LES PHARMACIENS EN GRÈVE MERCREDI PROCHAIN
Une journée de grève en guise d’avertissement, voilà ce que le syndicat des pharmaciens du Sénégal a décidé, ce mercredi 22 mai. De quoi craindre pour les malades en quête de médicaments.
Pour s'offusquer de la décision du président de la République d’accorder la grâce à Amadou Oury Diallo, dans des conditions pour le moins mystérieuses, les pharmaciens du Sénégal observent une grève générale de 24 heures, mercredi prochain. Ce Guinéen, trafiquant de médicaments, avait été arrêté en septembre dernier, à Touba Belèle avec une cargaison de médicaments illicites d'une valeur de plus de 1,3 milliard francs CFA. Cette décision a été prise par les pharmaciens privés du Sénégal, samedi, à l’issue d’une Assemblée générale qui marque le «début d’une lutte sans relâche». En faisant l’économie de leurs assises qui ont duré plus de 5 heures, le Dr Assane Diop, président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal a informé : «La profession pharmaceutique s'est réunie en Assemblée générale pour parler de ce qu'on appelle l'affaire Oury Diallo. La profession, après s’être indignée de la décision de libérer Amadou Oury Diallo, s’est retrouvée aujourd'hui pour déterminer les actions à mener». Poursuivant, il a ajouté : «l'Assemblée générale, en toute souveraineté, a décidé de fermer les pharmacies à travers tout le Sénégal le mercredi 22 mai 2019 et d’organiser un sit-in devant le siège de l’Ordre des pharmaciens. Nous y invitons tous les pharmaciens pour manifester tout notre désaccord total par rapport à cette décision prise avec l'autorité».
«Le problème, c’est comment Oury Diallo est sorti des liens de la détention ?»
«Au niveau de la profession pharmaceutique, c’est la libération qui nous pose problème, quel que soit le moyen, qu'il soit gracié ou autre recours. Nous avons estimé qu'étant donné que l'affaire est pendante devant la justice, il n'est pas question de libérer ce trafiquant. Pour nous, c'est tellement clair qu'on ne doit pas chercher le pourquoi du comment», a martelé le Dr Diop. Meurtri par cette situation, le spécialiste de souligner : «Aujourd'hui, ce que nous savons, c’est que le président du tribunal a décidé de ne pas organiser de procès pour s'enquérir de la situation carcérale de ce monsieur. On en est là, nos avocats sont en train de faire le travail qui leur est dédié et ils sont en train de le faire, donc on s'en limite là». «Le problème, ce n’est pas au niveau de la justice. Le problème est à chercher ailleurs. C’est comment Amadou Oury Diallo est sorti des liens de la détention ? C’est ça la question. Et tant qu'on n’aura pas une réponse à cette question, la profession pharmaceutique restera unie pour montrer son désaccord total à cette affaire», a prévenu le syndicaliste.
«Cette fois, la profession est décidée à aller jusqu'au bout»
D'après le pharmacien, la profession pharmaceutique s'est toujours prononcée et a toujours condamné et dénoncé cette vente illicite de médicaments. «Parce qu’il ne se passe pas une année ou des mois sans que nous nous indignions de cette pratique, cette vente illicite qui est là qui fait pignon sur rue. Un problème sur lequel l’autorité n'a pas toujours pris les décisions qu'il faut. C’est vrai que c'est un lobby, mais encore une fois, il faut penser à aborder la question sous quel angle», dit-il. «Qu’est-ce qui fait parler les pharmaciens ? Ce ne sont pas les lobbies, c'est juste que force doit rester à la loi. La loi qui organise la profession pharmaceutique qui donne le monopole aux pharmaciens d'appliquer cette loi. Mais également que la santé des populations soit sauve. C’est cela le combat de notre profession», a défendu Assane Diop. Déterminé à engager une lutte pour que justice soit faite, le porte parole des pharmaciens prévient qu’ils ne vont pas reculer devant rien sur cette affaire. «Je peux vous assurer que cette fois, la profession est décidée à aller jusqu'au bout. C'est à dire toute action que nous jugerons utile, qui nous permettra d'atteindre notre objectif, cette action sera faite. Il faut que l'autorité comprenne qu'on est déterminé à aller jusqu'au bout du combat», a-t-il averti. En effet, le Dr Diop est convaincu que «c’est la seule manière d'obtenir gain de cause. Au niveau de l'Ordre et du syndicat, on a fait tout ce qu'il faut. On a rencontré les Khalifes qui se sont succédé à la ville de Touba, cela peut être un élément de solution, mais ce qu'il faut c'est que l'autorité prenne sur elle la responsabilité d'appliquer la loi. Si on le fait, on n'aura plus de souci. La profession a mis en place un comité de veille qui va statuer sur la durée de la fermeture des officines».