«IL Y A DES POSSIBILITES DE COLLABORATION À NDINGUELER »
Abdou Karim Fofana qui a eu connaissance du dossier a pris note, avant d'inviter les uns et les autres à trouver une solution pacifique.
Le litige foncier qui oppose les populations de Ndingueler à l'homme d'affaires Babacar Ngom a suscité de vives réactions ces derniers temps. Pour éviter que la situation ne prenne une autre tournure, le ministre de l'urbanisme et du cadre de vie s'est rendu hier dans la localité pour rencontrer les différentes parties et tenter une médiation. Abdou Karim Fofana qui a eu connaissance du dossier a pris note, avant d'inviter les uns et les autres à trouver une solution pacifique.
Monsieur le ministre, qu'est-ce qui motive votre déplacement ici à Ndingueler ?
Nous sommes venus ici dans la commune de Ndiaganiao, mais aussi ici à Djilakh pour mettre en œuvre ce qu'on appelle la responsabilité préventive de l’Etat. Partout au Sénégal où il y a des populations, que cela soit des entreprises, des communautés qui ne s’entendent pas, que cela soit sur des questions foncières ou autre, l’Etat doit être présent, l'Etat doit être à l'écoute des populations pour trouver des solutions pacifiques. Nous avons un pays avec un potentiel économique très fort, que ce soit en matière agricole, minière ou encore touristique. Mais rien ne doit se faire au détriment du respect des droits des populations. Nous sommes venus parler aux populations mais aussi pour écouter. Nous n'étions pas venus apporter une solution toute faite, mais nous étions là pour écouter chaque partie. Vous savez, l’écoute apaise les passions. L’écoute permet de savoir le fondement peut-être des récriminations portées par chacun sur ce sujet. Donc, c’était un peu cela l'objet de notre venue ici.
Qu’est-ce qu'on peut retenir de vos échanges avec les populations ?
Nous avons écouté les populations de Ndingueler, avec leurs exigences. Nous avons également eu à écouter les populations de Djilakh et les responsables du groupe Sédima. Le plus important, c'est qu'on parvienne à entrevoir des pistes de solutions. Il y a certes des exigences fermes de chaque côté, mais il y a aussi des possibilités de collaboration. Il sera alors de mon devoir de synthétiser toutes ces voix qui se sont exprimées et de proposer à l’autorité un certain nombre de choses pour sortir de cette situation.
Les deux camps ne parlent pas le même langage. Quelle est votre position en tant qu’autorité?
Vous savez, je ne suis pas venu pour mettre de l'huile sur le feu. Je suis plutôt ici pour écouter les différentes parties et essayer de trouver des solutions. Quel que soit ce qui a été exprimé ici, le plus important, c'est l'état d'esprit dans lequel les populations se sont exprimées. Mais c'est surtout de savoir aussi qu'il y a des possibilités de collaboration. Je pense que ce soit dans le village de Ndingueler ou ici même à Djilakh, nous avons entendu des positions fermes. Mais nous avons aussi entendu des possibilités de collaboration, si l’approche est peut-être révisée. Et il faut l’admettre. Et je pense que sur cette base, nous pourrons travailler avec les services, le DGAT, le préfet etle sous-préfet, pour pouvoir trouver une solution à proposer aux populations, mais aussi aux autorités. Je pense qu’aujourd’hui, la presse, comme les autorités territoriales ou encore les associations, nous devons travailler à trouver une solution pacifiée. C'est le rôle de tous les citoyens que nous sommes.
Quand espérez-vous que cette solution sera trouvée ?
Comme j’ai eu à le dire, je n'ai pas de solution. Je suis venu pour en trouver, après avoir écouté les différentes parties. Je n'ai pas une baguette magique. J'ai en face de moi des populations, des citoyens qui ont des difficultés. Et je suis là pour essayer de faire une conciliation. D'une part, les uns vous diront que j’ai mon titre foncier. D'autre part, vous aurez une légitimité, avec beaucoup d’anecdotes que les gens pourront vous raconter. Certains vous diront que pendant des décennies, ils ont travaillé sur ces terres. D'autres vous diront que leurs ancêtres sont enterrés ici. Donc, il faut éviter une confrontation entre le droit et la légitimité. Par contre, il nous faut tracer des voies de collaboration, mais aussi d’entente fraternelle entre les populations, les entreprises, mais aussi entre toutes ces populations de ces localités. Le Sénégal a besoin d’une agriculture forte, moderne. Mais aussi, le Sénégal a besoin de paix et d'ordre social. Et pour cela, il faut le respect des populations, de leurs droits, mais aussi de leurs croyances.