1031 PERSONNES ACCROS DONT 70 FEMMES TRAITEES À L’HÔPITAL FANN
La consommation de drogues dans le monde prend des proportions inquiétantes, a annoncé Pierre Lapaque, représentant régional de l’office contre les drogues et les crimes (Onudc)
La consommation de drogues dans le monde prend des proportions inquiétantes, a annoncé Pierre Lapaque, représentant régional de l’office contre les drogues et les crimes (Onudc), hier, lors de la présentation du rapport mondial sur les drogues 2018.
Les saisies ne reflètent pas réellement la réalité des chiffres dans une région. Le manque de fiabilité des chiffres pousse le représentant régional de l’Office contre les drogues et les crimes (Onudc) en Afrique de l’Ouest et du Centre, Pierre Lapaque, à jouer la carte de la prudence et à ne donc pas s’étendre sur les considérations spécifiques. Ce dernier, qui dit ne pas détenir des chiffres exacts, a par contre révélé que «1031 personnes, dont 70 femmes, se consultent régulièrement au Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (Cepiad), toutes nationalités confondues, y compris des Sénégalais».
Lors de son face à face avec la presse, Pierre Lapaque a aussi mis l’accent sur la nouvelle tendance, à savoir l’usage non médical de médicaments sur ordonnance. «L’usage non médical de médicaments sur ordonnance devient une menace majeure pour la santé publique et l’application de la loi dans le monde entier», a-t-il constaté, non sans préciser : «la crise des opioïdes, l’abus de médicaments sur ordonnance s’étend, et la cocaïne et l’opium atteignent des records». D’après le rapport, publié hier par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Onudc), pour la plupart des troubles liés à l’usage de drogues et à la cause des décès, ce sont les opioïdes qui causent le plus de dommages et représentent 76% des décès. «La saisie mondiale d’opioïdes pharmaceutiques en 2016 était de 87 tonnes, soit à peu près la même quantité que celle d’héroïne saisie cette année-là. Les saisies d’opioïdes pharmaceutiques, principalement le tramadol en Afrique de l’Ouest et du Centre, et l’Afrique du Nord, représentaient 87% du total mondial saisi en 2016», selon le rapport mondial des drogues 2018. Aussi ressort-il dudit rapport que «les conclusions de cette année montrent que les marchés de la drogue se développent, la production de cocaïne et d’opium atteignent des records absolus, présentant de multiples défis sur plusieurs fronts».
Le rapport établit également que «la majorité des personnes qui consomment des drogues sont des hommes, mais les femmes ont des habitudes d’usage de drogues spécifiques». Ces dernières, selon M. Lapaque, «commencent à consommer des substances plus tardivement que les hommes mais elles ont tendance à augmenter leur consommation d’alcool, de cannabis, de cocaïne et d’opioïdes plus rapidement que les hommes, et à développer rapidement des troubles liés à la consommation de drogues». Il informe dans le même ordre d’idées, que pour pallier ce manquement, le gouvernement, en collaboration avec la Cedeao, a créé des certificats d’addictologie. D’où la sortie dans quelques années de médecins addictologues au Sénégal et dans la sous-région, formés en Afrique. Toutefois, il tient à souligner que les drogués ne doivent pas être incarcérés parce qu’étant des gens en mal être.
RECOMMANDATIONS
Lors de la présentation du rapport mondial des drogues 2018, Pierre Lapaque a relevé un manque criant de données pour pouvoir inverser la tendance face à la propension de la drogue dans le monde. «Il est impératif que l’on sache d’où cela vient, où cela passe, qui est touché, comment, pourquoi et comment traiter, parce que l’on ne peut traiter qu’à partir du moment où on sait ce dont on parle. Nous avons besoin des données aussi bien en matière d’offres que de demandes. C‘est une question fondamentale à laquelle les pays devraient s’investir de plus en plus» a-t-il confié. En outre, M. Lapaque a insisté pour que beaucoup d’efforts soient consentis au niveau de la Justice. Car, fait-il remarquer, le «drogué que l’on met en prison, quand il ressortira quelques mois plus tard, aura franchi un pas en rencontrant des criminels. Ce qui ne règlera pas le problème».