«C’EST UNE DETTE ET UN DÉPÔT»
L’argent cité dans le dossier n’est pas un cadeau ou une part de l’argent d’Abubakar Shekau remis aux Sénégalais, a soutenu imam Aliou Ndao
L’argent cité dans le dossier n’est pas un cadeau ou une part de l’argent d’Abubakar Shekau remis aux Sénégalais, a soutenu imam Aliou Ndao. Au contraire, le prévenu a dit hier, jeudi 3 mai, lors de son audition devant la Cambre criminelle spéciale, au 15e jour du procès sur le terrorisme, qu’une partie de l’argent lui a été confié par Ibrahima Diallo en partance pour la Gambie. Le reste est une dette contractée auprés de ce dernier.
L ’argent trouvé à son domicile, au moment de la descente de la Gendarmerie, lui a été remis par Ibrahima Diallo. Cependant, a précisé l’Imam Aliou Ndao, ce dernier ne lui a pas donné cet argent en guise de cadeau. A la barre de la Chambre criminelle spéciale, hier jeudi, l’accusé a soutenu que c’est après une visite qu’Ibrahima Diallo lui a proposé son aide en cas d’un besoin pour le fonctionnement de son daara. Imam Ndao précise que c’est à cet instant qu’il a signifié à Ibrahima Diallo le besoin d’achat des groupes solaires pour appuyer l’approvisionnement en eau de ses champs. Il lui a donné ainsi une somme, en devise étrangère, de 1500 euros, évaluée à 1.000.000 F Cfa. Une dette qu’il s’est engagé à rembourser, dit-il, après la récolte de ces champs. Mieux ajoute l’imam Aliou Ndao, il a signé une reconnaissance de dette à ce dernier. Dans le dossier, il est aussi incriminé une somme de 8.000.000 de F Cfa que ce même Ibrahima Diallo lui aurait remis. S’agissant de cette somme, imam Aliou Ndao a dit qu’au moment de cette visite à son domicile, Ibrahima Diallo qui était en partance pour la Gambie lui a également confié la somme de 8.000.000 de F Cfa. L’argent était en 25 billets de 500 euros. Imam Aliou Ndao a soutenu n’avoir pas pu retourner l’argent à Ibrahima Diallo car c’est au cinquième jour après le passage d’Ibrahima Diallo qu’il a été arrêté. Interrogé sur pourquoi, n’avait-il pas demandé l’origine de l’argent ? Imam Ndao a répondu que cela n’est pas de sa nature et que des gens lui donne de l’argent réguliè- rement. Un jeune homme lui a même offert une voiture. En outre, révèle-t-il, il ne s’est pas intéressé à la provenance de l’argent car, d’après ce qu’il a appris de la religion et le droit musulman, il n’est pas recommandé de douter de son prochain. Imam Aliou Ndao a dit que l’argent en question a été pris à son domicile et remis à ses avocats. Me Masokhna Kane a soutenu qu’ils ont une enveloppe de ce genre. Me Mounir Ballal a assuré que le moment venu, ils donneront les circonstances exactes dans lesquelles les avocats ont reçu l’argent.
«LE JUGE D’INSTRUCTION ET LA GENDARMERIE NE M’ONT PAS POSE UNE QUESTION RELATIVE A L’ARGENT D’IBRAHIMA DIALLO»
«Aussi bien les enquêteurs que le juge d’instruction ne m’ont posé des questions relatives à l’origine de l’argent. C’est uniquement au moment de la confrontation que j’ai eu à l’évoquer», a déclaré imam Ndao. Ses doutes sur la licéité de l’argent ont commencé quelques heures seulement après le départ d’Ibrahima Diallo, quand l’épouse de Makhtar Diokhané, Coumba Niang, est venue pour l’informer de l’arrestation de son mari au Niger. La dame Coumba Niang lui a indiqué, à cet effet, qu’elle voulait se rendre au Niger. Imam Aliou Ndao soutient avoir dissuadé Coumba Niang pour deux choses dont l’une est, dit-il, que le voyage nécessite de l’argent. Coumba Niang l’a informé, à cet instant, qu’elle gardait de l’argent pour son mari. Et, une partie de cet argent a été même remise à Ibrahima Diallo. Une déclaration suffisante, dit-il, pour qu’il remette l’argent du prêt dans une enveloppe, en attendant le retour d’Ibrahima Diallo. Pour Imam Aliou Ndao, Coumba Niang ne devait pas utiliser l’argent laissé par son mari, sans l’ordre de ce dernier.
