J’AI SOUFFERT LE MARTYRE DANS LA PRISON À BAMAKO
Libéré après deux mois et demi de détention, Mamadou Sylla se confie en exclusivité au «Témoin»
La nouvelle de l’emprisonnement du journaliste sénégalais Mamadou Sylla à Bamako pour soupçons d’accointances avec des djihadistes avait fini d’installer l’inquiétude au sein de sa famille, de ses amis et des confrères. Mamadou Sylla, ex-collaborateur de Témoin Hebdo — devenu Témoin quotidien — avait été arrêté le 22 juillet dernier juste à la sortie d’une mosquée de Bamako. La capitale malienne venait de subir une attaque du stratégique camp militaire de Kati et la panique prévalait. Mamadou Sylla, quise trouvait au mauvais endroit et au mauvais moment, avait été arrêté dans un tel environnement de suspicion et de délations dont les principales victimes étaient les Peuls, en particulier, mais surtout les étrangers de manière générale. Mamadou Sylla faisait partie d’un groupe de cinquante personnes accusées de « terrorisme djihadiste en relation avec une entreprise étrangère ». C’est donc dans ces conditions qu’il a été jeté en prison pendant près de deux mois et demi. Un beau matin du 12 octobre dernier, il a été libéré. Pendant cette détention, les autorités sénégalaises, mais surtout des confrères comme le directeur de publication du Témoin, Mamadou Oumar Ndiaye, les journalistes Soumaïla Aidara, patron de « Confidentiel Afrique », Hussein Ba, Amadou Ly Diom ont déployé beaucoup d’énergie pour obtenir la libération du journaliste. En exclusivité pour le Témoin, Mamadou Sylla parle de son séjour carcéral, des raisons de sa présence à Bamako et aussi de la question djihadiste qui secoue la sous-région ouest-africaine. Interview exclusive !
Le Témoin - Mamadou Sylla, votre arrestation au Mali a eu un écho au Sénégal. Mais avant d’y revenir, quels étaient été les motifs de votre présence en terre malienne ?
Mamadou SYLLA - Il ne faut pas oublier que le Mali venait d’être attaqué par, dit-on, des forces djihadistes à Kati. C’est comme si je vous disais que les forces djihadistes ont attaqué Toubab Dialaw ou Sébikotane. Il faut dire que Kati, c’est quand même Bamako. Toute la population était dans la trouille. Les forces de l’ordre avaient perdu plus ou moins le contrôle de la situation. Le jour suivant, le vendredi 22 juillet 2022, dans la matinée, mon téléphone portable était déchargé après la grande prière. J’étais obligé d’aller le recharger dans une boutique où j’avais l’habitude de le faire. J’y ai laissé le téléphone pour aller prier à Sénou, à quelques kilomètres de Bamako, près de l’aéroport. Je suis resté sur place jusqu’à la dernière prière du soir. Ensuite, j’ai pris le chemin du retour sur Bamako. Ne maitrisant pas totalement la ville, j’ai demandé à un monsieur avec qui j’ai partagé le même rang au moment de la prière, un raccourci possible jusqu’à la Nationale puisque je devais rentrer sur Bamako. Le bonhomme s’est inquiété du fait que je ne pouvais pas trouver un raccourci pour aller sur la Nationale. Il m’a alors dit : « vous êtes un étranger ». Ma réponse a été de lui dire que je viens de faire deux ans à Bamako mais, avec la nuit tombante, je ne pouvais pas me retrouver. Subitement, il m’a exigé la présentation de mes pièces d’identité. Je lui ai demandé à quel titre il me la réclamait. J’ai refusé en lui indiquant carrément qu’il n’était ni un gendarme, ni un policier pour m’exiger la présentation de mes papiers d’identité. Notre dispute a attiré la foule. La gendarmerie de Sénou, appelée, m’a amené vers 21 h dans ses locaux. Un officier de la gendarmerie m’a interrogé de manière courtoise pendant trois à quatre heures de temps. J’ai été photographié et tous mes documents d’identité ont été photocopiés. J’ai trouvé à la gendarmerie de Sénou d’autres gens arrêtés dans les mêmes conditions que moi. Je suis resté dans les locaux de la gendarmerie jusqu’au jeudi suivant, donc pendant près d’une semaine. Un autre officier a eu à m’interroger ce jeudi-là en me posant les mêmes questions. J’ai répondu avec tact et avec beaucoup de sérénité. Lors de mes deux entretiens avec les deux officiers, je suis parvenu à les convaincre que je n’étais associé en rien à une entreprise terroriste au Mali. D’ailleurs l’anecdote, c’est qu’un des officiers a même voulu m’acheter à manger, ce que j’ai décliné. Le