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Mouhamed Moustapha Fall, primé au Next Einstein Forum
Le Sénégal n’a peut-être pas encore trouvé son Einstein. En attendant, il peut compter sur Mouhamed Moustapha Fall qui tente comprendre l’interaction entre la géométrie non-locale et les mécanismes quantiques relativistes. L’Institut panafricain des sciences mathématiques (Aims) le cite parmi les 15 meilleurs jeunes scientifiques d’Afrique. Longtemps en Europe, Mouhamed Moustapha Fall a quitté le confort des laboratoires italiens pour servir le Sénégal.
Abnégation. Assiduité. Courage. Durant son parcours, il a réuni toutes ces qualités pour se retrouver parmi les meilleurs mathématiciens du pays et de l’Afrique. En ce 8 mars coïncidant avec l’ouverture du Next Einstein forum (Nef), Mouhamed Moustapha Fall a reçu les félicitations et les encouragements des Présidents Macky Sall et Paul Kagamé au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. Il a aussi obtenu la reconnaissance de ses pairs scientifiques venus des quatre coins de la planète.
Mouhamed Fall venait ainsi d’être primé parmi les 15 meilleurs scientifiques de l’Afrique par l’Institut panafricain des sciences mathématiques (Aims). Né en 1981 à Keur Samba Kane, village situé dans la région de Diourbel, Mohamed Moustapha Fall fait partie de cette jeune génération qui s’efforce à conserver l’héritage de Cheikh Anta Diop en tombant amoureux des mathématiques. Teint noir, taille élancée, lunettes d’intello, il met son cerveau à rude épreuve pour comprendre l’interaction entre la géométrie non locale et les mécanismes quantiques relativistes. L’ancien étudiant de l’université
Gaston Berger de Saint-Louis veut rendre les mathématiques accessibles à la fois aux instruits et aux illettrés en Afrique en démontrant l’application pratique des mathématiques et les avantages de l’optimisation. Pourtant, Mouhamed Moustapha Fall n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Issu d’une famille modeste avec des parents illettrés, il est suivi de très près par eux sur son assiduité à l’école.
Après avoir décroché son Bac S1 au lycée Limamou Laye de Guédiawaye en 1999, Mouhamed obtient son Dea à l’Ugb en tant que major de sa promotion en 2004. Il est sélectionné pour le Programme de diplôme en mathématiques au Centre international de physique théorique (Cipt), à Trieste, en Italie. Là-bas, le bonhomme réussit le très compétitif et prestigieux examen d’entrée à l’Ecole internationale supérieure d’études avancées en 2006.
Après avoir soutenu sa thèse de Doctorat en 2009, il est recruté comme assistant à l’Université catholique de Louvain en Belgique (De 2009 à 2010). En 2010, il obtient une bourse de recherche postdoctorale accordée par la Fondation Humboldt à l’université Goethe de Francfort avant d’occuper un poste postdoctoral à l’université de MilanBicocca.
Retour au bercail pour servir son pays
En termes de recherche, Moustapha Fall a commencé en mathématiques appliquées, à savoir la mécanique des fluides et la mécanique des solides. Finalement, il s’est orienté vers les mathématiques pures, à savoir l’analyse géométrique qui relie les équations aux dérivées partielles et la géométrie différentielle.
Depuis janvier 2013, il est titulaire de la Chaire attribuée pour les Mathématiques et ses applications à l’African institute for mathematical sciences (Aims) au Sénégal. «C’est difficile de revenir en Afrique parce qu’en Afrique, toutes les conditions ne sont pas souvent réunies pour permettre aux chercheurs de bien travailler. Vous allez dans des universités où il n’y même pas de connexion internet. C’est un malheur pour un chercheur», confie-t-il.
A 35 ans, il a déjà publié 30 articles de recherche dans des revues internationales de mathématiques et physiques.