AMBIANCE MOROSE AVANT LA TABASKI
Alors que la grande ruée n'est pas encore là, les points de vente de la capitale reçoivent progressivement leurs premiers troupeaux, avec des prix encore élevés selon les clients

La communauté musulmane sénégalaise va célébrer la fête du mouton appelée Tabaski 2024 (1445H), dans une huitaine de jours. Mais, en attendant l’arrivée massive des moutons de l’élevage traditionnel dits «coggal», ce n’est pas encore le grand rush au niveau des points de vente où sont exposés, depuis presque un mois, de gros béliers de races issus de l’élevage domestique et dont les prix sont hors de portée pour les «goorgoorlu».
A quelques encablures de la fête de l’Aïd el-Kébir ou Tabaski, Dakar commence à recevoir de plus en plus de moutons. Contrairement à de nombreux sites normalisés qui peinent encore à faire le plein, des moutons sont «explosés» au niveau de points de vente aménagés un peu partout dans Dakar et sa banlieue à des coins accessibles. Pour l’instant, en attendant l’arrivée massive de troupeaux en provenance de l’intérieur du pays et de pays voisins (Mali, Mauritanie), ce sont les gros béliers de l’élevage domestique qui sont visibles le long des grandes artères et de certains points stratégiques de plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise. Ce qui, entre autres, expliquerait qu’il n’y ait pas encore d’affluence au niveau des points de vente. Les clients et les vendeurs viennent au comptegouttes.
A l’esplanade du stade Léopold Sédar Senghor, l’un des plus grands points de vente de Dakar, on dénombre plusieurs troupeaux de moutons disséminés le long du mur de clôture. Les barrières érigées servent d’enclos aux animaux. Les troupeaux dépassent rarement la cinquante de têtes. Ici, le manque d’électricité, d’eau et l’absence d’un dispositif de sécurité publique handicapent l’activité des éleveurs. Pour l’instant, en ce qui concerne l’organisation, M. Serigne Cissé, responsable du Comité de Gestion du Point de Vente Stade Amitié, relève que «les éleveurs de l’intérieur du pays commencent à venir petit à petit. Pour s’installer, il faut juste donner 5000 FCFA, une participation symbolique. Nous indiquons à la personne le lieu qu’il aménage pour installer son troupeau de mouton».
Auparavant, «il fallait débourser 25000 FCFA pour trouver une place. Mais, depuis que j’ai été nommé à la tête du comité, nous avons mis un terme à ces pratiques. Actuellement, tout se fait dans la plus grande transparence», indique-t-il. A quelques encablures de l’échangeur, sa partie située face aux HLM Grand Yoff, Massar Guèye, vendeur, explique : «les moutons que nous vendons ont été élevés dans des conditions excellentes. Nos fournisseurs sont les habitants du quartier. Les prix sont abordables. Ils varient entre 200.000 FCFA et 3,5 millions de FCFA». En plus, M. Guèye accepte que les clients lui confient leur mouton, moyennant une somme d’argent de 20.000 FCFA, après achat. Car certains ont des difficultés pour garder la bête chez eux. Les charges sont nombreuses, martèlent les vendeurs : l’achat de l’aliment bétail, l’hygiène des animaux et le suivi vétérinaire, voilà autant de conditions qu’il faut pour obtenir des moutons de qualité. S’agissant de la flambée des prix, M. Guèye a précisé que le sac de «xonte» (foins, aliment de bétail, fourrages) fabriqué par une entreprise de la place et celui provenant du Mali, très prisés, coûtent respectivement : 10.000 FCFA et 17.500 FCFA. Selon lui, c’est ce qui explique aujourd’hui, la cherté du mouton. Pour leur part, les clients que nous avons rencontrés imputent la responsabilité du coût élevé des bêtes aux vendeurs, en cette veille de fête de l’Aïd el-Kébir.
Cependant, interrogé sur la flambée des prix, M. Guèye estime que les opérateurs n’abusent pas des clients. «Les prix pratiqués sur le marché ne profitent pas aux éleveurs. Car, ce qu’ils gagnent est insignifiant par rapport à tout ce qu’ils endurent pour élever les animaux», a déclaré M. Guèye.