vendredi suivant, j’ai été conduit devant le juge d’instruction où j’ai trouvé d’autres personnes qui étaient dans le même cas que moi. Le juge d’instruction dira tout simplement « C’est Sylla ? J’ai répondu oui. Je vous mets sous mandat de dépôt ». Il m’a demandé si j’avais besoin d’avocats, j’ai décliné l’offre en lui faisant comprendre que j’ai confiance à la justice malienne parce que je suis plus innocent que l’innocence. Que je n’avais rien à voir avec ce que l’on me reprochait. Surtout qu’au moment de mon arrestation, je sortais d’une mosquée et je ne détenais même pas un couteau avec moi. Il m’a demandé ensuite si j’appartenais à une organisation syndicale. Ma réponse a été oui, mais que je ne suis pas disposé à décliner l’identité de ladite organisation. Je lui ai juste suggéré d’aller fouiller dans mes bagages chez moi pour retrouver un document de réflexion que j’avais rédigé sur la façon dont il faut lutter contre l’extrémisme religieux. Le juge m’avait dit qu’il allait envoyer quelqu’un, ce qu’il n’a jamais fait. Je lui ai ensuite dit que je prends de l’âge et je ne supporte pas la prison parce que j’ai développé des palpitations cardiaques et une baisse de la vision. Ce qui était faux d’ailleurs pour les palpitations cardiaques. Il m’avait rassuré en me disant que je n’allais rester que quelques jours en prison. Finalement, mon séjour carcéral a duré plus de deux mois.
Est-ce que ce n’est pas un délit de faciès et d’accoutrement qui vous a perdu dans un pays traversé par une méfiance généralisée et la peur du djihadiste ?
Le Mali est traversé par une panique généralisée régnant à Bamako. Je n’ai pas reçu l’acte d’accusation du juge pour savoir exactement ce que l’on me reproche. Après mon face à face avec le juge d’instruction, j’ai été transféré à la grande prison de Bomba en pleine capitale. C’est ce jour-là qu’un officier de police, après avoir lu les noms d’une cinquantaine de personnes qui étaient avec moi, nous a dit que nous étions accusés de terrorisme djihadiste en relation avec une société étrangère. Ce qui m’a frappé, c’est qu’en prison, il y a beaucoup d’étrangers. Certes nous avons trouvé des Maliens qui sont les plus nombreux, mais il y avait aussi des Soudanais, des Camerounais, un Américain, des Nigérians, des Nigériens… A l’intérieur de la prison, il y avait aussi une écrasante majorité de Peuls, surtout des ressortissants de Mopti parce que le mouvement islamique dans cette zone est essentiellement composé de Peuls.
Finalement vous avez été victime de ce qu’on peut appeler « la peur de l’étranger » dans un pays qui a fini de sombrer à cause du terrorisme djihadiste ?
En prison, j’étais le seul Sénégalais. Je dois dire qu’au Mali, actuellement, il y a une certaine peur des étrangers qui parlent la langue française. Mon statut de journaliste formé en France, surtout lorsqu’ils ont vu mes diplômes dans mon sac, a compliqué ma situation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils m’ont retenu pendant cette période. Mais je souligne que si le terrorisme cherchait une antithèse, moi Mamadou Sylla, Sénégalais produit de la tarikha tijiania, je suis l’antithèse même du terrorisme. L’islam au Sénégal est détesté par les djihadistes qui ont une autre interprétation de l’islam.
Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre présence en terre malienne ?
Ma présence au Mali s’explique par le fait que j’aime tout simplement voyager. J’aime bouger. J’ai hérité de ce virus du voyage de mon père qui était un conducteur de trains. Déjà tout petit, il m’amenait pratiquement dans toutes les grandes villes du pays et même parfois jusqu’à Kidira pour m’y laisser. Je tombe malade lorsque je reste deux mois sans bouger. C’est peut-être cela qui m’a poussé à faire du journalisme qui est un métier de mouvements, de découvertes, de rencontres. En outre, bien qu’il soit proche du Sénégal, je n’avais jamais vraiment visité le Mali que je découvrais alors pour la 2ème fois. La première fois, c’était lors de l’inauguration du monument de la Renaissance en 2007.Je ne connaissais parle Mali, j’ai travaillé en Guinée comme consultant en Islam dans une radio à travers une émission que je faisais avec un certain Sylla. Une émission qui a connu beaucoup de succès. C’est seulement ce besoin d’aventure qui m’a amené au Mali.
