PRISE EN CHARGE DE LA TUBERCULOSE
Selon le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT), 7000 malades, suivant un traitement au Sénégal, ont été perdus de vue par les agents de santé

Selon le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT), 7000 malades suivant un traitement de la tuberculose au Sénégal, ont été perdus de vue par les agents de santé. Ce qui constitue le principal obstacle à l’éradication de cette maladie.
Le Programme national de lutte contre la Tuberculose (PNT) a fait face à la presse, hier, en prélude à la journée mondiale de la tuberculose dont le thème de cette année est : «mobilisons les leaders pour mettre fin à la tuberculose.» Une occasion pour le coordonnateur national du programme, Dr Marie Sarr Diouf, de révéler « c’est une thématique du prolongement de la conférence mondiale de 2017 à Moscou où on avait demandé aux différentes organisations de s’impliquer davantage dans cette lutte pour lettre fin à la tuberculose. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de progrès. Aujourd’hui, les malades sont mieux soignés au niveau des centres de santé, ils guérissent. Et je pense que le taux de succès en témoigne fortement. Il y a moins d’abandons et ça aussi c’est important à dire. Par contre, il y a ce qu’on appelle des cas manquants et nous avons détecté 7000 cas».
Selon Dr Marie Sarr Diouf, ce sont des cas potentiels de tuberculose qui sont dans la communauté et qui ne sont pas allés vers les structures sanitaires se faire soigner. Et ces cas manquants entrainent la transmission continue de la maladie. « Ces cas manquants, nous devrons les rechercher, les trouver, les traiter et les guérir. Parce que tant que nous ne les auront pas traités, nous n’allons pas faire fléchir la courbe. Et au niveau du pays, il faudra actionner plusieurs leviers pour rechercher ces cas manquants », a-t-elle fait savoir.
Ainsi, Mme Diouf de souligner qu’il est important de parler de sortie de ces cas parce qu’ils ont élaboré le plan stratégique 2018-2022 et jusqu’en 2022, ils devront sortir le maximum de cas de tuberculose pour renverser la tendance. « Il faut nettoyer les foyers infectieux et améliorer la situation épidémiologique de manière à ce que ça soit beaucoup plus favorable. Quand on arrive à nettoyer correctement les foyers infectieux, la courbe va être infléchie et on aura une réduction de l’incidence de la tuberculose et nous serons optimistes pour aller vers l’élimination en 2030 », a-t-elle préconisé. Et ajoute que les derniers chiffres de cas de tuberculose relevé au Sénégal sont de 13.335 malades, et qu’il faut aussi savoir que chaque malade traité et guérie est une vie sauvée.
Dr El Hadji Mamadou Diokhané, chef des projets du Fonds mondial de Plan International Sénégal, de son côté, de noter que l’implication du niveau communautaire n’est pas récente au Sénégal, elle date d’avant 2012. C’est à partir de cette année que ça a été formalisé sur la base d’une convention entre le Ccm Sénégal et fonds international Sénégal. Jusqu’en 2012, il y avait des interventions communautaires qui étaient exécutées, mais qui n’étaient pas formelles et ne se faisaient pas sur l’étendue du territoire sénégalais. C’était de petits projets que certaines Ong supportaient, qui étaient financés par des bailleurs internationaux et qui, en réalité, n’étaient pas dans un cadre formel.
« Les activités communautaires ne sont qu’un complément de la réalité de ce qui se passe au niveau technique. Aujourd’hui, et partout dans le monde, vous ne pouvez pas vous arrêter dans les structures sanitaires si vous voulez lutter contre une maladie. L’essentiel des déterminants de cette maladie ne sont pas sous l’emprise du système de santé. Ils sont au-delà des cas figure d’un hôpital ou d’un poste de santé. C’est ce qui justifie aujourd’hui l’avènement de l’implication des communautaires dans lutte contre la tuberculose », a-t-il fait savoir.
Pour M. Diokhané, l’apport du communautaire dans la détection des cas manquants est l’une des pièces les plus importantes du puzzle. Ils sont manquants parce qu’on ne les retrouve pas dans le système de santé. Quand on regarde l’itinéraire des patients au Sénégal, on se rend compte qu’une bonne partie des patients ne fréquentent pas les structures, ou bien y entrent et en ressortent parce que soit ils ne sont pas satisfaits, soit ils ne retrouvent pas le service qu’ils veulent avoir à l’intérieur. « L’objectif du communautaire aujourd’hui est d’aller chercher ces personnes que nous appelons cas manquants parce qu’on ne les répertorie pas », a-t-il dit.