GUET-NDAR DEVERSE SA COLERE DANS LES RUES
375 morts en 15 ans sur la brèche
La brèche, ouverte en octobre 2.003 par le régime du président Abdoulaye Wade pour sauver Saint-Louis des inondations, a fait 375 victimes. Une situation qui a fini d’exaspérer les pêcheurs de Guet-Ndar et des autres contrées du pays. Pour exprimer leur courroux, les acteurs de la pêche ont battu avant-hier le pavé pour réclamer le dragage, le balisage et surtout la stabilisation de la brèche.
Jamais de mémoire de Saint-louisien et surtout de Guet-ndarien, une manifestation (politique, sportive, religieuse, culturelle, économique etc.), n’a drainé autant de monde. Combien étaient-ils exactement? La procession a démarré par la langue de barbarie. Puis les marcheurs ont investi l’île dès les premières heures de la matinée. Les manifestants sont venus de Saint-Louis, de Kayar, de Gandiol, de Dakar, pour participer à cette marche de protestation qui a drainé une foule bigarrée.
Les manifestants ont condamné avec la dernière énergie les lenteurs notées dans le démarrage des travaux pour stabiliser la brèche, pourtant annoncé depuis 2014 par le président de la République Macky Sall. Les pêcheurs de Guet Ndar ont marché pour exiger le dragage, le balisage et la stabilisation du canal de délestage creusé en 2003 et qui a engendré la mort de plus de 375 d’entre eux. Arborant du rouge, les manifestants ont déversé leur colère à travers des « slogans hostiles ». «Nous voulons le respect des promesses faites par le Chef de l’Etat, Macky Sall. Depuis 2014 et bien avant, nous attendons en vain. Nous ne voulons plus que cette brèche ouverte soit un mouroir pour nous pêcheurs. Cette marche est légale, c’est pourquoi le Préfet l’a autorisée», a déclaré Baye Dièye au terme de la procession qui avait commencé au quai de pêches pour se terminer à la place Faidherbe. «Nous en avons marre des promesses et nous voulons qu’au plus vite cette brèche soit draguée, balisée et stabilisée. Elle est à la base de nos souffrances. La traversée constitue un véritable casse-tête pour nous, avec beaucoup de risques. Je rappelle que cette marche n’a aucun soubassement politique. Elle est légitime, et c’est un acte citoyen. La pêche est notre principale ressource économique. Nous contribuons beaucoup pour le développement de notre pays. Si la pêche marche bien à Saint-Louis, tous les secteurs le sentent», a-t-il précisé.
LE PIRE EVITE DE JUSTESSE…
L’occasion faisant le larron, les protestataires exigent la libération de leurs frères retenus dans les geôles de Thiès, ainsi que l’accélération du «processus d’octroi des licences de pêche». Ils estiment que depuis plusieurs années maintenant, leurs activités sont au ralenti. Les choses pouvaient dégénérer si les forces de l’ordre avaient répondu aux provocations des manifestants. Ces derniers, arrivés à la place Faidherbe, ont non seulement «insulté» les forces de l’ordre qui sont restés calmes, mais aussi menacé d’attaquer les boutiques installées aux alentours. Mais le commissaire Fall a tout simplement ordonné aux propriétaires de fermer pour éviter tout débordement. Les éléments des forces ont reçu des renforts pour parer à toute éventualité. La gouvernance et la préfecture ont été encerclées par les forces de l’ordre. Le pont Moustaphe Malick Gaye a été barré. Les automobilistes étaient obligés de faire le détour en évitant le centre-ville, occasionnant ainsi un embouteillage monstre.