PR MAMADOU DIOP LIVRE L’ORIGINE DES MAUX
CANCER DU COL DE L’UTERUS, DU SEIN, DE LA PROSTATE…
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Cancer du col de l’utérus, du sein, de la prostate…les pathologies prennent des proportions inquiétantes, malgré une absence de registre du cancer pour orienter la lutte. Difficile de connaître les régions les plus touchées au Sénégal. Mais, à l’institut du cancer de l’hôpital Aristide Le Dantec, la plupart des cas enregistrés viennent de la région de Kolda. Selon le Professeur Mamadou Diop, les mariages précoces et l’accouchement à jeune âge en sont « les principales causes ». Il l’a fait savoir hier, vendredi 25 aout, en marge de la session de formation des sages-femmes aux techniques de dépistage du cancer du col de l’utérus tenue au district de Saint Louis.
Pas encore de registre de tumeurs au Sénégal pour faire une cartographie du cancer devant permettre de dire de manière exacte le nombre de personnes atteintes et les zones les plus touchées.Toutefois, tout le monde s’accorde à dire que les chiffres restent inquiétants au Sénégal. Le directeur de l’institut du cancer de l’hôpital Aristide Le Dantec ne dit pas le contraire préférant donner une estimation du nombre de cas enregistré chaque année au niveau de l’institut de cancer de Dakar de l’hôpital Aristide Le Dantec. «Nous avons près de 1200 nouveaux cas par an, avec une mortalité de 700 cas du cancer du col. C’est une estimation qui nous permet de comprendre», a expliqué Pr Mamadou Diop, non sans préciser que la plupart des cas sont à un stade très avancé de cancers.
Au niveau de l’institut du cancer, l’universitaire dit recevoir plus de malades qui viennent de Kolda. « C’est peut-être lié au problème du mariage précoce. Il y a une fragilisation du col avec le mariage précoce, notamment les accouchements à un âge jeune », nous dit-il en marge de la session de formation des sages-femmes du district de Saint Louis tenue hier, vendredi 25 aout.
En plus d’un taux demortalité très élevé du fait d’une consultation très tardive, Pr Mamadou Diop souligne le déficit de ressources humaines pour traiter le cancer.
Selon lui, « il faut des spécialistes, notamment des chirurgiens spécialistes des organes, des urologues pour la prostate et pour la vessie. Il faut des chirurgiens cancérologues qui sont capables d’évoluer dans un environnement de l’oncologie. Des radios thérapeutes, des oncologues médicaux ».
La mise sur pied d’un programme de bourses destiné à des jeunes sénégalais pour la spécialisation en chirurgie, en oncologie médicale, en radiothérapie, des médecins nucléaires, des psychologues spécialisés en cancérologie, constitue, dit-il, une option pour palier à ce déficit. Car, il a été retenu le développement des ressources humaines comme axe stratégique du plan national de lutte contre le cancer.
En plus d’une bonne politique de développement des ressources humaines qualifiées pour la prise en charge du cancer, le Pr Mamadou Diop mise sur la prévention pour détecter leslésions précancéreuses à tous les niveaux de la pyramide sanitaire : postes de santé, districts, hôpitaux. Pour ce faire, il préconise une mise à contribution des prestataires du niveau moyen, notamment les infirmiers, sages-femmes.
C’est d’ailleurs dans cette dynamique que la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca) organise une formation des sages-femmes, en partenariat avec DpWolrd Dakar, aux techniques de dépistage du cancer du col de l’utérus par Inspection Visuelle à l’Acide Acétique et au Lugol et au traitement par cryothérapie.