DIRE QUE NGONÉ NDOUR A ÉTÉ PORTÉ À LA TÊTE DE LA SODAV PAR SON FRÈRE, C'EST NOUS MANQUER DE RESPECT
Les membres du Conseil d’administration de la Sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins apportent leur part de vérité dans toutes les allégations qui ont été portées à leur endroit
Accusés et attaqués de tout bord, les membres du Conseil d’administration de la Sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) pensent qu’il est temps de siffler la fin de la récréation. Jusque-là courtois dans le ton, ils ont décidé de rejoindre leurs détracteurs sur le terrain de leur langage. La loi du talion s’impose, puisque la diplomatie n’a jusque-là pas fait l’effet escompté.
Ainsi, en conférence de presse hier, ils s’en sont vertement pris à tous ces artistes et activistes qui les accusent de tous les maux.
C’est de la sorte que le chanteur Youssou Ndour, qui n’est pas plus qu’un ayant droit de la Sodav, est souvent cité dans les histoires de la société, à cause de sa sœur qui est la présidente du Conseil d’administration. Ce que le rappeur et membre du CA, Malal Talla, trouve scandaleux. Il est souvent dit, par les détracteurs de la Sodav, que c’est Youssou Ndour qui a fait élire sa sœur au poste de PCA. ‘’Quand on veut faire croire que Ngoné Ndour a été portée à la tête de la Sodav par Youssou Ndour, c’est nous manquer de respect. C’est un mensonge. Ngoné n’a pas été mise ici par Youssou. Nous, nous ne sommes pas manipulables. Nous ne sommes à la solde de qui que ce soit. Nous sommes là pour que le droit des artistes soit respecté. Pour que l’artiste vive de son art’’, a-t-il martelé.
Il a expliqué, dans ce cadre, que la nomination des membres du Conseil d’administration de la Sodav obéit à des règles fixées par les statuts de la société. ‘’Pour l’élection de Ngoné, selon lui, tout s’est déroulé de manière démocratique, par un vote au sein de l’Assemblée générale constitutive. Je rappelle que Ngoné a été à la première élection et a été battue par Angèle Diabang. C’est quand Angèle a démissionné, pour des raisons personnelles, que nous avons organisé une autre élection à l’issue de laquelle elle a été élue’’.
Un autre point évoqué par les membres du CA, hier, est la sortie dans la presse d’informations qui seraient fausses. Pragmatiques, les membres du CA ont décidé, pour ce cas, d’aller au-delà des seuls discours. C’est ainsi qu’une plainte est annoncée contre le journal ‘’Lii Quotidien’’ pour diffamation. Il est reproché aux confrères d’avoir écrit des ‘’mensonges’’, comme l’a dit ‘’Fou Malade’’, sur le Conseil d’administration de la Sodav et sa présidente.
‘’Cet article a causé des préjudices. Des gens ont été diffamés et se sont trouvés mal dans leur peau. Ils ont décidé d’user de tous les droits qui s’offrent à eux, d’ester en justice’’, a-t-il annoncé. ‘’Lors de la réunion du Conseil d’administration du mardi 20 octobre 2020, aucun des propos qu’on nous a prêtés n’a été prononcé, que ce soit par la PCA, les administrateurs, le directeur’’, a-t-il assuré. Non sans préciser que la réunion du CA du mardi dernier a eu pour objet, ‘’comme à l’accoutumée, de traiter des activités de la Sodav et de l’actualité la concernant’’.
Malal Talla alias ‘’Fou malade’’ a été plus virulent dans son speech. Comme à son habitude, le rappeur n’a pas fait dans la langue de bois. ‘’Cela n’a pas été dit. C’est inventé de toutes pièces’’, tonne-t-il. Il reste convaincu qu’il y a des personnes malintentionnées, tapies dans l’ombre, qui agissent pour leurs propres intérêts. L’évaluation financière et institutionnelle demandée par le président Macky Sall, en Conseil des ministres il y a 15 jours, est à la base des dernières sorties notées, selon le CA. Les membres du Conseil d’administration de cette société de gestion collective assurent qu’ils n’ont aucun problème à recevoir la mission que doit envoyer le ministère de la Culture et de la Communication. Ils se sont réjouis encore de la décision du président de la République d’accélérer le processus de mise en place de la Commission permanente de contrôle telle qu’édictée par la loi 2008 en son article 124, ainsi qu’une évaluation institutionnelle et financière de la société.
En effet, cette démarche répond à un besoin longtemps exprimé par le CA. Un autre grief soulevé, est cette accusation de financement illégale.
En effet, il a été dit que les membres du Conseil d’administration ont bénéficié de fonds de soutien aux évènements. Chose que ne nie pas Vieux Mac Faye qui dit qu’’’il n’y a aucun mal’’ pour un ayant droit d’en bénéficier. Il a ainsi rappelé que les administrateurs et les organisations professionnelles sont des ayants droit de ce fonds, au même titre que tout autre associé. ‘’De par la loi et les statuts de la Sodav, le Fonds de l’action culturelle et sociale est destiné́ à appuyer des actions sociales et culturelles’’, s’est-il dédouané. Il n'y a pas de secret, selon lui. Car ‘’la liste des bénéficiaires est toujours disponible dans nos rapports’’.
