INCIVISME NOTOIRE FACE À UN MAL INCURABLE
De nombreux quartiers souffrent de grands maux qui ont pour noms, entre autres, insalubrité
Beaucoup de quartiers dakarois sont confrontés à des problèmes d’insalubrité, malgré les efforts consentis par le gouvernement, avec la reprise des «Cleanings Days», sous une nouvelle appellation : «Bësup Setal». Dans beaucoup de secteurs, les canaux d’évacuation d’eaux usées et de pluies sont transformés en dépotoir d’ordures. Et celui de Capec (Zac Mbao), ne fait pas exception à cette forme d’incivisme des populations et riverains. Face au nombre insuffisant de passages du camion de ramassage d’ordures, le canal fait office de poubelle, favorisant ainsi le développement et la reproduction des insectes nuisibles, telles que les moustiques qui ont fini par coloniser le quartier de Capec.
De nombreux quartiers souffrent de grands maux qui ont pour noms, entre autres, insalubrité. Force est de constater que dans plusieurs localités, les canaux et autres ouvrages et infrastructures aménagés pour le drainage des eaux usées et de pluies, sont transformés en dépotoir de déchets solides ménagers par des riverains qui se soucient peu de l’environnement. Le canal de Capec, sis à Zac Mbao, situé à quelques pas de la route principale, en est une parfaite illustration. Du fait du nombre insuffisant de passages du camion de ramassage des ordures, il est devenu une poubelle qui reçoit, sans broncher, tout type de déchets solides provenant des maisons situées aux alentours. Tout le long du canal est recouvert d’herbes, d’ordures mélangées avec les eaux usées domestiques que les ménages déversent dans l’ouvrage d’assainissement. Conséquence, une odeur nauséabonde peste et accueille résidants et passants. A cela s’ajoutent les moustiques qui s’y développent et qui colonisent les maisons. C’est l’image que renvoie le canal de Capec qui ne passe plus inaperçu, du fait des tonnes d’ordures qu’il reçoit et qui ne cessent de s’amplifier de jour en jour.
RARETE DES ROTATIONS DE CAMIONS DE RAMASSAGE D’ORDURES, L’ALIBI
Ndèye Anta Bèye, résidante de Zac Mbao depuis 3 ans, évoque les raisons de cette insalubrité. «Nous sommes obligés de déverser nos ordures dans le canal parce que le camion de ramassage passe rarement dans cette zone. Les poubelles, dès qu’elles sont pleines, nous venons les vider ici, au risque que nos maison ne soient envahies par des vers de terre», explique-t-elle. Dans ce même sillage, Diatou Guèye soutient qu’elle a imité les autres qui déversent dans le canal. «Au début, quand ma poubelle était pleine, je mettais le contenu dans un sac de riz vide jusqu’à ce que les camions de ramassage d’ordures viennent. Mais cela commençait à me fatiguer car le contenu puait dans toute la maison. Donc, quand j’ai vu les autres vider leurs poubelles dans le canal, j’ai commencé à faire pareil», fait-elle savoir. Dianna Ndoye, mère de famille, estime que l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG) doit revoir les choses, si elle ne veut pas que des ordures soient jetées dans le canal. «Le camion d’ordure doit venir au moins trois fois par semaine, pour éviter toute cette insalubrité. Nous aussi, nous ne pouvons pas garder éternellement nos ordures dans nos maisons, au risque qu’elles empestent les lieux, surtout qu’on a tout le temps des invités», dit-elle. Selon Daouda Diallo, toute cette quantité d’ordures mêlées aux eaux usées a favorisé le développement des moustiques qui envahissent, chaque nuit, les maisons. «Les femmes déversent les contenus de leurs poubelles dans le canal.
Pourtant, c’est nous-mêmes qui subissons les conséquences. Car, chaque nuits, nous sommes obligés d’utiliser des antis moustiques pour dormir en toute tranquillité», souligne-t-il. Non sans évoquer aussi l’odeur qui se dégage du canal : «cette ordure a fini par polluer l’air que nous respirons car l’odeur qui s’y dégage est irrespirable. Cela peut même être source de maladies respiratoires», renseigne Daouda Diallo qui se désole de la situation de son quartier. Des canaux remplis d’ordures font partis du décor de plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise, Dakar et sa banlieue. Un phénomène qui n’est pas anodin, car relevant l’incivisme qui semble être «typiquement» sénégalais. Même s’il faut déplorer une certaine carence dans la politique de gestion des ordures, avec des rotations irrégulières des camions ramassage et aussi l’inaccessibilité de certaines zones.