LES AGENTS DES CTE EXIGENT LE PAIEMENT DE CINQ MOIS DE PRIMES DE MOTIVATION
Les agents du Centre de traitement des épidémies de l’hôpital Principal de Dakar ont organisé un sit-in hier devant le grand portail dudit établissement pour exiger le paiement de primes de motivation.
Les agents du Centre de traitement des épidémies de l’hôpital Principal de Dakar ont organisé un sit-in hier devant le grand portail dudit établissement pour exiger le paiement de primes de motivation. Un mouvement d’humeur qui s’explique par le fait que le ministère de la Santé et la Direction de l’hôpital se renvoient la balle quant au paiement de ces primes. C’est pourquoi ils interpellent le chef de l’Etat et n’écartent pas de taper fort en laissant mourir les patients en réanimation ou, carrément, marcher vers le Palais situé à quelques mètres seulement de leur lieu de travail.
La litanie quotidienne du ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) a fait cas hier de 17 patients admis en réanimation et 15 nouveaux cas déclarés positifs à l’épidémie de Covid-19. Lesquels patients Covid sont accueillis dans des centres de traitement implantés dans des hôpitaux ciblés comme l’hôpital Principal de Dakar. Ce, depuis le début de la pandémie de Covid en mars 2020.
Pour la première vague, l’Etat semble avoir réussi le pari de la gestion. Contrairement à la deuxième vague presque « insupportable », malgré la rassurante tendance baissière constatée ces derniers jours avec moins de cas positifs et des cas graves en baisse. Ce même si des décès restent encore à déplorer. En tous cas, même si la gestion globale de la crise sanitaire par le gouvernement est appréciable, pour ce qui est de la « motivation » des agents des CTE en première ligne dans le combat contre la pandémie, on ne peut pas en dire autant. Ce qui a emmené les éléments des trois CTE de la région de Dakar à élever la voix pour se faire entendre par l’autorité suprême, le président de la République, à travers un sit-in tenu hier devant le grand portail de l’hôpital Principal. Ce, après avoir épuisé toutes les démarches avec la direction de l’hôpital et le ministère de la Santé. Ces agents du Cte de l’hôpital d’instruction militaire de Dakar ont défié la rigueur militaire en « boudant » leurs services, pendant un bon moment, pour aller se regrouper devant la porte de l’hôpital Principal de Dakar. Ce pour montrer leur mécontentement quitte à faire courir des risques aux patients admis en réanimation et qui risquent de voir leur situation empirer. « S’il y a des conséquences sur la vie des patients en réanimation, ce n’est pas à cause de la Covid du fait de la lâcheté des dirigeants », a martelé le collectif des travailleurs des centres de traitement qui s’indignent du manque de considération des autorités sanitaires à leur égard.
En fait, les protestataires déplorent surtout leur manque de motivation à cause du non-paiement des primes censées fouetter leur ardeur face à la pandémie. « Vous n’avez jamais vu un malade atteint de Covid et pourtant vous vous glorifiez des résultats obtenus », a écrit le collectif dans un post en s’adressant aux autorités. Ils réclament entre quatre et cinq mois de primes de motivation. « Cela fait plus de quatre mois, depuis la deuxième vague, qu’on n’a pas eu à percevoir nos motivations par rapport aux éléments qui sont dans les centres de traitement ».
Les agents de « Principal », comme à la guerre, ont occupé les « premiers rangs », pour ne pas dire qu’ils ont montré la voie à leurs camarades des hôpitaux régionaux avec leur sit-in d’hier. Mais la situation concerne tous les hôpitaux de Dakar. « Je ne sais pas ce qu’il en est au niveau des autres hôpitaux régionaux mais ici, à Dakar, et particulièrement dans notre hôpital, aucun centre de traitement n’a reçu sa motivation », a dit le secrétaire général de la section de l’hôpital Principal du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), El Hadj Mansour Ndao. Des primes de motivation qui, selon Ibrahima Diawoula, constituent les salaires pour certains agents qui n’ont que cette source de revenu. C’est pourquoi, les agents qui manifestaient demandent à rentrer dans leurs fonds. A les en croire, « le ministère avait ordonné à l’hôpital Principal de procéder au paiement. Mais l’hôpital dit qu’il n’a été nullement mentionné dans la lettre qu’elle a reçue qu’elle devait payer les agents des services CTE », a fait savoir le secrétaire général de la section hôpital Principal du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), El Hadj Mansour Ndao.
