DES TRAVAILLEURS DE LA JUSTICE S’OPPOSENT À SIDIKI KABA
Cohabitation entre militaires et paramilitaires au Centre d’adaptation sociale
Le Syndicat national des tra- vailleurs en éducation spéciali- sée de la justice du Sénégal (Syntesjustice) et l’Amicale des éducateurs spécialisés du Sénégal (Aess) sont dans tous leurs états. Ils regrettent que le garde des Sceaux ait décidé «le démarrage au Centre d’adapta- tion sociale de Sébikotane, au plus tard dans la deuxième quinzaine du mois de janvier 2017, la formation militaire et paramilitaire de 200 élèves admis aux concours directs et indirects de recrutement d’a- gents de l’administration péni- tentiaire».
A travers un commu- niqué conjoint, les syndicalistes se sont indignés de cette décision de la Chancellerie et ont déploré la démarche du ministre de la Justice. Car, disent-ils, c’est sans concertation ni étude de faisabi- lité que Sidiki Kaba «a ordonné l’expulsion de l’équipe éducative et de tous les jeunes placés par les Tribunaux pour enfants, juste pour qu’une promotion de 2015, boutée de l’Ecole nationale de police puisse subir une forma- tion».
Selon eux, cette formation ne se prête pas au cadre socio- éducatif du centre d’adaptation sociale de Sébikotane. A les en croire, «la cohabitation dans l’espace éducatif du centre d’a- daptation sociale de Sébikotane des mineurs âgés de moins de 18 ans en conflit avec la loi, présen- te les caractéristiques d’une forte inadaptation psychologique et sociale avec 200 élèves militaires et paramilitaires».
C’est pour- quoi ils ont saisi la Société civile, l’opinion publique nationale et internationale et l’ensemble des partenaires techniques et finan- ciers de l’Etat en matière de pro- tection de l’enfance pour s’indi- gner de cette situation en ce sens que, disent-ils dans leur commu- niqué, que le garde des Sceaux porte la responsabilité de la rup- ture du principe d’égale dignité des services de son département ministériel.
D’ailleurs, ils soulignent que l’Ecole de formation des agents de l’Administration pénitentiaire ne trouvera pas un espace appro- prié dans le Centre d’adaptation sociale de Sébikotane même si tout l’établissement ciblé lui été cédé.
C’est pourquoi le personnel éducatif, administratif et d’in- tendance de services de l’Education surveillée et de la protection sociale du Sénégal, a fait montre de son opposition à une telle décision qui, selon eux, viole dans leur globalité tous les principes fondamentaux des droits des mineurs sous-main de justice en faisant fi aussi du principe de l’inviolabilité de l’espace dédié aux jeunes reconnu par la Convention des droits de l’enfant et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant et par le Code de procédure pénale du Sénégal en ses articles 55 et sui- vants.
Par cette démarche, ils pensent que le ministre de la Justice est en train de dépossé- der la Direction de l’éducation surveillée et de la protection sociale de son outil de travail le plus moderne.