VIDEOFACE À L’HÉGÉMONIE DU MBALAKH, LE JAZZ NE CAPITULE PAS
Moustapha a connu l’âge d’or du jazz au Sénégal avec la floraison de groupes et de clubs actifs entre les années 70 et 80 voire 90. Mais il a aussi assisté, impuissant, à la décadence de ce genre musical, éclipsé par l’hégémonie du mbalakh
Guitariste et co-fondateur du Groupe afro jazz JAMM créé en 1987, Moustapha a connu l’âge d’or du jazz au Sénégal avec la floraison de groupes et de clubs actifs entre les années 70 et 80 voire 90. Mais il a aussi assisté, impuissant, à la décadence regrettable de ce genre musical, éclipsé par l’hégémonie du «mbalakh». Du coup, gagner confortablement sa vie avec le jazz au Sénégal est devenu un certain. Conséquence, de grands jazzmen sénégalais ont fait l’option de l’expatriation comme l’explique Moustapha Diop dans cet entretien accordé à AfricaGlobe. Aujourd'hui au Sénégal, son groupe fait partie de ceux qui tentent de faire vivre le jazz quelles que soient les embûches.
Le jazz n’a clairement pas la place qu’il mérite au Sénégal, malgré un passé très « jazzy » du Sénégal comme le rappellent maints connaisseurs. La plupart des musiciens jazz de talent ont dû quitter le Sénégal et évoluent depuis des années en Occident où ils jouent avec des artistes de classe mondiale, et où leur talent est reconnu à sa juste valeur. Comptant parmi les pionniers, mais malgré les difficultés il fait partie des rares groupes qui font de la résistance et refusent de capituler face à l’hégémonie du très populaire «mbalack».
D’ailleurs récemment, le groupe inaugurait un nouveau club jazz au resto de la Corne d’Or, à Ouakam. C’est en marge de cette rencontre qu’AfricaGlobe a interrogé Moustapha Diop qui donne sa lecture de la situation de cette musique au Sénégal, les maux dont elle souffre. Pour le guitariste de Jamm, les médias sont en partie responsables de la perte de vitesse du «mbalakh » parce qu’ils accordent peu ou pas de la place à cette musique dans leurs contenus.
Toutefois, si le jazz devait renaitre et retrouver son lustre d’antan, cela dépendrait en même temps de l’implication des médias. Leur contribution serait très déterminante. Mais en attendant, Moustapha Diop reconnaît que les musiciens jazz tirent le diable par la queue au Sénégal. Cependant, il considère que Jamm compte parmi les privilégiés parce qu’en dépit de la morosité que subit le jazz, des contrats tombent plus ou moins régulièrement même si ce n’est pas très consistant.
Dans cette interview ci-dessus Moustapha Diop nous rappelle l’âge d’or du jazz au Sénégal, de grands musiciens que le groupe Jamm a produit, et comment le groupe est passé d’ailleurs de l’afro au jazz avant de se définir comme un groupe d’afro jazz. Pour mémoire, Moustapha Diop fut aussi membre fondateur de Jiwu Mbañ, membre de du groupe Oasis (87-88). Il a joué notamment avec Moussa Ngom.