DEPART DE RESSORTISSANTS DU LAC ROSE VERS DES ZONES DE COMBAT - Imam Aliou Ndao, Aly Ciré Ndiaye et la conférence sur les mouvements islamiques
C’est le représentant du ministère public, Aly Ciré Ndiaye qui a interpellé le prévenu sur la question des départs de ressortissant du Lac Rose vers des zones de combat et les conférences sur les mouvements islamiques. Il s’intéressait à des conférences que l’imam Aliou Ndao aurait tenues au Lac Rose. L’accusé a répondu que c’est à une seule occasion qu’il a tenu une confé- rence dans ce quartier. Le thème abordé était relatif aux «mouvements islamiques». La conférence s’était tenue entre 2014 et 2015. Il avait parlé des mouvements comme Al Qaida et Daesh. Aly Ciré Ndiaye a demandé au prévenu si sa conférence n’a pas été à l’origine du départ des jeunes issus du Lac Rose pour des fiefs rebelles ? Selon l’imam Ndao, cette conférence ne peut aucunement justifier le départ de ces jeunes car, dit-il, il n’abordait que l’historique, le fonctionnement et le déroulement de ces mouvements islamiques. La conférence n’était pas destinée au départ en exile, se défend-il. Par ailleurs, Aly Ciré Ndiaye a demandé à l’accusé s’il était consentant avec un départ en exil sur la base d’une quête d’identité religieuse. Imam Aliou Ndao a rétorqué qu’il est recommandé à tout croyant qui ne sent pas sa religion dans son cadre de vie, de partir l’exercer dans un lieu de son choix. Le procureur lui a demandé s’il a senti un quelconque manque pouvant pousser des jeunes Sénégalais à l’hégire ? Imam Aliou Ndao a fait savoir que la situation existe bel et bien au Sénégal. Pour l’imam Aliou Ndao, les manquements notés sont la non-répartition équitable des ressources naturelles et l’absence de zakat.
PREPARATIFS DE RIPOSTE DES JEUNES SUNNITES APRES L’ATTAQUE DE LA MOSQUEE D’ABDOU KARIM NDOUR - Imam Aliou Ndao dit ne pas être informé
L’imam Aliou Ndao a soutenu n’avoir pas été informé des préparatifs des jeunes sunnites pour une riposte, après l’attaque de la mosquée d’Abdou Karim Ndour à Diourbel. Il n’a pas été aussi sollicité non plus par ces derniers. Il connait bien imam Abdou Karim Ndour et ce dernier l’a informé de l’attaque de sa mosquée. Ce qu’il a fait, précise-t-il, c’est de demander à l’imam Abdou Karim Ndour d’aviser la Police. Une chose qui a été faite, sans que les Forces de l’ordre ne se présentent sur les lieux. C’est pourquoi, il soutient avoir envoyé quelques uns de ses disciples pour prêter main forte à l’imam de Diourbel. Il leur a demandé, cependant, de ne pas faire de violence et de quitter les lieux à la venue des Forces de l’ordre. Ce qu’il a fait après, c’est de discuter avec des autorités religieuses qui lui ont signifié que le différend ne se reproduira plus
IMAM ALIOU NDAO NIE CONNAITRE ALIOUNE GUEYE ET ABDALLAH DIEYE
Alioune Gueye et Abdallah Dieye sont deux Sénégalais morts au front. Rama Ba et Habibatou Mbaye sont respectivement épouses d’Alioune Gueye et d’Abdallah Dieye. Elles vivaient chez imam Ndao au moment où leurs maris étaient dans des zones de combats. Interpellé sur ce fait, imam Aliou Ndao a dit qu’il ne connaissait pas ces deux dames encore moins leurs maris. C’est un nommé Abdoulaye Diagne qui a amené les deux dames à son domicile pour solliciter des prières en leur faveur. Rama Ba a séjourné pendant plus d’un mois chez-moi, à l’image d’autres personnes qui venaient pour solliciter des prières. Revenant sur la saisine d’une arme à son domicile, sans autorisation de port, l’imam Aliou Ndao a dit qu’il a déposé une demande de port d’arme, en vain, au niveau de la Police. Il détenait une arme artisanale qui était détruite à l’arrivée des gendarmes. Les munitions aussi n’étaient pas en bon état, a fait remarquer l’imam Ndao. L’arme saisie, il l’a récupérée chez un de ses talibés et elle n’était pas en bon état, a-t-il signalé. S’agissant des seringues, elles servaient au vaccin des poussins car, dit-il, il s’activait dans l’élevage de volailles.