IBRAHIMA LY RISQUE LA PRISON A PERPETUITE
Âgé de 35 ans, le présumé recruteur de djihadistes risque de passer toute sa vie en prison
Ibrahima Ly est dans de beaux draps. Âgé de 35 ans, le présumé recruteur de djihadistes risque de passer toute sa vie en prison. C’est la peine requise par le parquet à son encontre. Malgré tout, il nie avoir incité les jeunes à aller en Syrie. L’accusé sera fixé sur son sort le 9 avril prochain
S’il ne tient qu’au procureur de la République, Aly Ciré Ndiaye, l’accusé Ibrahima Ly passera le reste de sa vie en prison. Il a requis à son encontre la prison à perpétuité. «Je ne peux pas comprendre après 3 mois passés au cœur de l’État islamique, qu’on le laisse tranquillement rentrez chez lui. Il a dit qu’il a quitté Raqqa pour revenir au Sénégal pour apprendre le Coran», a rappelé le maitre des poursuites qui ne croit pas à cette thèse. D’après Aly Ciré Ndiaye, lors de son interpellation, Ibrahima Ly a tenté de prendre la fuite «sans préciser que des tirs de sommation ont été effectués». À l’en croire, la perquisition faite chez le présumé terroriste a permis de trouver «des livres, des notes d’enseignements islamiques, des téléphones, des billets de banques, deux passeports ont été découverts».
Suffisant pour relever que «personne ne peut croire aux déclarations de l’accusé qui aurait quitté la France uniquement pour aller apprendre le Coran». «Il savait qu’en Syrie il y’avait la guerre, mais il a continué son chemin pour se rendre dans ce pays», indique-t-il. Pour être plus explicite, le parquetier a rappelé ce qui se trouve au centre de Syrie. «Cette ville est déclarée comme étant la capitale de l’État islamique. Cet État avait une place baptisée le rondpoint de l’enfer», a-t-il déclaré. Il est convaincu que le projet d’Ibrahima Ly était en rapport avec une entreprise individuelle. Car, à travers la presse, les vidéos, ils ont proclamé être des terroristes. Un dessein dit-il qui devait tendre à un but qui est de faire régner un trouble grave de l’ordre public par la terreur et l’intimidation. Revenant sur son nom de guerre Abou Azam, Aly Ciré Ndiaye trouve que ce nom est très révélateur. «La philosophie que la personne a eu à hériter comme nom de guerre disait que l’Islam est une religion que le sang doit nourrir. Aboul Azam était l’un des pionniers du djihadisme avec Ben Laden. Ils ont formé les premiers terroristes», a-t-il informé. Suite à cela, il pré- cise qu’il n’est plus permis un seul instant de douter des faits reprochés à Ibrahima Ly. Sur ce, il sollicite une peine de travaux forcés à perpétuité à son encontre.
LA DEFENSE DEMANDE D’ECARTER LA LETTRE DU JUGE FRANÇAIS DE LA PROCEDURE
L’avocat de la défense Me Daouda Kâ précise qu’il n’est pas avocat d’un djihadiste mais celui d’un jeune franco-sénégalais. «Je demande que cette commission rogatoire soit écartée. Ce n’est pas un juge sénégalais mais c’est un juge français qui a écrit une lettre lorsqu’il a su qu’Ibrahima Ly a été interpellé», dit-il. Selon la robe noire, on ne peut pas aussi se fonder sur des propos d’un coaccusé dont on n’a pas le procès verbal pour dire qu’il est coupable. On pouvait faire une commission rogatoire pour aller en France interroger sa famille et les gens qui fréquentent la mosquée où il priait, souligne-t-il. Il pense que son client est une victime et rien n’a été trouvé chez lui lors de la perquisition. «On ne condamne pas une personne à perpétuité en faisant allusion à l’histoire. C’est une personne honnête qui a même coopéré pour la manifestation de la vérité. La vidéo c’est la rançon pour obtenir la liberté», dit-il en plaidant la relaxe au bénéfice du doute. Pour son dernier mot, Ibrahima Ly dit avoir confiance en la justice sénégalaise. «Je ne vais pas vous tromper avec mon habillement. Je suis au Sénégal et j’ai l’espoir de ressortir pour voir ma famille et mes marabouts. Ces personnes peuvent me conseiller de ne pas mettre les pieds là où je ne devais pas les mettre. J’ai expliqué hier mon déplacement de la France vers la Syrie. Je voulais apprendre le Coran et parler arabe au milieu des arabes », nous renseigne-t-il. Délibéré au 9 avril prochain.