naturel qu'on devrait faire par rapport à la santé oculaire. Les enfants doivent être régulièrement dépistés à l'âge de deux ans, pour chercher s'ils n'ont pas de petits troubles qui nécessitent le port de lunettes. Mais aussi accepter de porter les lunettes, quel que soit l'âge, car quand c'est décidé, c'est parce que c'est la solution. A partir d'un certain âge (40 ans), il faut aller voir un médecin, même s'il ne se passe rien. Le dépistage est très important", a-t-il conseillé.
Car, à l'en croire, chaque année, 26 mille cataractes se déclarent au Sénégal. Les femmes sont les plus touchées, parce que la cataracte est un problème de vieillissement et celles-ci vieillissent un peu plus vite que les hommes. "Nous faisons 13 mille interventions par an. La deuxième cause de cécité, qui est le trachome, est liée à la multiplicité de l'infection et cette multiplicité est beaucoup plus présente chez les femmes qui sont très proches des enfants, parce que ceux-ci sont les réservoirs du virus. Dans le cadre du trachome, 4/5 des aveugles sont des femmes", a-t-il souligné.
61 ophtalmologistes au Sénégal
"Les soins oculaires pour tous", c'est le thème de la journée mondiale. En plus de ces obstacles, la prise en charge de la santé oculaire fait face à une insuffisance quantitative et qualitative des ressources humaines. Il s'y s'ajoute une mauvaise répartition des ressources humaines.
"Il y a 61 ophtalmologistes au Sénégal dont 26 dans le privé. 83% des ophtalmologistes exercent dans la région de Dakar, et 9 régions sur les 14 n'en disposent pas. Ce qui fait qu'il y a 1 ophtalmologiste pour 215 mille habitants. Alors que, selon les normes de l'OMS, il faut 1 ophtalmologiste pour 1OO mille habitants. La raréfaction voire l'inexistence des autres catégories de professionnels de la santé oculaire, comme les réfractionnistes, les techniciens de base vision, constitue un frein à la promotion de la santé oculaire", a déploré Dr. Sarr.
L'insuffisance des infrastructures en soins oculaires est réelle, avec un centre secondaire pour 611 500 habitants (la norme est de 1 centre/250 000 habitants) et leur mauvaise répartition (60% sur l'axe Dakar-Saint Louis). Dakar compte à lui seul 40% des centres et toutes les infrastructures tertiaires. "Il y a une faible implication des niveaux primaire et communautaire et une mauvaise disponibilité et accessibilité aux médicaments essentiels en ophtalmologie. L'investissement public est aussi faible voire inexistant, suite à la faible priorisation de la santé oculaire. Ce qui se traduit par le faible budget alloué. D'où l'importance du thème".