AMINATA TOURE DEMANDE AUX JEUNES DE RESTER
«Il ne faut pas quitter l’Afrique où tout le monde veut venir»
Les investisseurs étrangers ont envahi le continent africain pour y mener leurs activités économiques. Et c’est un phénomène qui va aller crescendo. Malgré cela, les jeunes Africains quittent par vagues leurs pays pour rejoindre l’occident à la recherche de l’Eldorado. Pour l’ex-Premier ministre Aminata Touré qui inaugurait «Les Vendredis de Sup de Co pour 2018», les jeunes ont tort, car l’avenir se trouve en Afrique.
L’Afrique dispose d’énormes ressources économiques, naturelles et humaines. Mais, sa jeunesse rêve toujours de rejoindre l’Europe ou l’Amérique. Au même moment, on assiste à la ruée des investisseurs européens ou américains vers le continent noir. «Il ne faut pas quitter l’Afrique où tout le monde veut venir», a conseillé hier Aminata Touré qui animait la rencontre inaugurale des «Vendredis de Sup de Co» dont le thème est : «La traite des êtres humains, l’immigration et les droits de l’hommes». Pour l’ex-Premier ministre, l’Afrique va devenir dans trois ans le centre de toutes les attentions. Parmi les raisons qui doivent pousser les jeunes Africains à rester dans le continent, Aminata Touré qui a travaillé au département Droits humains du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) souligne qu’il n’y a presque plus rien à construire en Europe et en Amérique. «C’est seulement en Afrique que des constructions se sont font. Il n’y a plus de rails à construire, encore moins de routes ou d’universités à réaliser. Le potentiel immense du continent africain fait courir les investisseurs chez nous», indique l’ancienne ministre de la Justice avant de citer l’exemple des Portugais qui migrent vers l’Angola. «Il n’est pas pensable que les Africains quittent leurs pays pour ailleurs», lancet-elle devant les étudiants de Sup de Co. A l’en croire, de nombreux jeunes cadres africains ayant fait des études supérieures hors du continent ont choisi de revenir dans leurs pays d’origine. C’est le cas de nombreux Sénégalais, mais aussi de Nigérians.
ABABACAR SEDIKH SY : «RIEN N’EST URGENT POUR NOS DIRIGEANTS»
Pour inciter davantage les jeunes africains à rester au pays, Aminata Touré rappelle une citation des Anglo-saxons, qui estime que l’Afrique est la dernière frontière économique. «Le continent africain est devenu une destination privilé- giée des capitaux devant des pays en développement ou déjà prospères comme le Brésil, la Chine et l’Inde», dit-elle. Pour le Président-directeur général (Pdg) de Sup de Co, les causes de la sortie massive des jeunes africains s’explique la lenteur d’exécution des politiques publiques. «Rien n’est urgent dans nos pays. Pour construire des hôpitaux, il nous faut plusieurs années», explique Ababacar Sédikh Sy. Revenant à la charge, Aminata Touré indique que «la plupart des informations ne correspondent pas à la réalité. Les Africains ne constituent qu’une petite partie des émigrés installés en Europe», souligne Aminata Touré. Dans un autre domaine, elle estime que seul le tiers des migrants subsahariens ont fait des études supérieures. «Le phénomène des migrants analphabètes est dépassé. Il n’y a pas d’invasion d’Africains en Europe, ils sont de loin les moins nombreux dans le vieux continent», dit l’ex-Premier ministre. S’agissant de la traite des êtres humains, Mimi Touré est revenue sur le problème de la Lybie qu’elle considère comme un piège
AMINATA TOURÉ SUR LE F CFA - «Il ne faut pas passer d’une monnaie à une autre»
En marge de la conférence qu’elle animait, Aminata Touré est revenue sur la polémique autour du franc CFA. Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour demander le changement de monnaie, Aminata Touré pense que le franc CFA doit faire l’objet de discussions sérieuses et sereines. «Nous avons une monnaie qui a des avantages avec le taux de change par rapport à l’Euro. Elle a également un parapluie qui a un coût», explique l’ex-chef du Gouvernement qui trouve que le franc CFA a aussi des garanties de stabilité financière. Cependant, elle préconise d’aller vers des renégociations afin de revoir le taux à la baisse. «On doit mener le débat sérieusement. Il nous faut une ouverture d’esprit, car on peut avoir la plus forte monnaie au monde, mais si on n’a pas de bonnes politiques publiques on ne fera qu’échouer», alerte Mimi Touré.