IBRAHIMA MBALLO SE REFUGIE DERRIERE LA MALADIE
Bien qu’ayant reconnu, à la barre de la Chambre criminelle spéciale, avoir séjourné dans les zones contrôlées par Boko Haram, lors d’un séjour au Nigéria, l’accusé a soutenu n’avoir participé à aucune formation militaire
Bien qu’ayant reconnu, à la barre de la Chambre criminelle spéciale, avoir séjourné dans les zones contrôlées par Boko Haram, lors d’un séjour au Nigéria, l’accusé Ibrahima Mballo a soutenu n’avoir participé à aucune formation militaire, encore moins à un combat pour le compte du mouvement djihadiste. Selon ses déclarations, il est tombé malade juste après son arrivée à Abaddam, première étape du séjour dans le fief de Boko Haram
L ’accusé Ibrahima Mballo, alias Abou Moussa a reconnu son séjour dans le fief de Boko Haram, au Nigéria, à la barre de la Chambre criminelle spéciale du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar chargé de connaître du dossier sur le terrorisme. Cependant, selon ses dires, à cause d’une maladie, il n’a pas bénéficié d’une formation militaire, encore moins participé à des combats aux côtés des troupes de Boko Haram. Auditionné hier, jeudi 19 avril, huitième jour du procès, le détenu a affirmé s’être rendu au Nigeria pour faire de l’hégire qui est à son avis, un voyage d’apprentissage de la religion.
Pour ce voyage, Ibrahima Mballo a dit n’avoir informé que sa mère qui n’a pas demandé à savoir davantage sur sa destination. Ayant pris départ à partir de Kaolack, l’accusé s’est rendu au Nigeria grâce à la somme de 150.000 F Cfa que lui a remis Ibrahima Ba. Une fois au Nigéria, Ibrahima Mballo s’es rendu d’abord à Abaddam puis à Fathul Moubine, avant d’atterrir à Sambissa. Pendant tout ce temps, le prévenu a soutenu n’avoir pas été en contact avec les chefs de Boko Haram, à cause d’une maladie. Et certaines de ses déclarations tenues pendant l’enquête, lui ont été rapportées par certains de ses camarades, selon ses dires. Interrogé sur la question de savoir si les bombardements de l’Armée nigériane ne sont pas la cause de son transfert vers la forêt de Sambissa, Ibrahima Mballo a répondu qu’il n’entendait les bombardements que de loin. Le président du tribunal, Samba Kane, intrigué par cette déclaration, lui a demandé quel intérêt avait les gens de Boko Haram à le transférer vers d’autres lieux alors que sa présence ne leur a pas été utile. Ibrahima Mballo a rétorqué qu’étant des musulmans, il était de la responsabilité de Boko Haram de soutenir ses hôtes.
Après quelques mois de séjour au fief de Boko Haram, Ibrahima Mballo a engagé le chemin de retour vers le Sénégal, en compagnie de ses camardes, Cheikh Ibrahima Ba, Oumar Yaffa et Ibrahima Mballo. Comme son compagnon, Oumar Yaffa, il reconnait avoir eu l’autorisation de quitter le bastion de Boko Haram suite à l’intervention de Makhtar Diokhané. Ce dernier a réussi, selon l’accusé, à convaincre Aboubakr Shekau, après deux lettres sans suite des djihadistes séné- galais désireux de quitter le Nigeria. Sur le chemin du retour, ils se sont arrêtés à Andak, dans une école gérée par Makhtar Diokhané. Le procureur Aly Ciré Ndiaye a demandé au détenu s’il avait eu la possibilité d’apprendre sa religion, dès l’instant que l’apprentissage a été son ambition.
