«ALY NGOUILLE NDIAYE A BENEFICIE DE NOS PROJETS ACCOMPAGNES PAR LEAD AFRIQUE»
FADEL BARRO, COORDONNATEUR DE «Y EN A MARRE»

Le Collectif de la Société Civile, mis en place suite au retrait de l’agrément de l’Etat du Sénégal à Lead Afrique Francophone, a fait face à la presse, hier, pour demander aux autorités d’arrêter toute forme d’intimidation et toute tentative de musèlement de la Société Civile. A cette occasion, les conférenciers ont indiqué que de bonnes volontés sont en train de jouer la médiation entre les différentes parties. Mais selon Fadel Barro du mouvement «Y en a marre» a soutenu que le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a lui-même bénéficié de ces financements de «Y en a marre» en tant que maire de Linguère.
A la question de savoir si «Y en a marre» a reçu de l’argent de l’Ong Lead Afrique Francophone, Fadel Barro a indiqué hier que le gouvernement veut entretenir un flou en faisant croire que l’association «Y en a marre» serait irrégulière et ne serait pas en droit de recevoir de la subvention pour mener ces activités. «La loi sénégalaise autorise toutes les associations à recevoir des subventions pour dérouler leurs activités. D’ailleurs, Pourquoi «Y en a marre et Lead Afrique aujourd’hui ? Nous ne sommes pas les seules associations au Sénégal. L’Etat du Sénégal même subventionne des associations par le biais de ses ministères. Beaucoup de fonds sont destinés aux associations qui viennent concourir auprès des ministères pour en bénéficier», s’est défendu le coordonnateur du groupe de contestation pacifique.
Toujours selon Fadel Barro, le gouvernement entretient, aux yeux de l’opinion, le flou comme quoi «Y en a marre» aurait reçu 350 millions FCFA. «Ce n’est pas vrai ; ce n’est qu’une vue de l’esprit. C’est vrai que nous avons reçu des financements dans le cadre de l’Université populaire de l’engagement citoyen. Nous avons reçu également d’autres financements comme dans le projet «Mboka» et «Sunu Gox» qui a permis de financer 20 autres associations pour maintenir le cadre de vie à travers des reboisements et autres réhabilitations d’espaces délaissés. Au lieu de parler de cela, ils parlent de financements qui, en réalité, datent de 2013 et 2014 notamment «Dox Ak Sa Gox» et «Wax Ak sa Maire »», a t-il déclaré. D’ailleurs, Fadel Barro estime que l’actuel ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye a bénéficié des réseaux de Y en a marre. «En tant que maire de Linguère, il a bénéficié du projet «Dox Ak sa Gox» financé par Oxfam et Osiwa sous l’accompagnement technique de Lead Afrique Francophone. On a bouclé ce projet avec Aly Ngouille Ndiaye à Linguère.» Tout compte fait, il affirme que «Y en a marre» n’a pas reçu de l’argent qu’il a mis dans ses proches. «Les subventions que nous avons reçues sont dans le cadre de projet articulé et pensé dans le cadre d’un nouveau type de Sénégalais. L’argent agité ça et là n’est qu’une vue de l’esprit. Les financements dont ils parlent sont réguliers», affirme Fadel Barro qui, malgré tout, ne manque de s’interroger sur le fait que «Y en a marre» n’a pas été convoqué. «S’ils nous convoquent, nous allons répondre. Nous n’avons rien à nous reprocher. Et nous continuons de faire notre travail», dit-il.
MEDIATION DE BONNES VOLONTES
Composé d’une quinzaine d’organisations et conduit par «Y en a marre» et «Lead Afrique francophone», le Collectif de la société civile a battu en brèche l’existence de financements irréguliers en faveur du mouvement «Y en a marre» qui, par ailleurs, n’est pas reconnu d’utilité publique par l’Etat du Sénégal. Face à la presse, le coordonnateur de la Raddho et porte-parole du jour a informé qu’une médiation a été entreprise par des bonnes volontés qui veulent l’annulation de l’arrêté retirant l’agrément décerné à Enda Lead Afrique Francophone par le gouvernement. De ce fait, Sadikh Niasse soutient qu’ils vont sursoir à leur plan d’action le temps d’y voir plus clair. Même si l’agrément est restitué, affirme-t-il, la société civile va continuer à développer des stratégies pour défendre l’espace civique au Sénégal. Prenant la parole, le coordonnateur de «Y en a marre» a soutenu qu’ils vont répondre avec fermeté à toute tentative de restriction de l’espace civique et de musèlement de la société civile. Fadel Barro demeure convaincu que c’est leur campagne «Parel» destinée à sensibiliser les jeunes à aller retirer leurs cartes d’électeur et à aller voter qui est visée. «Nous laisserons le temps à la médiation. Mais cela ne veut pas dire que nous baisserons la garde. Leurs actes ne nous ébranlent pas. Nous avons existé et nous continuerons d’exister. Notre légitimité ne dépend pas de la volonté de qui que ce soit. Cela dépend de la volonté du peuple sénégalais, de la liberté d’association. Et nous sommes en droit», a soutenu Fadel Barro.
MOUSSA MBAYE GUEYE, DIRECTEUR ENDA LEAD FRANCOPHONE : «Nous n’avons jamais financé Y en a marre…»
«Nous avons joué le rôle de tuteur avec Y en a marre et nous les accompagnons dans leur projet. Toutes les actions que nous avons entreprises allaient dans le sens républicain pour la construction de ce pays. Le choix de «Y en a marre» se justifie par le fait que nous avons pris l’option de travailler avec la jeunesse qui représente la dynamique de ce pays. (…) Je suis ouvert pour la médiation si tant est qu’elle nous permet de retrouver l’agrément de l’Etat mais aussi à l’avenir de créer les conditions pour que chaque décision prise soit éclairée et avisée. Parce que sur ce cas, ils ne nous ont même pas donné la possibilité de répondre aux accusations auxquelles on a été confrontées. (…) Il faut lever une équivoque. Nous ne finançons pas «Y en a marre». Nous entreprenons des activités qui aujourd’hui sont programmées avec «Y en a marre». Quand on parle du projet «Dox Ak Sa Gox», c’est permettre aux citoyens d’être impliqués dans la gestion de sa localité. Quand on parle du projet «Wax Ak Sa Maire», c’est créer les conditions et cet espace de dialogue entre les autorités administratives et les représentants des populations. «Wax Ak Sa Député» entre aussi dans ce cadre. Je pense qu’il est important de préciser que nous n’avons jamais financé «Y en a marre». Nous accompagnons le mouvement dans l’exécution de programmes d’activités dédiées à la citoyenneté et tout ce qui est implication des jeunes et des populations dans la gestion des collectivités locales et de notre pays.»