LES TRAVAILLEURS ÉVACUENT LEUR DÉPIT PAR L’AMBULANCE
Mouvement d’humeur à l’hôpital Youssou Mbargane Diop
Entre travailleurs et directeur de l’hôpital Youssou Mbargane Diop de Rufisque, le torchon brûle. A la base de ce différend qui a poussé les premiers à observer un mouvement d’humeur, l’ambulance de la structure sanitaire utilisée, selon eux, par le directeur à d’autres fins. Ce dernier nie et invoque l’absence de véhicule de liaison, ce qui amène l’hôpital à faire certaines courses avec l’ambulance.
La tension est montée d’un cran lundi à l’hôpital Youssou Mbargane Diop. Les travailleurs qui étaient en sit-in ont confisqué pendant plus de deux tours d’horloge les clés de l’ambulance pour dénoncer une utilisation du véhicule à d’autres fins par le directeur de l’hôpital. «S’il y a une confiscation, c’est bien de la part de l’administration qui a confisqué l’ambulance qui sert de voiture de fonction au directeur», a déploré avec énergie le porte-parole du jour, Dr Mamadou Seydi Sow, chef du service de cardiologie et du service d’imagerie.
«L’ambulance dont nous disposons et que le ministre de la Santé et de l’action sociale nous a octroyée, nous avons constaté qu’elle est utilisée à d’autres fins. Nous sommes là avec des malades à évacuer et nous sommes obligés de recourir aux structures voisines», poursuit Dr Sow, par ailleurs président de l’intersyndicale des travailleurs.
L’heure est grave, d’après le responsable syndical qui fait cas même de «décès enregistrés» du fait de l’indisponibilité de l’ambulance pour «des évacuations d’urgence». Dépité par un tel état de fait, Dr Sow de dire : «L’ambulance a une autre vocation, c’est ce que nous dénonçons et nous appelons les autorités à intervenir.»
Au problème de l’ambulance se greffent d’autres revendications de ces travailleurs en face «d’une administration sourde et aveugle». «Nous avons fait des sacrifices pour que cet hôpital aille de l’avant, mais au constat, sur le plan administratif, les choses ne suivent pas. Ce qui nous anime c’est le bon fonctionnement de l’hôpital», regrette Dr Sow qui évoque des «dysfonctionnements majeurs signalés depuis des mois par écrit au directeur» sans aucune réaction. Pour cela, «les camarades exigent le départ du directeur. C’est ce que demande la base», déclare le porte-parole des travailleurs.
«Pure calomnie et dénonciation non fondée»
La réaction de Amadou Fall, directeur de l’hôpital, n’a pas tardé. «Les autorités ont eu confiance en moi en me mettant à cette place et c’est elles seules qui peuvent me faire quitter», répond droit dans ses bottes M. Fall.
Qui qualifie les propos des travailleurs de «pure calomnie et dénonciation non fondée». Pour lui, les travailleurs sont dans l’illégalité en initiant «un sit-in qui est une forme de grève». «Ils ont déposé leur préavis jeudi passé et devaient attendre un mois avant d’aller en grève», informe-t-il.
Précisant cependant que sa porte reste ouverte aux plaignants pour la bonne marche de la structure sanitaire, le directeur jure assumer sa mission dans les règles. «Le ministre nous avait demandé de l’utiliser à bon escient. Ce que nous n’avons pas oublié jusqu’à présent», dit-il en parlant de l’ambulance.
Selon lui, c’est le manque de moyens qui est au centre des difficultés notées. «Le problème, c’est qu’actuellement l’hôpital ne dispose d’aucune voiture de liaison. Ce qui fait qu’aux heures d’inactivité de l’ambulance, le véhicule effectue certaines courses comme envoyer des correspondances, aller chercher du sang... Moi, des fois quand je descends du travail, elle me dépose», se dédouane en effet le directeur de Youssou Mbargane Diop.
Il a fallu l’intervention, à travers le dialogue, d’un commandant de la police de Rufisque, sur instruction du procureur de la République, pour que les travailleurs remettent les clés de l’ambulance à la direction vers les coups de 13 heures. Pour autant, les travailleurs comptent poursuivre leur mouvement d’humeur «jusqu’au départ du directeur».