ENCORE DU POIDS DANS LA LOCOMOTIVE
Alors que les travaux du Train express régional sont en cours, des voix s’élèvent pour décrier le processus et les montants proposés pour les dédommagements des impenses
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Ayant débuté en juin 2017, les travaux du Train express régional (TER) sont en cours. Ce nouvel invité dans l’environnement du transport sénégalais dont la réception est prévue courant 2019 devra relier le centre ville dakarois à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD). Seulement, dans le cadre de la libération des emprises, alors que les travaux avancent à pas de géant, des voix s’élèvent pour décrier le processus et les montants proposés pour les dédommagements des impenses. Parmi elles, l'association La collectivité des jardiniers de Hann et de Mbao crache sur la somme, jugée dérisoire, proposée par l’autorité en compensation des espaces verts affectés par le TER et les investissements consentis dans ces jardins.
Un montant de 687 millions d'euros (environ 500 milliards de F Cfa) a été mobilisé pour la réalisation du Train express régional (TER), selon le site d'Alstom à Reichshoffen. L'ouvrage se dessine peu à peu. Toutefois, l'arrivée de ce nouveau naît des infrastructures du transport sénégalais est perçue sous différents angles par les principaux concernés à l'image de l'Agence de promotion des investissements et de grands travaux (APIX), les administrations locales et surtout les propriétaires des espaces impactés par le projet. Seulement, à l’heure de l’indemnisation des propriétaires des impenses libérées, certains, notamment des gérants des jardins et espaces verts situés à Hann et à Pikine ne savent toujours pas à quoi s’en tenir, disent-ils. En effet, regroupés autour de l'association
La collectivité des jardiniers de Hann et de Mbao, ces derniers ont tenu une rencontre, le dimanche 11 mars dernier, afin d'établir un plan d'action pour pousser le préfet de Pikine à respecter ces engagements face à leur situation. Dans la procédure de leur déguerpissement ces propriétaires d'espaces verts estiment que, conformément à ce qui a été arrêté avec les autorités préfectorales de Pikine, en rapport avec l’APIX, ils n’avaient pas à libérer tous leurs champs. Selon eux seuls quelques mètres, appelés la «bande verte», étaient concernés par le projet du TER. Et le montant des dédommagements devrait être calculé sur la base de cette «bande verte».
Seulement, avec l’exécution du projet en cours, le TER a pris plus d’espaces que prévu. Conséquence, ils seront réinscrits dans un autre cadre dénommé «bande bleue». Justement, c’est à ce niveau que les jardiniers dénoncent les procédures, non sans menacer d’organiser une marche pour se faire entendre, si rien n’est fait pour corriger cette «injustice». «Ils ont saccagés nos plants. Donc cela devrait faire partie du nouveau plan de dédommagement car nous avons investi beaucoup d’argent pour l’entretien de ces plants notamment les intrants: eau, matériel, produits phytosanitaires, engrais, pots de fleurs…
Tout cela doit être inclus dans le barème pour les compensations. Or le montant qu’ils nous proposent actuellement ne nous agrée pas. Les autorités nous ont demandé de dresser la liste des espaces qui n’ont pas encore été pris en compte dans le processus de dédommagement. Ce qui est déjà fait, nous avons déposé la liste auprès de l’autorité concernée depuis plus d’un mois. Mais jusqu’à présent nous n’avons rien vu. C’est pourquoi nous protestons», confient-ils. Au-delà de ces considérations, Abdoulaye Kane, membre de l'association La collectivité des jardiniers de Hann et de Mbao et ses camarades en appellent au respect de l’environnement et à la sauvegarde de ces espaces verts qui sont de petites fenêtres vertes dans la commune de Pikine. «Au Sénégal, on ne respecte pas l'environnement, il est un orphelin car en plus du non respect de la procédure retenue, ils sont venus saccager nos plantes et détruire plusieurs d'entre elles. Nous allons nous battre, nous allons élaborer un plan d’action. Mais, cette fois ci, nous n’allons pas nous limiter à un plaidoyer uniquement à la préfecture de Pikine, nous allons nous adresser directement à l'APIX qui a en charge ce projet, dès lors que nous avons eu à écrire plusieurs correspondances au préfet de Pikine, mais en vain. Et il a fallu l'intervention du gouverneur, car le préfet n'avait pas voulu nous recevoir, pour que nous obtenions gain de cause», explique-t-il.
Et Abdoulaye Kane d’ajouter: «l’APIX, en rapport avec l’administration locale, peut prévoir une supposée prochaine étape de la procédure dénommée «bande bleue» (après celle de la «bande verte», ndlr) afin de répondre à notre demande de dédommagement supplémentaire. Mais, pour nous, le plus important serait de sortir du tiroir nos dossiers et de les traiter avec plus de loyauté. Ils nous ont demandé de faire la liste de tous les gens parmi nous qui n'ont pas été dédommagés, cela est déjà fait» insiste-t-il. En attendant, en réponse à ces récriminations, l'APIX, structure de l’Etat du Sénégal à qui la maîtrise d’ouvrage de cette nouvelle ligne de train devant relier la capitale et le nouvel aéroport international Blaise Diagne a été déléguée et qui est indexée s’est voulu clair. «Toutes les pertes liées au projet sont compensées, qu’il s’agisse d’espaces à usage d’habitation, de commerce, de culte, d’agrément, etc.», assure-telle. (Voir par ailleurs)