AU ROYAUME DE LA CBAO, LES EXPATRIÉS SONT ROIS
Salaires, primes, logement, eau-électricité-téléphone-gaz, billets d'avion, restaurant, mouchoirs, assiettes, savon, lave-main... Sept directeurs coûtent à la banque 2 milliards de francs par an
Les travailleurs de la Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest (CBAO) ruent dans les brancards depuis qu’ils ont découvert que les charges supportées par leur banque au profit des expatriés (7 directeurs, Ndlr) s’élèvent à plus de 2 milliards par an. Un véritable scandale de l'avis des syndicalistes.
Les travailleurs de la CBAO ont fait le service minimum hier, mardi 1er mars. Ils se disent choqués par la découverte des charges jugées exorbitantes supportées par la banque au profit de ses tarvailleurs expatriés. Depuis la découverte de ce document dont L’AS détient une copie, les responsables syndicaux et les travailleurs sont sur le pied de guerre.
En effet, la CBAO décaisse annuellement 2,202 milliards de francs Cfa pour ses expatriés, notamment les sept directeurs. Une somme qui grève le budget de l'institution financière et crève les yeux des travailleurs nationaux. Selon les syndicalistes, ces coûts étouffent le Produit intérieur brut (PNB) de la banque. Dans le détail, il est indiqué que la CBAO débourse annuellement 200 millions pour l’installation, le matériel et le mobilier de son directeur général. Elle décaisse 55 millions pour le directeur général adjoint, 18 millions pour le directeur "Marchés et entreprises", 20 millions pour le directeur "Crédits et risques", 15 millions pour le directeur "Crédits Conso", 12 millions pour le directeur pôle "Détail" et 15 millions pour le directeur "Activités de marché". Trois cent trente-cinq millions par an, en tout.
À cela s’ajoutent leurs loyers qui sont également pris en charge par la banque. À l’exception du directeur général dont le montant du loyer ne figure pas dans le document, les montants alloués aux DG sont révélés. Ils vont de 15 millions à 25 millions. Ainsi, le chiffre des charges immobilières annuelles pour ces sept directeurs est évalué à 453 millions au moins.
Les charges sociales réparties en trois rubriques rendent encore plus salée l’ardoise. En effet, les salaires annuels des expatriés sont estimés à 400 millions, les primes annuelles à 100 millions et les primes de scolarité à 10 millions. Ces trois rubriques reviennent à 510 millions par an à la Cbao, compte non tenu d’autres dépenses pour mettre les directeurs dans d’excellentes conditions.
Les frais d’électricité, d’eau, de gaz, de carburant et de téléphone pour les mêmes cadres de la banque sont estimés annuellement à 110 millions. Les billets d’avion des familles des expatriés sont à 100 millions. Leur restauration (petit-déjeuner et déjeuner) dans des restaurants de luxe de Dakar coûtent 15 millions à la banque par an.
La CBAO paie les assiettes, les mouchoirs, les serviettes, le savon...
Mais ce qui choque un des syndicalistes qui s’est entretenu avec L’AS, ce sont les frais des divers. Ainsi l’achat d’assiettes pour maisons, mouchoirs, serviettes, savons, lave-main, etc., coûte 14 millions à la CBAO. "C’est un scandale", peste un responsable de la banque. L’assistance technique payée au Groupe Attijari pimente alors la recette. Cette rubrique est évaluée à 1 milliard.
L’interception de ce document a révolté le personnel de la Cbao, notamment les syndicalistes qui ont d’ailleurs envoyé un courrier à la direction générale de la banque pour dénoncer les avantages et traitement réservés au personnel expatrié. "Le collège, soucieux d’inscrire ses revendications sur la base de principes de responsabilité, de transparence et de vérité, estime qu’il est nécessaire qu’il lui soit communiqué toutes les informations relatives aux avantages et traitements dont bénéficient les expatriés de notre banque, indique-t-on dans la correspondance dont L'AS détient une copie Aussi, il est important pour nous de rappeler que le Code du travail sénégalais consacre parfaitement à notre bénéfice, ce droit d’avoir accès à l’information sociale."
Et pour bénéficier également des avantages de leur banque, les délégués du personnel dans la lettre déposée sur le bureau du Préfet, réclament l’augmentation généralisée des salaires, la reprise de l’octroi normal des crédits au personnel, l’ouverture du capital aux salariés et l’installation de vidéo surveillance dans tous les sites de la CBAO.