CHEIKH TALL DIOUM POURRA PEUT-ÊTRE ENFIN RÉCUPÉRER SON FINANCEMENT DE 3,5 MILLIARDS DE FRANCS
L’ex-golden boy du président Abdou Diouf a gagné sa bataille contre la mairie de Dakar
L’ex-golden boy du président Abdou Diouf a gagné sa bataille contre la mairie de Dakar. La justice vient, en effet, de décider que le cinéma El Mansour, objet du litige entre Cheikh Tall Dioum et Khalifa Sall appartient bel et bien à l’enfant de Louga. C’est donc l’épilogue d’une affaire judiciaire qui dure depuis deux ans — elle a commencé le 29 avril 2016 plus précisé- ment — et qui a défrayé la chronique pendant plusieurs mois. A qui appartient le fameux cinéma El Mansour aux alentours réputés mal famés durant les années 70’ à 90’ pour cause de trafic de «yamba» au vu et au su de tout le monde ?
Le maire de Dakar, Khalifa Sall, a pré- tendu que le site et l’ouvrage qu’il abrite appartiennent à la collectivité territoriale qu’il dirige. Mieux, le 29 avril 2016, en dehors de toute attente et d’un accord entre les parties, il a fait intervenir la police pour fermer le site. Le commissaire de la police municipale en charge de l’affaire, accompagné de civils — présentés par le plaignant comme des nervis —, investit alorsleslieux, faitsaisir le matériel de construction et de production et stocke le tout dans la cour de la police municipale de Dakar. Informé de cette descente de police, Cheikh Tall Dioum fait constater par exploit d’huissier ce qu’il considérait comme un forfait, un abus de pouvoir. Et il décide de porter l’affaire en justice.
En vérité, le Golden Boy avait acquis légalement le cinéma El Mansour depuisle début des années 2000, le 29 janvier 2001 précisément, lorsque l’Etatsénégalais a décidé de privatiser les salles de cinéma qui appartenaient à la Sidec,société nationale à liquider. C’est à cette date que la Sidec a fait publier un communiqué pour annoncer la vente du cinéma El Mansour,sa propriété exclusive. Cheikh Tall Dioum, par le biais de sa société Sciod, avait manifesté le désir d’en être l’acquéreur. Il n’y a eu aucune opposition à la vente car la mairie de Dakar ne s’était jamais signalée comme étant proprié- taire des lieux. Mais, curieusement, c’est avec l’avènement de Khalifa Sall comme maire de Dakar que l’institution municipale a manifesté son intérêt pour le site en prétendant que le terrain et le bâtiment qu’il abrite lui appartiennent. Sans jamais avoir pu prouver l’achat du site en question auprès du liquidateur de la dé- funte Sidec !
Plus édifiant, lorsque M. Khalifa Sall s’était manifesté pour revendiquer le site etsa grande réserve foncière, le liquidateur, pour prouver à M. Cheikh Tall Dioum que la Mairie n’a jamais payé un seul franc à la Sidec pour cette acquisition, lui a remiscopie d’une lettre du ministre de la Communication, tutelle de la Sidec, indiquant que les 50 millions non payés de la mairie de Dakar étaient prévus pour les employés de la Sidec afin de parfaire la liquidation ! Khalifa Sall se fondait sur une correspondance du chef de l’Etat, au moment de la liquidation, qui souhaitait affecter le cinéma, ou le produit de sa vente «aux femmes et aux jeunes». Il semble que la préemption de l’acquisition de cette salle de cinéma était accordée à la maire de Dakar pour le coût de 50 millions de nos francs mais celle-ci n’a jamais déboursé un seul franc pour en être l’acqué- reur. C’est donc la société Sciod qui sera l’heureuse bénéficiaire de l’affaire car la mairie n’a pas usé de son droit de préemption et n’a jamais pays les 50 millions posés sur la table. Cette somme était d’ailleurs prévue pour le rè- glement des arriérés de salaires, indemnités et participation au capitalsocial du nouvel acqué- reur en faveur des employés de la défunte Sidec qui devaient être virés. Sciod acquiert donc la salle El Mansour en s’acquittant de tous les droits requis pour cette opération car la mairie de Dakar semblait être défaillante ou… non intéressée. Sciod a produit devant le tribunal une lettre du ministre de la Communication, alors tutelle de la Sidec qui indiquait que les cinquante millions prévus pour impliquer les employés dansle capital du nouvel acquéreur n’ont jamais été libérés par la mairie de Dakar qui, du reste ne s’est jamais manifestée pour racheter cette salle de cinéma.
Les avocats de Cheikh Tall Dioum ont ajouté au dossier deux lettres de radiation de la «pré-notation», l’une de la Sidec en date du 28 octobre 2010 et l’autre de la Direction des Impôts et Domaines datant de 2015 qui atteste parfaitement de la légalité de la vente de El Mansour à Cheikh Tall Dioum. Cette opération s’est produite à la suite de la saisine de la mairie de Dakar qui prétendait être propriétaire deslieux mais qui, au finish n’a pu produire aucun document légal pour étayer ses prétentions. Ce qui n’a pas empêché Khalifa Sall d’envoyerses hommes pour bloquer lestravaux entrepris par l’acquéreur légal, la société Sci. Cod en l’occurrence. Mais le patron de cette société, Cheikh Tall Dioum n’est pas homme à se laisser faire. C’est ainsi que, suite à ce qu’il a considéré comme des voies de faits lorsque Khalifa Sall a bloqué ses travaux, il a fait intervenir la justice qui l’a autorisé à reprendre possession de son bien. Avec l’aide de 120 gendarmes, il a repris possession du cinéma El Mansour avec fracas, ce qui a défrayé la chronique à l’époque au vu du caractère spectaculaire de l’opération. Aujourd’hui la justice vient de lui donner raison en déboutant la maire de Dakar de toutes ses prétentionssur El Mansour. Maisce bras de fer qui date de plusieurs années aura coûté à l’investisseur Cheikh Tall Dioum un important préjudice, notamment la perte d’un financement de 3, 5 milliards de nosfrancs.Le cabinet qui servait d’intermédiaire avec des investisseurs étrangers lui a fait parvenir un courrier qui l’informait que «les partenaires qui devaient accompagner le projet ont été douchés» par les déclarations du maire de Dakar qui pré- tendait être propriétaire du site. 950 emplois sont ainsi perdus.
Et le financement suspendu dans l’attente que le maire de Dakar admette publiquement que le site revendiqué appartient bien à M. Cheikh Tall Dioum par le biais de sa société Sciod. Ce que Khalifa Sall n’a jamais accepté de dire. Il a doncfallu une longue bataille judiciaire pour que la 1ère chambre civile du Tribunal de Grande Instance de Dakar « déboute la Ville de Dakar de toutes ses demandes » visant à faire reconnaître son droit de propriété sur le site litigieux. Mais puisque le Golden Boy vient d’être rétabli dans ses droits, espérons qu’il saura trouver une solution pour offrir aux jeunes Sénégalais un «kheuy». Au moment où la mairie de Dakar faisait arrêter de la manière que l’on sait les travaux, l’ex-patron de la brasserie NBA avait déjà investi une centaine de millions de francs sur le site. Son projet devaitcréer 950 emplois. Espérons que ce n’est pas trop tard pour qu’il puisse enfin bénéficier du financement de 3,5 milliards suspendu à cause de ce contentieux.