Le prévenu a répondu par la né- gation. Le procureur est revenu à la charge pour lui signifier que si apprendre la religion était son but, pourquoi n’a-t-il pas saisi cette occasion ? En quittant Boko Haram, Makhtar Diokhané a remis de l’argent à Moussa Aw, pour leurs frais de voyage. Le pré- sident du tribunal, Samba Kane, soupçonnant une incohérence, lui a notifié l’impossibilité qu’on leur donne de l’argent surtout du moment où ils ont été en contradiction avec le chef de Boko Haram. Comme son camarade Oumar Yaffa, Ibrahima Mballo a reconnu que Makhtar Diokhané les a trouvés au Niger quand ils ont été arrêtés pour détention de faux billets dans ce pays.
ALY CIRE NDIAYE ENFONCE ABOU MOUSSA… SUR SON SURNOM
Très méticuleux dans ses questions, le procureur Aly Ciré Ndiaye a demandé au prévenu l’origine de son surnom. En réponse, il a dit qu’il a choisi de se faire nommer Abou Moussa conformé- ment à une recommandation du Prophète (PSL). Revenant à la charge, le procureur lui a demandé si les membres de sa famille l’appellent ainsi. Et l’accusé de souligner que ces derniers ne connaissent pas ce surnom. Dans ses questions, le représentant du ministère public a demandé au prévenu de revenir sur les supposés brouilles entre Sé- négalais partis au Nigeria. Ibrahima Mballo a soutenu qu’il n’a été informé que par Oumar Yaffa d’une divergence entre les Séné- galais et les membres du groupe Boko Haram sur la détention des cartes d’identité et la perception de l’école. Ne s’est-il pas agi d’une dispute entre Sénégalais désireux de rester pour continuer le combat aux côtés de Boko Haram, les partisans du retour pour instaurer la charia au Sénégal et ceux désireux de quitter le Nigeria dare-dare, l’interroge-t-il ? L’accusé refuse de répondre à cette référence du procureur puisée des éléments de l’enquête. Ibrahima Mballo, en réponse à une demande du parquet, a refusé de donner les noms des Séné- galais qu’il a trouvés au Nigeria. Le procureur lui rappelle qu’un certain Ismaël Ndiaye dont il dé- tenait la pièce d’identité, au moment de son arrestation au Niger, était parmi ceux restés au Nigeria. Le fait qu’il avait, par devers lui, la carte nationale d’identité de cette personne nommée Ismaël Ndiaye au moment du retour est lié au fait qu’il avait déjà donné sa pièce d’identité aux responsables de Boko Haram et que ses compagnons de voyage n’avaient pas donné leurs pièces, a soutenu le prévenu. L’accusé a nié avoir eu la volonté de créer une base djihadiste, une fois de retour au Sénégal, comme mentionné dans les enquêtes.
PROCES D’IMAM ALIOU NDAO ET CO-ACCUSES Me Ousseynou Fall perturbe l’audience
Le bouillant avocat, Me Ousseynou Fall, qui s’est distingué dernièrement lors du procès du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, est revenu à ses habitudes hier, jeudi 19 avril, huitième jour de procès pour apologie de terrorisme, lors de la comparution de son client, Mor Mbaye Déme. En effet, l’avocat a bondi de son siège pour s’attaquer au représentant du parquet, Aly Ciré Ndiaye, au moment où ce dernier acculait son client sur une supposée participation à une réunion en Mauritanie. «Ce n’est pas à vous de me dire la manière de poser des questions. Si vous le faites dans d’autres audiences, cela ne se passe pas ainsi avec moi», a rétorqué le substitut du procureur, Aly Ciré Ndiaye. «Restez tranquille et attendez votre tour. Monsieur le procureur gardez votre calme», leurs lancera le président Samba Kane qui a ainsi tenté, en vain, de calmer les deux parties. C’est dans ce mélimélo que l’audience a été suspendue à 12h21. A la reprise du débat à 15 heures, le président du tribunal Samba Kane, a rappelé à l’avocat qu’en vertu de l’article 255 du Code de procédure pé- nale, c’est à lui seul que revient la police de l’audience. L’avocat s’est excusé par la suite avant que le président Samb Kane ne lui recommande d’attendre prochainement son temps de parole avant de faire une quelconque Remarque.