QUAND DES SÉNÉGALAIS DÉSERTENT LEURS HÔPITAUX
Le tourisme médicale bat son plein. Des évacuations se font avec les deniers publics de l’Etat et les bénéficiaires ne sont autres que des cadres du pays, des dirigeants, des politiques, entre autres
Si nos dirigeants et les hauts cadres de ce pays ne font pas confiance à notre système sanitaire, du fait qu’ils vont toujours se faire soigner ailleurs même pour des pathologies prises en charge au pays, il sera difficile pour le Sénégal de défendre la performance de ces soins offerts et de rendre fructueuse l’investissement. Aujourd’hui, le tourisme médicale est devenu une réalité depuis belle lurette et continue de l’être pour des Sénégalais. Des évacuations se font avec les deniers publics de l’Etat et les bénéficiaires ne sont autres que des cadres de ce pays, des dirigeants, des politiques entre autres.
Le Sénégalais Lambda peine à le faire et est obligé de se contenter de son plateau médical dès fois plus performant que ceux des zones expatriées. Un investissement qui aurait dû permettre d’équiper d’autres zones du Sénégal en matériel médical de pointe au grand bonheur des populations. Avec la panne de la radiothérapie de l’hôpital Le Dantec c’étaient des millions et des millions décaissés par le Sénégal pour prendre en charge des personnes vivant avec le cancer vers le Maroc ou encore le Mali. «À l’heure actuelle, nous avons acheminé et pris en charge ces patients victimes du cancer. Ils sont totalement pris en charge et leurs conditions de séjour sont des meilleures» avait annoncé la ministre de la santé d’alors, Awa Marie Coll Seck après la panne de la radiothérapie de Le Dantec.
Une situation qui posait la question de l’anticipation et la priorisation des besoins. Deux ans après cet incident, l’hôpital Le Dantec sera doté d’une radiothérapie. Mieux, l’Etat va même ouvrir un autre centre de radiothérapie à l’hôpital Dalal Diam. Malgré cet investissement, les évacuations vers d’autres cieux se poursuivent. «L’attente est très longue pour faire de la radiothérapie au moment où le malade souffre. Dès fois, on est obligé d’évacuer le malade pour une prise en charge dans les meilleurs délais», a fait savoir Mame Kary Ndoye dont le frère a été acheminé au Maroc pour des soins. Et de poursuivre : «il arrive même que le médecin traitant te propose d’amener le malade à l’étranger» a-t-il avancé. Il n’est pas le seul à le vivre, ils sont très nombreux à être dans cette situation qui les oblige à aller voir ailleurs. «Les régions ne sont pas dotées de matériels de pointes pour certaines pathologies. Tout est concentré à Dakar et cela ne fait que concourir à une disponibilité de places pour des soins. Les rendez-vous sont très éloignés et le malade ne tient pas.
Par conséquent, aller voir ailleurs s’impose», nous confie Amath Sylla, ressortissant de Kaolack. Un autre fait qui inquiète les Sénégalais, reste et demeure l’évacuation du Chef de service de la médecine interne de l’hôpital Aristide Le Dantec, le professeur Abdoulaye Pouye, gravement malade, la semaine dernière. Pour les Sénégalais, comment un hôpital de niveau 3 peut-il manquer d’experts et de plateau sanitaire pour prendre en charge la maladie dont souffre le professeur Pouye au point de l’évacuer à l’étranger ? Seul le ministère de la santé et de l’action sociale peut apporter une réponse. Si ce n’est pas le tourisme médical vers d’autres horizons, des dirigeants de ce pays et des fonctionnaires aiment se faire soigner dans le privé. Une autre énigme à résoudre pour arrêter la saignée et redonner au public sa place de leader dans les soins.
PRESTATIONS VERS L’EXTERIEUR DEVIENNENT INSUPPORTABLES POUR LES BUDGETS DES PAYS AFRICAINS
Les gouvernements africains dépensent entre 38 à 100 millions de nos francs pour l’évacuation sanitaire d’une seule personne à l’étranger a annoncé Mme Tshiya Subayi, chargée des programmes de Santé en Afrique francophone pour la Banque mondiale lors du 6ème salon international de la santé et du matériel médical de Dakar. Elle poursuivait que, si l’on multiplie ce nombre par 10 malades évacués vers l’Afrique du Nord ou vers l’Europe, ces prestations vers l’extérieur deviennent insupportables pour les budgets des pays africains.
Pour parer à cette situation, depuis quelques années, le gouvernement du Sénégal est dans la dynamique de faire de Dakar un «hub médical» d’où l’appellation «Dakar médical City» à l’exemple de l’Inde, la Turquie et les pays du Nord afin de faire du Sénégal une destination de tourisme médical au niveau de la sous région et au-delà. L’hôpital principal de Dakar a tout récemment fait peau neuve avec la réception de matériels de dernière génération et l’ouverture d’autres services. Ce qui avait amené le ministre des forces armées Me Sidiki Kaba à soutenir : «les Sénégalais n'ont plus besoin de s'exporter pour se faire soigner. Tout ce dont ils ont besoins, ils peuvent le trouver à Dakar».
Dans la révision de la nouvelle carte sanitaire dont la pyramide sanitaire doit passer à 4, l’hôpital de Principal se donne les moyens pour y arriver. Selon une source du ministère de la santé et de l’action sociale, l’hôpital Principal est en bonne position pour le devenir et serait aussi la seule structure qui respecterait les normes. L’hôpital général de Grand Yoff rebaptisé tout récemment l’hôpital général Idrissa Pouye s’est aussi doté d’un important équipement médical de prise en charge de la crise cardiaque ainsi que d’autres pathologies relevant de spécialités voisines de la cardiologie ainsi que le centre de maintenance qui sera bientôt fonctionnel pour prendre en charge les pannes sur place, avait annoncé le directeur des infrastructures sanitaires lors de la pose de la première pierre l’année dernière.
Selon ce dernier, tout est fin prêt et le lancement se fera avant la fin de l’année. Il s’y ajoute le projet de Dakar médical City dont les bases sont jetées avec des instituts de recherches en santé à Diamniadio qui pourront freiner la saignée mais aussi faire de Dakar un lieu privilégié pour des soins avec un plateau relevé, des personnes de qualités. « Le Sénégal a d’éminents médecins, des professeurs dont leur expertise ne souffre d’aucune ambigüité, par contre ce qui nous manque, c’est la réorganisation du secteur», a confié une source médicale.