ARRÊT DES TRAVAUX DU PÔLE DAGGA-KHOLPA: LES DÉTAILS D’UNE MESURE
Durant la phase de lotissement, la société "Qualité Végétale Sénégal" ainsi que les résidents locaux ont exprimé leur opposition à la mise en œuvre du projet.
Les travaux du programme de 100 mille logements, initié par le régime du Président Macky Sall dans la commune de Diass, au niveau des villages de Dagga-Kholpa, connaissent un coup d’arrêt.
Au Pôle Dagga-Kholpa, cœur du programme de 100 mille logements, situé dans la commune de Diass, l’arrêt des travaux est déjà effectif. Pour traduire cet arrêté en actes, le chef de la Division de l’urbanisme de Thiès a adressé à M. Tidiane Diawara, représentant de la Sci Nouvelle Ville, une note dans ce sens, pour lui demander l’arrêt du programme de 100 mille logements, situé dans la commune de Diass. Selon le document signé par Jules Bernard Cabo, le chef de Division régionale de l’urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, il a demandé l’arrêt des activités sur instruction du Gouverneur de la région de Thiès, qui a été saisi de l’affaire également. «Par arrêté n°024204 du 4 juillet 2023, le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique vous avait autorisé, sous réserve du droit des tiers, votre projet de lotissement situé dans la zone de Diass. A cet effet, au cours de l’exécution des travaux de lotissement, la Société dénommée «Qualité végétale Sénégal» ainsi que les populations exploitant dans la zone se sont opposées à la réalisation de votre projet. M. le Gouverneur, saisi de l’affaire, également informé des agissements notés et des menaces de troubles à l’ordre public, m’a instruit de vous faire part de sa décision pour un arrêt immédiat des travaux en cours. En attendant d’apporter des solutions au règlement du conflit, M. le Gouverneur attache du prix au respect de la présente décision», précise la note.
Dès l’annonce de cette nouvelle, le Collectif pour la défense des intérêts des villages impactés par le Pôle urbain Daga-Kholpa a sorti lui aussi un communiqué pour se féliciter des mesures prises par les autorités en vue de la suspension provisoire des procédures domaniales et foncières dans certaines zones du pays, particulièrement dans le Pôle urbain Daga-Kholpa dont la mise en œuvre a rencontré, durant trois longues années, la résistance, voire l’hostilité manifestée de la communauté.
D’ailleurs, le collectif «salue cette étape importante vers une plus grande transparence de ce projet aux lourdes conséquences sur les conditions de vie économiques et socio-culturelles de la population de Diass en général et des villages impactés en particulier. Le Collectif Pudk encourage les autorités à évaluer le Pôle urbain Daga-Kholpa qui n’est rien d’autre qu’un partage des terres des populations autochtones au profit d’une élite et d’une minorité nantie».
Le Cpudk exige le retrait des baux et la restitution des terres
Toutefois, le collectif, qui regrette ce «carnage foncier», invite les nouvelles autorités à poser des actes forts. «Tous les baux octroyés devront être retirés et restitués à la communauté spoliée pour faire revenir la sérénité. Le Collectif Pudk reste toujours ouvert à toute initiative des autorités tendant à prendre en charge les préoccupations des populations des villages impactés en particulier et de la commune de Diass de façon générale», souligne le communiqué.
Le projet de mise en place du Pôle urbain de Daga-Kholpa a, depuis trois ans, toujours rencontré la résistance de la part de certains villageois rassemblés au sein d’un collectif pour la défense de leurs intérêts. Ces derniers demandaient une plus grande implication et une prise en compte de leurs préoccupations par les initiateurs du projet du pôle.
Depuis l’annonce en grande pompe du démarrage des travaux du Pôle urbain Dagga-Kholpa par le Directeur général de la Société d’aménagement foncier et de rénovation urbaine (Safru/Sa), ce dernier s’est heurté à la résistance des populations impactées par ce projet. «Les populations des villages impactés, jusque-là ignorées, ne sauraient accepter, sans garanties préalables, un projet aux conséquences incertaines sur les conditions de vie économiques et socio-culturelles de la communauté. Par conséquent, le collectif et l’ensemble des mouvements et associations de la commune de Diass rejettent, à l’unanimité, ledit projet, au vu de ses impacts négatifs», a déclaré le porte-parole du collectif.
Malgré tout, les autorités en charge de ce pôle urbain ont toujours fait la sourde oreille. Les populations ont toujours demandé de plus amples informations sur le projet ainsi que sur ses probables impacts dans la commune, en vue d’une correction rapide et nécessaire, mais n’ont jamais obtenu un écho favorable.
Ainsi, à ce jour, aucun tracé réel de délimitation du pôle n’est précisé. En sus, il n’y a, à vrai dire, aucune information et aucune visibilité sur ce projet aux allures d’une spoliation foncière. «Nous ignorons les tenants et les aboutissants de ce pôle qui a été fait sans nous et, donc, contre nous. L’absence de démarche participative dans la conception et la mise en œuvre de ce projet motive les plaintes régulières et la réticence de la part des populations. La résistance, voire l’hostilité manifestée par les populations, a occasionné, à plusieurs reprises, l’arrêt des travaux dans la zone», regrette ce membre du collectif.
Le pôle a pour vocation le décongestionnement de Dakar, à travers la mobilisation et le développement intégré de plusieurs milliers d’hectares de terrains à travers le pays. Et le coût du plan d’aménagement de cette zone de 400 ha est estimé à 37 milliards de francs Cfa.