VIDEOCONQUÊTE SPATIALE, L’AFRIQUE ACTRICE OU SPECTATRICE ?
Si les grandes puissances et les nations émergentes ont transféré leurs rivalités géopolitiques et géostratégiques dans l’espace, l’Afrique a aussi le devoir de prendre sa place rien que pour des enjeux de développement, de gouvernance, de sécurité ....
Pour clôturer en beauté une nouvelle mission d’auscultation à Fatick pour la NASA, l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie a profité pour organiser une rencontre avec le public afin de permettre aux citoyens de poser différentes questions sur les phénomènes de l’espace, mais également pour intéresser les jeunes à l’astronomie. En marge de cette rencontre tenue à la place du Souvenir, à Dakar, AfricaGlobe a interrogé l’astronaute Maram Kaïré, le président de l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie (ASPA) sur les enjeux de l’exploration spatiale pour les États. Le chercheur explique surtout pourquoi l’investissement dans l’exploration spatiale est un devoir pour les États africains. L’espace ne doit pas être l’air de jeu des seules grandes puissances et nations émergentes qui ont très tôt compris les enjeux. Pour Kaïré, «il faut que l’État africains se lancent aussi et aient « une vision claire définie » par rapport à «un programme spatial».
C’est pour la troisième fois que l’agence spatiale américaine, la fameuse NASA (National Aeronautics and Space Administration) sollicite des scientifiques sénégalais pour une mission d’auscultation de la lune. A l’issue de cette campagne, l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie qui n’a pas organisé d’activité depuis deux ans, a profité pour organiser une rencontre de vulgarisation avec le grand public. Il s’agissait de permettre à chacun de poser des questions aux astronautes sur les phénomènes de l’espace.
Les enjeux de l’aventure spatiale sont si importants qu’aucun État, quel que soit son niveau de pauvreté ou de développement, ne devrait s’y soustraire. Tout État sérieux et ambitieux doit s’y mettre. Les grandes puissances et les nations émergentes ont transféré leurs rivalités géopolitiques et géostratégique dans l’espace. L’Afrique ne devrait pas rester une simple spectatrice de tout ce qui se passe au-dessus de nos têtes en toute indifférence.
Les États africains devraient prendre très au sérieux l’exploration spatiale en envoyant leurs propres satellites dans l’espace comme l’ont fait des pays comme l’Éthiopie, l’Égypte, le Rwanda, la Tunisie, le Nigeria, etc. Il faut que les dirigeants africains développent leur leadership dans les activités spatiales, en finançant notamment à travers la recherche. Évoquer la question de moyens ou de priorités dur terre pour reléguer l'aventure spatiale au second plan serait une erreur irrattrapable pour l'Afrique. C’est en tout cas le point de vue de Maram Kairé, astronaute et président de l’Association sénégalaise de la promotion de l’astronomie.
De l’avis de l’astronome sénégalais, il urgent d’aller dans l'espace parce que c’est un enjeu de développement, de gouvernance, de développement de la santé et même de sécurité dans un contexte de lutte contre le terrorisme. En attendant d’avoir l’ambition d’aller sur mars ou de visiter d’autres planètes du système solaire, l’Afrique peut plus facilement avoir des satellites orientés télécommunication, du télé-enseignement, de surveillance frontalière, agriculture intelligente, etc.
De ce point de vue, l'Afrique doit être plutôt actrice que spectatrice de l'aventure spatiale pour son développement en attendant de se donner des objectifs plus ambitieux comme les grandes puissances. Sauf qu'a ce jour moins de 15 pays sur les 54 du continent ont un satellite en circulation dans l'espace. Ce qui représenterait selon certaines sources 2%.