BRANLE-BAS DE COMBAT AVANT LA TABASKI
Dix jours avant la Tabsaki, tout le monde est à la recherche d'un mouton à Dakar où la demande est estimée à 260 000 têtes
Plus qu'une dizaine de jours avant la Tabaski, le nom donné à l'Aïd el-Kébir en Afrique de l'Ouest. Tout le monde est à la recherche d'un ou plusieurs moutons à sacrifier. Rien que dans la capitale sénégalaise, la demande est estimée à 260 000 têtes. Comme chaque année, la ville est donc devenue un immense point de vente.
Beaucoup des moutons vendus avant la Tabaski ont été élevés dans la cour de maison ou sur le toit d'un immeuble. Mais pour compléter cette offre dakaroise, des milliers d'autres bêtes sont ramenées chaque année de l'intérieur du pays, mais aussi du Mali ou de la Mauritanie.
Sur le trottoir d'une rue passante de la capitale sénégalaise, un groupe d'adolescents discute, tout en gardant un œil sur plusieurs dizaines de moutons mis en vente par les habitants de leur quartier. Ici, les prix varient entre 150 et 350 000 francs CFA par tête.
Et le marché donne lieu à toutes sortes de spéculations. « Parfois, ici, ils achètent un mouton à 110 000 francs CFA. Ils le gardent à la maison, le nourrissent pendant quelques mois, puis lorsque la fête est très proche, ils le revendent en doublant souvent le prix », explique Cheikh Loum, un étudiant chargé de la surveillance du cheptel de son père.
« Save Dakar » regrette l'occupation de l'espace public
Des milliers de moutons sont actuellement exposés dans les rues de la capitale. Ce qui ne va pas sans certains désagréments. Dans le quartier de Soumbedioune, des dizaines de béliers ont ainsi été regroupés sur un terre-plein central réservé habituellement aux piétons.
Mandione Laye Kébé, de la campagne digitale « Save Dakar », dénonce les comportements à l'origine de la dégradation de la capitale sénégalaise. Pour lui, la vente des moutons destinés à la Tabaski ne devrait pas avoir lieu à chaque coin de rue.
« Normalement, ici, c’est pour les piétons, mais les vendeurs de moutons l’ont transformé en marché », observe-t-il. « Ils mettent en danger la population, marchent dans la rue et occupent l’espace réservé pour les piétons… C’est dommage. »
Mais pour l'heure, la préoccupation des Dakarois n'est pas l'état de leur ville ou l'aménagement des points de vente, mais bien de trouver un mouton avant le jour de la Tabaski.