DES CHAUFFEURS SE RÉVOLTENT À NDIASSANE
Ils sont à bout, après près de trois mois d’arrêt, suite aux restrictions prises par le président de la République, pour freiner la propagation du Covid-19
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Après près de trois mois sans travail, suite aux mesures restrictives prises par le gouvernement pour freiner la propagation du coronavirus, les chauffeurs sont descendus hier dans la rue à Ndiakhaté Ndiassane. C’était pour exprimer leur colère et demander la reprise du transport interurbain. Pour mieux se faire entendre, ils ont brûlé des pneus sur la nationale. Ce qui a nécessité l’intervention d’un grand renfort des forces de l’ordre.
Ndiakhaté Ndiassane, dans la commune de Chérif Lô, département de Tivaouane, a été hier le théâtre d’une violente manifestation organisée par des chauffeurs qui réclamaient la reprise du transport interurbain. Ils sont à bout, après près de trois mois d’arrêt, suite aux restrictions prises par le président de la République, pour freiner la propagation du COVID-19.
Et Ndiakhaté Ndiassane est une localité où pratiquement tous les jeunes sont des chauffeurs de transport en commun, et chaque famille compte au moins 4 à 5 véhicules de transport. C’est pourquoi, le village est fortement impacté par les effets socio-économiques de la pandémie. N’en pouvant plus, les chauffeurs ont sonné hier la révolte. Tôt le matin, ils ont investi la route nationale pour bloquer la circulation pendant près de deux tours d’horloge. Les femmes, les jeunes, bref les populations sont massivement sorties pour prêter main forte aux chauffeurs manifestants, en décrivant les détails du malvivre engendré par l’interdiction du transport interurbain. Des pneus ont ensuite été brûlés et les forces de l’ordre venues dans un premier temps en nombre insuffisant ont dû avoir recours à des renforts, pour maîtriser la situation, non sans un échange de jets de pierres et de grenades lacrymogènes. Ce face-à-face a occasionné plusieurs arrestations. Les forces de l’ordre ont ensuite installé des cordons jusqu’à l’intérieur du village, ce qui a permis de libérer la circulation. Les épouses des manifestants entonnent en chœur : « Nous sommes fatigués, nous avons faim et soif, parce que nos maris sont privés de travail parce qu’ils sont des chauffeurs. Nous avons marre d’une telle situation ; que les autorités laissent tranquillement nos chauffeurs travailler et gagner leur vie à la sueur de leur front d’autant plus que personne n’aperçoit encore la couleur de l’aide tant annoncée ! » Elou Diakhaté laisse éclater sa colère et déclare : « La situation est devenue insoutenable et nous implorons le pardon du président de la République si les chauffeurs lui ont fait quelque part un tort sans le savoir, au point de justifier cet abandon dont ils sont victimes. La plus grande erreur qu’un gouvernant puisse commettre, c’est de confier un secteur d’activités économiques à quelqu’un qui ne s’y connaît rien. A notre humble avis, c’est le cas du ministre Oumar Youm qui est à l’origine de tous les échecs dans le secteur du transport.» Selon lui, aucune industrie, quelles que soient sa taille et sa dimension, ne peut générer le nombre d’emplois que créent les différentes gares routières du pays ; c’est pourquoi l’option manifeste prise par le pouvoir d’affaiblir le transport public est totalement incompréhensible. « L’heure est grave car les familles des chauffeurs de transport en commun risquent d’éclater du moment où ces derniers sont obligés de recourir à la mendicité pour donner un strict minimum à leur progéniture », affirment les protestataires.
Les différents responsables des gares routières du département de Tivaouane avaient récemment sonné l’alerte, lors d’un point de presse, en affirmant que la situation que vivent actuellement les chauffeurs est pire que le coronavirus. « Trop, c’est trop et ventre affamé n’a plus d’oreille » ! avaient-ils alerté. Et ils avaient demandé une organisation du transport public comme le sont les autres secteurs, ne serait-ce que pour sauver des acteurs économiques qui risquent de périr avec leurs familles.