VIDEOLES INSTITUTIONS NE DOIVENT NE DOIVENT PAS ETRE DES JOUETS
Les institutions ne doivent pas être des instruments de traque des opposants aux mains des gouvernants. Elles doivent être fortes et indépendantes les unes des autres. Le Pacte de Bonne gouvernance nous en donne de bonnes et fortes - Mamadou Wane Mao
L’instabilité institutionnelle au Sénégal comme dans beaucoup de pays africains est devenue une situation lassante : des présidents qui tentent vaille que vaille de s’accrocher au pouvoir, qui utilisent des institutions pour liquider des adversaires politiques ou qui pensent pouvoir léguer le pouvoir à leurs progénitures. À ce tableau, on ajoutera la mal gouvernance endémique. Le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique a la solution à ce mal qui gangrène le Sénégal.
C’est dans un contexte d'affaissement des institutions qu’en 2009, les forces vives de la nation ont convoqué des Assises nationales dont les conclusions sont censées améliorer la gouvernance et approfondir la démocratie et l'Etat de droit au Sénégal. Mais une fois les conclusions rendues, le premier président qui devait les mettre en œuvre, le président Macky Sall, n’a pas daigné s’engager. Il est passé outre et ce en dépit de la création de la CNRI par ses soins et à laquelle il a confié la mission de travailler sur la réforme des institutions.
Cette année 2024, avant les élections, la société civile a remis en selle les conclusions des Assises nationales ainsi que les recommandations de la Commission nationale de la réforme des institutions (CNRI) qu'avait commandité le président Sall en question. La synthèse de ces deux substrats a donné le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique (PNBGD).
Signé par l’actuel président ainsi que 12 autres anciens candidats à la présidentielle 2024, la société civile est prête accompagner le nouveau régime pour qu’il applique cet outil de gouvernance qui n’est rien d’autre que l’organisation du vivre-ensemble dans la justice, l’équité et la consécration de la centralité du citoyen dans la gouvernance. Les turpitudes par lesquelles sont passé le pays avant les élections sont peut-être une raison suffisante pour que le pacte s'applique. L'observance du calendrier républicain ne devrait pas être source de tension puisque le Sénégal a longtemps voté avant d'accéder à la souveraineté nationale et internationale.
En effet, l'histoire des élections au Sénégal est vieille et remonte aux années 1800. Très précisément, dès 1848, Saint-Louis et Gorée votaient déjà. Un droit qui sera plus tard étendu à Dakar et à Rufisque (1871). Ce sont les fameuses quatre communes de la période coloniale. Ce n'est qu'en 1946 que le droit de vote sera étendu à l'ensemble du pays.
Les habitants de ces quatre villes à statut particulier citées plus haut, qui ont acquis la citoyenneté française, avaient théoriquement les mêmes droits que les Français de la métropole. Même la loi sur la liberté de la presse s'appliquait de facto dans ces communes et pas dans le reste du Sénégal d'alors.
Les élections sont donc très largement antérieures à la période des indépendances des anciennes colonies françaises.
Au regard de cette histoire très vieille des élections, on aurait pu espérer que plus de 60 ans après les indépendances, les scrutins puissent se tenir de manière naturelle, sereine et conformément au calendrier républicain sans qu'on ait à à forcer la main à un président qui hésite ou qui a peut-être d'autres visées inavouées.
Mieux, on aurait pu aussi s’attendre à ce que le nombre de mandats ou leur durée ne soient pas non plus des questions sur lesquelles il faut revenir ou s'y attarder. Enfin, on aurait plutôt vivement voulu que le Sénégal passe l'étape d'une démocratie procédurière, formelle et amorcer son développement en toute sérénité. Puisque les belles promesses du discours de la Baule (démocratie,
système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure... visait un certain développement.
Seulement, entre les aspirations et la réalité, l’écart est loin d’être ténu. D'ailleurs, d'aucuns disent, fort à propos et à juste titre que, la démocratie n'est jamais définitivement acquise, mais est toujours en construction, nécessitant des remises en cause.
L'actualité récente qui a conduit à la dernière alternance que bien des analystes et des témoins de l'histoire politique du Sénégal, considèrent comme une révolution est éloquente de ce point de vue.
Aussi, Outre-Atlantique, l'élection de Joe Biden contestée par des Républicains en tête desquels le téméraire Donald Trump, en est une autre illustration. En France, le recours abusif par le gouvernement d'Emmanuel Macron en France du 49.3 comme mode de gouvernance a aussi interpellé les consciences.
Au Sénégal, la société civile, l'une des plus fortes du continent qui a été de tous les combats démocratiques, et qui avait contribué à faire capoter peut-être un certain projet de dévolution monarchique du pouvoir est toujours debout. Et il semble qu'elle va redoubler de vigilance sous le nouveau régime surtout en rapport avec le Pacte de Bonne gouvernance.
Cette année encore face un président qui tente de reporter une élection sans arguments recevables, elle s'est fait entendre. Puisque quand le pays val mal, elle est toujours le catalyseur autour duquel se joignent les forces politiques autres forces vives de la nation.