CHEIKH AHMED TIDIANE COULIBALY BALISE LA VOIE AU CSM
Alioune Tine, fondateur d’Afrikajom Center et ancien secrétaire général de la Raddho, a soutenu qu’il existe un vrai malaise au sein de la Justice et que le communiqué du président de la Cour suprême rend compte de la gravité de la situation
Joint au téléphone hier par «L’As», le fondateur d’Afrikajom Center et ancien secrétaire général de la Raddho a soutenu qu’il existe un vrai malaise au sein de la Justice et que le communiqué du Président de la Cour suprême, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, rend compte de la gravité de la situation. Toutefois, Alioune Tine estime que cette sortie est opportune en ce sens qu’elle permet de baliser la voie au conseil de discipline.
«L’AS» : Que pensez-vous de la sortie du président de la Cour suprême qui apparemment fait allusion à l’affaire dite Téliko et ses amplifications dans l’espace public ?
ALIOUNE TINE: Ce communiqué est très opportun dans un contexte où les attaques récurrentes contre la Justice risquent de fragiliser l’Institution. C’est un communiqué qui rend compte de la gravité de la situation pour l’Institution judiciaire, de la nécessité de rappeler les principes et de rappeler les principes de la séparation des pouvoirs sans lesquels il n’y a pas d’Etat de droit. Il faut que chaque pouvoir joue correctement son rôle : les juges pour rehausser la dignité de la fonction, renforcer la crédibilité et l’indépendance du juge, respecter le principe constitutionnel de l’inamovibilité. À ma connaissance, c’est inédit. En tant que patron de la justice, il est bon qu’il marque son territoire. C’est une démarche qui peut contribuer à installer la sérénité indispensable à une bonne administration de la justice.
Ne devrait-il pas attendre que le conseil de discipline se prononce d’abord sur le sujet ?
Il (Ndlr : Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly) balise la voie au Conseil de discipline soumis à une forte pression par la polémique en cours. Les Institutions des États postcoloniaux sont fragiles et dans certains pays, elles sont en décomposition ; nous devons veiller ensemble à protéger et renforcer les Institutions publiques, et surtout la Justice, ventre mou des Institutions de régulation. La sérénité doit prévaloir et le Communiqué du juge y contribue puissamment.
En tant que chef de la magistrature, ne devrait-il pas intervenir plutôt en médiateur au lieu d’attendre jusqu’à ce que cela pourrisse ?
Je préfère personnellement cette méthode qui rappelle à tous que la Justice est un pouvoir constitutionnel et que son rôle est indispensable à l’existence de l’État de droit, d’où la nécessité de densifier, de crédibiliser et de restaurer la dignité de la fonction.
Qu’est-ce qu’il faudrait pour arrêter le malaise au sein de la magistrature ?
Il existe un vrai malaise au sein de la Justice avec le sentiment ou l’impression plus ou moins fondée d’une Justice inféodée à l’Exécutif, d’une justice qui connaît un déficit de juges, de moyens matériels et financiers. Il faut absolument augmenter le budget de la Justice. Il faut également créer une administration de la justice avec la possibilité de gérer son budget; renforcer l’autorégulation de la justice par les juges ; et protéger les juges contre tous les groupes de pressions politiques, économiques, sociales et religieuses. Il ne s’agit pas de créer un gouvernement des juges redoutés des gouvernants francophones mais de créer les conditions d’une Justice indépendante et équitabl