‘’Ce fonds a joué́ un rôle salvateur en soulageant les ayants droit dans le cadre de la Covid-19. De 2017 à 2019, nous avons donné, en termes d’allocations retraites, d’aides sociales, d’assistances médicales, de dons et contributions diverses un montant de 53 083 186 F CFA’’, a-t-il dit.
En 2017, l’État du Sénégal s’est engagé à soutenir la Sodav à hauteur d’un milliard par an pendant trois années consécutives, pour ses frais de fonctionnement. Une partie de cette somme, 400 millions, devait couvrir les dettes de la RTS et du Fesman. Cependant, les membres du Conseil d’administration de la Sodav ont fait savoir qu’ils ont, à ce jour, ‘’la somme globale de 650 millions F CFA, contrairement au montant de 2 milliards avancé par certains’’.
Un autre point évoqué hier concerne le mandat du CA de la Sodav. ‘’Ce mandat a été renouvelé de plein droit et en toute souveraineté par l’Assemblée générale pour une période de 3 ans qui devra s’achever en juin 2021. Ce renouvellement décidé par l’Assemblée générale souveraine servait à sanctionner positivement le bon travail accompli à partir de son installation’’.
Néanmoins, ils ont rappelé qu’un appel à candidatures avait été ouvert pour les postes de membres du CA. Cependant, l’AG a décidé de la reconduction du mandat de l’intégralité des membres du conseil et au remplacement des postes vacants. Vieux Mac Faye de rassurer : ‘’Toutes les assemblées générales de la Sodav ont été convoquées dans les règles de l’art, en respectant les délais requis dans les convocations et en matérialisant par constat d’huissiers toutes les résolutions adoptées.’’
En outre, il est fait état d’un supposé achat ou location d’un immeuble par la Sodav. Là également, ladite société a éclairé la lanterne des ayants droit. ‘’Il sera loisible à la Commission permanente de contrôle de constater que la Sodav est locataire d’un appartement à usage de bureaux pour ses services annexes tels que les travaux du Conseil d’administration qui n’a jamais eu de salle de réunion depuis le BSDA et la multiplication des services dus au traitement des nouveaux droits’’, a indiqué M. Faye avec aisance.
Pour ce qui est de la base de données, la Sodav rappelle qu’elle contient toutes les informations relatives à chaque associé membre de la Sodav qui dispose chacun d’un dossier. ‘’Toutes les demandes d’adhésion sont soumises à un contrôle rigoureux des commissions d’identification. Les PV de ces commissions attestent de la fiabilité de la base de données de la Sodav qui ne saurait souffrir d’aucune contestation’’, a certifié M. Faye, rappelant que la base de données de la Sodav est ‘’dynamique et non statique’’. Car elle est supposée évoluer quotidiennement, au fur et à mesure des nouvelles adhésions.
En ce qui concerne le processus de production des cartes de membre, Vieux Mac Faye rassure qu’’’il est très avancé et serait terminé́, n’eût été la suspension provoquée par le paiement du fonds Force-Covid-19 octroyé par l’État du Sénégal suivi des travaux relatifs aux avances sur répartitions’’.
Néanmoins, il a annoncé que la production et la distribution des cartes de membre sont prévues avant la fin du mois de novembre.
Les performances de la Sodav, chiffres à l’appui
En conférence de presse hier pour apporter des précisions sur plusieurs accusations à leur encontre, les membres du Conseil d’administration de la Sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) ont profité de l’occasion pour donner un aperçu du travail qui a été effectué par l’équipe actuelle.
Selon eux, ils ont hérité d’une société ‘’exsangue’’, pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui, en termes de ‘’performance et de transparence, avec des niveaux de perception et de répartition jamais égalés ainsi qu’une maîtrise des charges annuelles’’.
Dans cette optique, chiffres à l’appui, ils ont rappelé qu’à leur arrivée, ils ont trouvé moins de 40 millions F CFA dans les caisses du défunt Bureau sénégalais du droit d’auteur (BSDA). ‘’On a trouvé en plus des retards de paiement de répartitions qui s’accumulaient sur plusieurs années pour certaines catégories de droits et qui s’élevaient à 435 747 339 F CFA, des créances d’un montant de 1 033 138 171 F CFA, des endettements d’un montant de 84 748 862 F CFA, un total de perceptions (2012 à 2015) de 1 695 671 650 F CFA, un total de charges (2012 à 2015) de 1 213 652 087 F CFA, un total de répartitions (2012 à 2015) de 457 598 446 F CFA.
Par contre, avec la Sodav, à titre illustratif, ils ont relevé : ‘’Pas de retard de paiement de répartitions, des créances d’un montant de 823 499 695 F CFA, des endettements d’un montant de 61 086 723 F CFA, un total de perceptions d’octobre 2016 à 2019 de 2 580 255 617 F CFA, un total de charges d’octobre 2016 à 2019 de 1 408 788 695 F CFA, un total de répartitions d’octobre 2016 à 2019 de 1 182 012 264 F CFA.’’
Ainsi, à travers cette comparaison, ils ont salué ‘’l’excellent travail abattu par les instances dirigeantes qui ont hérité d’une société exsangue’’.