LE CARREFOUR DES DELINQUANTS
Jadis réputée pour son calme, la Cité Ainoumady-extension est devenue un terreau fertile de la délinquance à cause d’une gare routière de fortune
Jadis réputée pour son calme, la Cité Ainoumady-extension est devenue un terreau fertile de la délinquance à cause d’une gare routière de fortune. Agressions incessantes, trafic de chanvre indien, alcool, les populations de ce quartier de Keur Massar apprennent à vivre avec ce «virus» de l’insécurité, la peur au ventre.
La maladie de la Covid-19 qui sévit dans le pays n’épargne pas les populations de Keur Massar et surtout celles de la Cité Aïnoumady où sont situés le grand marché de la commune, des centres commerciaux et un marché noir de téléphones portables. Ce qui fait ainsi de cette cité, jadis enviée pour son calme et la sécurité qu’elle procurait, une poudrière sanitaire.
Outre la psychose de la propagation de la Covid-19, les populations sont confrontées aux nombreuses nuisances provoquées par la gare routière de fortune de l’arrêt de la Cité Aïnoumady-extension. En effet cette gare qui devait, à la base, être provisoire (le temps pour les autorités de trouver une planque pour les minicars), est devenue depuis deux ans le repaire des délinquants à Keur Massar. Ce, au grand dam des populations de la Cité-extension et du quartier de Médina Kell. Ces dernières regardent tous les jours, sans pouvoir rien y faire, de jeunes délinquants envahir les portes de leurs maisons, ivres morts, guettant la moindre occasion pour chiper les portefeuilles, les sacs et portables des passants. Le tout dans un décor où la fumée du yamba «enivre» les occupants des maisons environnantes. Une situation qui vient s’ajouter aux nombreuses provocations, insultes et intimidations. Qui plus est, il y a le vacarme des minicars qui tympanisent les riverains. En outre, à partir de 19h, la gare devient un véritable marché où les vendeurs de chanvre indien rivalisent d’ardeur et de subterfuges pour écouler leurs produits. «Quelqu’un m’a dit qu’il y a même une bataille que se livrent les vendeurs pour gagner ce marché de chanvre indien», confesse un jeune.
L’IMPUISSANCE DU MAIRE MOUSTAPHA MBENGUE
Et il ne se passe presque pas un jour sans que quelqu’un ne soit agressé. Sous le regard médusé des habitants atteints de fatalisme et qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. En effet, interpellé, le maire de Keur Massar Moustapha Mbengue a fait étalage de toute son impuissance et de son incapacité à trouver des solutions à ce problème.
l’édile de la localité, Keur Massar n’a plus d’espace et il n’a pas pour le moment de solutions pour loger ces minicars. À l’en croire, la seule alternative est de déclasser une partie de la forêt classée de Mbao pour y ériger une grande gare routière qui pourra accueillir tous les transporteurs. En attendant, les habitants de cette localité «consomment» les délits de ces jeunes. Les descentes sporadiques de la gendarmerie ne sont manifestement qu’un coup d’épée dans l’eau puisque ces délinquants continuent quotidiennement de commettre leurs forfaits. « Nous avons écrit des correspondances au maire, au commandant de la gendarmerie de Keur Massar, au commissaire de Jaxaay, au préfet pour leur expliquer la situation qui prévaut actuellement dans cette gare », soutient le coordonnateur du conseil de quartier de la Cité Extension Babacar Sow, visiblement dépité par la situation. Le ton empreint de colère, il ajoute : «Ce que nous subissons actuellement est très difficile.
Et ce qui me révolte le plus, ce sont les jeux de cartes faits au vu et au su de tout le monde devant nos portes, avec son lot d’incidents er de conséquences pour le quartier.» M. Sow signale aussi l’indifférence des autorités contactées qui n’ont eu aucune réaction pour déloger les occupants de la gare routière. Aucune des correspondances envoyées n’a obtenu de réponse. «Nous sommes laissés à nous-mêmes et souvent le quartier frôle le pire, parce que les jeunes du quartier, mécontents de cette situation, ne pensent qu’à en découdre avec ces délinquants», regrette le jeune coordonnateur du quartier qui souligne que ce sont les sages du quartier qui les dissuadent de cette intention.
Par ailleurs, il rappelle aussi que le maire a fui toutes ses responsabilités face à cette situation. «Il nous a dit clairement qu’il n’avait pas de solution à ce fléau, parce que tous les quartiers de Keur Massar vivent la même situation et que nous n’avons qu’à prendre notre mal en patience», se désole Babacar Sow. En tout cas, les autorités sont averties, car cette gare est une bombe qui peut à tout moment exploser.