A QUEL NIVEAU LES JEUNES SE SONT IMPLIQUES EN AFRIQUE ?
La jeunesse africaine est souvent considérée comme un boulet plutôt qu’une force pour le continent. Cependant, le niveau d’implication des jeunes dans la gestion de la crise liée à la Covid19 semble prouver le contraire
Dans un rapport produit par la ligue africaine des blogueurs et web activistes pour la démocratie (AfricTivistes), en collaboration avec l’ONg Oxfam, il a été cartographié des initiatives de jeunes africains destinées à lutter contre laCovid-19.Ceci a permis de répertorier 107 activités en rapport avec la citoyenneté, la bonne gouvernance, la lutte contre les fake news, la technologie et les droits humains.
La jeunesse africaine est souvent considérée comme un boulet plutôt qu’une force pour le continent. Cependant, le niveau d’implication des jeunes dans la gestion de la crise liée à la Covid19 semble prouver le contraire.
En effet, dans un rapport publié par l’organisation AfricTivistes en collaboration avec Oxfam, il est révélé que les jeunes ne sont pas restés inertes depuis l’apparition de la pandémie à coronavirus. L’étude réalisée en Afrique de l’Ouest et du Centre a permis de recenser 107 initiatives dont 65 sont portées par des associations et 42 par des individus pris individuellement.
Selon le document dont «L’AS» détient une copie, le Sénégal et le Bénin arrivent en tête des réponses avec respectivement 18% et 17% des initiatives recensées. «Ils sont suivis du Nigeria qui a donné 14 initiatives, soit 13% des réponses.
Le Niger et la Gambie sont représentés avec une proportion qui correspond à 11%des initiatives. La République Centrafricaine arrive en dernière position puisqu’elle ne totalise que 3 réponses », lit-on dans le document. Il renseigne que parmi les activités recensées, celles liées à la communication sont plus nombreuses. Elles représentent 42% de l’ensemble des initiatives et portent sur la sensibilisation des populations. «Il s’est agi de concevoir et de diffuser, à travers les plateformes digitales ou à travers des productions artistiques, des messages liés à la pandémie et aux gestes barrières. Il existe également de nombreuses activités de communication interpersonnelle de proximité dans les lieux publics : marchés, gares routières, points de regroupement des jeunes… Ces activités sont souvent accompagnées de distributions de produits d’hygiène (savon, gel, Javel,....)», note-t-on.
Poursuivant, le document a révélé que dans les différents pays, les jeunes issus des cultures urbaines s’activant dans le domaine graphique ont été à l’origine de fresques pour sensibiliser les populations sur les mesures barrières à respecter pour endiguer la propagation de la maladie. Dans le cadre de ces initiatives artistiques, précise le document, il faut aussi relever la conception et la réalisation de documents, de musiques, de films, de sketchs filmés, de pièces de théâtre, de création musicale… Il a été aussi souligné que des actions ont été aussi dirigées dans le domaine de l’engagement civique tel que la mobilisation des citoyens etla levée de fonds
Il y a aussi ce qu’on appelle «Tech4Good», relève l’étude qui regroupe les initiatives portées sur l’innovation technologique à travers le Développement d’applications, le monitoring et la production de données, l’utilisation de l’intelligence artificielle, de la recherche scientifique… «C’est dans ce cadre que s’inscrivent toutes les initiatives répertoriées portant sur la création de tests, d’unités automatisées de lavage des mains, de distribution de gels, de portiques de désinfections, d’équipements de protection ou de mise en place de plateformes digitales qui ont largement contribué à l’information, à la veille, au suivi et à la déconstruction des Infox », renseigne l’enquête. Pour l’essentiel, ces initiatives qui font 23% du total sont individuellement ou collectivement portées par des jeunes acteurs du monde associatif, du milieu universitaire, de la communication digitale, des inventeurs ou des artisans.
FINANCEMENT DES INITIATIVES
L’étude a montré en outre que les initiatives alternent pour la plupart les modes de financement qui partent de l’autofinancement, à l’appel à des partenaires. Dans les pays francophones, souligne la note, seules 25 initiatives ont été accompagnées par des partenaires. Les porteurs d’initiatives ont réussi à lever 497 063 dollars alors qu’ils ont mobilisé sur fonds propres 1 227 877 dollars pour financer 48 initiatives. Généralement, selon l’étude, le financement se fait sur fonds propres avec les cotisations des membres de l’association ou des dons provenant de quelques mécènes. 68 initiatives ont été déroulées en collaboration avec les autorités contre 39 autres qui n’ont pas été accompagnées, ajoute l’enquête.
RECOMMANDATIONS
En définitive, de nombreuses recommandations ont été effectuées par AfricTivistes et Oxfam. Par miles quelles, l’intégration des jeunes, en cas de situations similaires à la crise de Covid-19, dans l’architecture de la réponse nationale. Ce qui, disent-elles, va permettre d’établir un dialogue permanent entre acteurs de la riposte et les communautés menacées. «Dans une perspective post-covid, en Afrique, toute évaluation sérieuse portant sur les ressources mobilisables afin de répondre efficacement aux risques de catastrophes devra prendre encompte cette jeunesse engagée, compétente et innovante qui a démontré toutes ses potentialités face à cette pandémie de covid-19 », préconisent-elles.
Par ailleurs, il est indiqué que même si le financement n’a pas été un frein à la mobilisation de la jeunesse africaine, il convient de relever que la faiblesse des moyens a limité la couverture et l’envergure des actions. Ainsi, l’étude laisse entendre qu’une amélioration de l’accès des jeunes aux financements impacterait positivement sur leurs actions. «Dans cette optique, un donors-mapping permettrait de cartographier l’ensemble des bailleurs portés vers le financement de projets et programmes de jeunes. Cette cartographie permettrait aussi de familiariser les jeunes avec les prérequis et conditions d’accès aux financements », souligne le rapport. Qui en définitive estime qu’il est important que les jeunes soient mieux outillés en plaidoyer et réseautage pour renforcer les possibilités de collaboration avec les autres acteurs.