Aussi bien le ministère que la direction de l’hôpital ayant dégagé leurs responsabilités par rapport au paiement de cette prime, les agents « grévistes » ont tenu à interpeller le président Sall sur leur situation. « Tous les centres de traitement sont sous la responsabilité du ministère de la Santé. Certes, ils sont implantés dans les établissements publics de santé mais leur gestion incombe au ministère. Le paiement de la motivation aussi. On a eu à faire des démarches au niveau interne et au niveau du ministère. A la direction de l’hôpital, on nous dit que c’est du ressort du ministère. Les subventions qu’ils ont reçues, c’est pour le fonctionnement des CTE. Ils disent fonctionnement et s’en limitent à ça. Et que donc le paiement des motivations n’en fait pas partie. On est allé voir le ministère qui nous dit avoir déjà fait la subvention pour les hôpitaux. Ce qui est motivation est du ressort des établissements publics de santé.
Pour dire qu’ils ont tous dégagé leurs responsabilités. Le ministère refuse de payer et les hôpitaux disent que c’est le ministère qui doit payer. On en a marre. Nous sommes des pères de famille qui sont restés depuis le début de la deuxième vague à travailler dans des conditions extrêmement difficiles sans motivation aucune, et dont une bonne partie a été infectée et a contaminé leurs familles », a expliqué El Hadj Mansour Ndao, secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale (Sutsas) section hôpital Principal de Dakar, dont les camarades n’écartent pas de marcher vers le Palais et de paralyser le système pour se faire entendre. « Nous allons informer le président de la République sur la situation en faisant une marche jusqu’aux grilles du Palais. Nous ne sommes pas là pour négocier avec des gens qui ont reçu 1000 milliards pour les Cte. On est prêts à taper fort. Soit on fera une marche vers le Palais ou on va croiser les bras. Et dans ce cas, il y aura plus de morts chez les cas graves. C’est nous qui gérons ces cas graves dont vous entendez parler. Et nous sommes prêts à les laisser périr », a asséné Aliou Ndao, un agent du CTE de « Principal » lors du sit-in d’hier. Ce n’est pas tout. Ces prestataires de Principal vont « contaminer » — dans le sens de les pousser à entrer dans la lutte ! — leurs collègues des autres régions afin de recevoir leurs « soins motivants ». « On va essayer de coordonner avec tous les autres CTE de Dakar, et même des autres régions qui n’ont pas encore perçu leurs primes », a dit le syndicaliste El Hadj Ndao.
LE DIRECTEUR DES ETABLISSEMENTS DE SANTE, DR OUSMANE DIA : «On ne peut pas parler de non-paiement»
Alors que le directeur de l’hôpital Principal, le général Mame Thierno Dieng, n’a pas voulu se prononcer sur la question, le directeur des Etablissements de santé dit pourtant avoir eu ce dernier au téléphone, et qui lui aurait confirmé la presque effectivité du paiement des primes de ces agents des Cte logés à l’hôpital Principal de Dakar. Dr Ousmane Dia déclare que le Centre de traitement de Principal était fermé pendant deux mois et que le ministère de la Santé avait fait le nécessaire. D’où ce refus de la thèse du non-paiement des primes de motivation.
« J’ai eu le général Mame Thierno Dieng. Pour Principal, il faut rappeler qu’il y a eu un moment où le Cte était fermé pendant deux mois. Durant cette fermeture, le ministre avait demandé qu’on paye d’une manière rétroactive les motivations dues aux agents qui travaillent dans les CTE. Principal a eu deux mois de fermeture, et le ministère a viré les ressources essentielles pour le paiement du dernier mois, à savoir le mois de décembre 2020. Aujourd’hui, Principal a payé pour les mois de janvier et de février. Il reste peut-être le mois de mars qui sera payé quand les ressources seront disponibles au niveau du Trésor. Pour Principal, aucun problème ne pourrait exister du fait d’un non-paiement de la prime de motivation. Le ministère a donné l’essentiel des ressources. Le général Mame Thierno Dieng m’a appelé récemment pour me dire que le paiement était effectif en attendant un virement pour le mois restant », a expliqué le directeur des Etablissements de santé sur les ondes de la Rfm.