BAMBA PARTOUT !
Affluence à Touba
Les mourides ont célébré hier, dans la ferveur, le Magal de Touba.
Cheikh Ahmadou Bamba mérite tous les sacrifices. Même la dureté des conditions d’accès à la Grande mosquée n’altère pas l‘enthousiasme de l’armée de fidèles. Ils sont là en quête de la bénédiction du Cheikh. C’est une course aux mausolées, symboles du miracle de Bamba. Dans les rangs, tous les âges se confondent. Et les personnes âgées slaloment entre les mouvements désordonnés de la foule.
En cette matinée du mardi, un vent frisquet souffle sur la capitale du mouridisme. Dans leurs tenues bariolées, des Baye Fall entonnent «Dieuredieuf Serigne Touba» sous le regard de Forces de défense et de sécurité qui fouillent minutieusement les fidèles. Ceux qui ont la chance de toucher le mausolée de Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, fils ainé et premier Khalife de Bamba, caressent le rêve suprême. Depuis 122 éditions, c’est le même rituel.
Natif de Kébémer, Aly Fall, ne peut plus retenir ses larmes : «Je suis émerveillé. Ce lieu symbolise la victoire de Cheikh Ahmadou Bamba sur l’ennemi, le colon.»
Prestement, les fidèles vident leurs poches, sortent une pièce d’argent, un billet. Ou un xassaide. Espérant la bénédiction du Cheikh. «Serigne Touba n’a pas d’égal dans ce monde. Ce serviteur du Prophète Mahomed (Psl) nous a ouvert le chemin de la lumière. Qui ne suit pas sa voix marche inexorablement vers l’obscurité», avance Ndongo Diaw, dans les couloirs de la grande mosquée.
Dehors, c’est le même constat : les rues sont remplies de personnes. Sur la voie qui relie le portail de la mosquée à Dianatou Makhwa, les appels incessants des vendeurs se noient dans les sons des xassaides amplifiés par les haut-parleurs dressés presque partout dans les ruelles de la ville.
Les affiches à l’effigie de Bamba décorent aussi la ville. Alors que les véhicules tentent désespérément de se frayer un chemin au milieu des piétons. Dans la foule, de petites bousculades sont parfois notées. «Attention au drame de Mina», vocifère un fidèle mouride qui tente de sortir de l’étreinte. Depuis 122 ans, l’évènement n’a pas connu une ride.
HISTOIRE DE LA CAPITALE DU MOURIDISME
Touba portée tout haut par Bamba
L’adoration de Dieu est la raison principale de la fondation de la ville de Touba en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Cette ville, située dans la région de Diourbel et à 194 km à l’Est de Dakar, est l’aboutissement d’un périple de Bamba, qui a duré de 1883 à 1886 entre Mbacké Cayor, Mbacké Baol et Darou Salam. En effet, les déplacements du Cheikh étaient motivés par une volonté de fuir les foules pour se consacrer uniquement à l’adoration de Dieu et être au service du Prophète Mohamed (Psl).
En marge d’une exposition qu’elle a organisée pour les besoins du Magal, l’association Hizbut tarkqiyyah, qui fait des études et des recherches sur le mouridisme, affiche les nombreuses facettes de la ville sainte. Selon les mourides, Touba est une récompense divine à Cheikh Bamba pour sa ferveur et sa détermination. Dans un de ses xassaides intitulé Matlaboul Fawzeyni, (la quête du bonheur dans les deux mondes), Cheikh Ahmadou Bamba déclare : «Je rends grâce à Dieu de m’avoir conduit vers un lieu ou il a annihilé mes obstacles.»
Aujourd’hui, Touba est devenue un centre urbain dont l’extension est à la hauteur de sa croissance démographique. S’appuyant sur des statistiques, Hizbut tarkqiyyah soutient que le taux de croissance de la population est de 15%. Par conséquent, la ville, qui est présentement la deuxième du Sénégal, concentre plus d’un million d’habitants.
Cependant, l’affluence que connaît la cité du mouridisme n’est guère fortuite. Loin de là. Serigne Bamba l’avait sollicitée auprès de son Créateur. «Fais de ma demeure la cité bénite de Touba, un sanctuaire, une cité de droiture, une source de connaissance et un pôle de l’agrément de Dieu», prêchait Khadim Rassoul dans Matlaboul Fawzeyni. Et son vœu a été exaucé...