Dans votre cursus professionnel de journaliste, vous avez beaucoup écrit sur ce qui a trait à la culture arabe, à la cause palestinienne, aux relations internationales. Une telle orientation n’explique-t-elle pas aussi votre arrestation?
Mais non ! Vous savez, on ne choisit pas sa culture, ni sa nationalité, ni ses parents et le pays où on doit naitre. Moi je suis Sénégalais, de la tarikha tidjania. Je ne pouvais pas avoir des accointances avec l’intégrisme religieux. Au Sénégal, dans ce domaine, nous n’avons que des faiseurs de malin. Les adeptes de l’intégrisme religieux ne cherchent que de l’argent, à charmer. Un Sénégalais terroriste, je ne pense pas que cela puisse exister au Sénégal. Sinon ce sont des cas très rares. Je ne suis pas un pro-Arabe. Je suis un Africain. Et être Africain ne m’empêche pas d’être musulman. Le Coran parle de la diversité des langues, de la diversité des cultures pour montrer ces signes d’Allah. C’est une création de Dieu, c’est aussi sacré. Je suis le produit de la culture arabo-musulmane occidentale et africaine.
Est-ce que cette posture n’a-t-elle pas eu un impact dans votre arrestation ? Cet activisme débordant pour la culture arabe ne fait-il pas de vous une cible tout à fait désignée ?
Non je ne pense pas que mon arrestation ait un lien avec mon penchant pour le monde arabe et la religion musulmane. Je crois que c’est surtout à cause d’un soupçon d’accointance avec la France. En parcourant mes diplômes obtenus en France, j’ai compris l’attitude des dirigeants maliens. Je vous rappelle qu’on était à ce moment-là dans une panique généralisée suite à l’attaque djihadiste du camp militaire de Kati.
Comment avez-vous vécu vos deux mois et demi en prison ?
Très bonne question ! Très difficilement, je l’avoue. Au début, les matons ont confisqué mon argent. Je ne pouvais pas manger le repas de la prison, ce qui m’a beaucoup amaigri. J’ai été reçu par le médecin de la prison qui m’a demandé pourquoi je refusais de manger d’autant plus que l’impact était visible du fait que je perdais du poids. La prison était composée de six chambres. Dans chaque chambre, on pouvait trouver 30 à 35 personnes. A côté, il y avait ce qu’on appelle « l’atelier ». C’est un grand espace qui sert de marché et de cuisine. J’y ai été transféré, ce que j’ai apprécié parce que l’espace était vraiment aéré. Lorsque les repas arrivent au niveau de l’atelier, il y a des groupes peuls qui s’organisent en fonction de leurs villages d’origine. Disposant d’argent, ils parviennent à cuisiner pour eux-mêmes afin d’améliorer radicalement les repas servis dans la prison. D’autres originaires d’autres villages font aussi la même chose. Les conditions étaient contraignantes. Nous ne sortions pas des chambres et de l’atelier, il n’y a pas de promenades. D’autres prisons plus souples étaient adossées à celles où j’étais détenu. Souvent aussi des femmes nous vendaient des repas. Ce qui est vraiment difficile, c’est qu’on pouvait rester sur place pendant un mois sans bouger. La prison a favorisé des moments de discussions profondes sur l’islam et le djihadisme. Nous avions avec nous des imams, des maitres coraniques et aussi des adeptes du djihadisme qui ont cherché à nous enrôler. Mais ce que j’ai constaté, c’est que ceux qui prônent le djihadisme ont un niveau très faible en islam. Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est pourquoi ils sont manipulables. Ce sont essentiellement des Peuls. C’est pourquoi, je pense, le président français parlait d’ethnie ciblée. En prison, il y a seulement des Peuls, des étrangers et très peu de Bambaras.
Pour sortir de prison, il fallait alerter les autorités sénégalaises. Justement quel est le rôle que l’Etat a joué dans votre libération ? Pouvez-vous revenir sur le processus de votre libération ? Et aussi le rôle joué par le directeur de Publication du Témoin Mamadou Oumar Ndiaye ?
Je ne pouvais rien faire en direction des autorités. Dans ma situation pénible en prison, je ne pouvais faire qu’une chose, c’est d’appeler Mamadou Oumar Ndiaye, le directeur de Publication du Témoin qui est resté un frère, un ami. Quand on fait plus de 10 ans dans un journal, on appartient à ce journal. J’ai fait l’essentiel de ma carrière au Témoin. Quand une dame d’une organisation dont je tairai le nom est venue me voir, elle m’a tout simplement dit qu’elle peut me rendre un service. « Puisque vos parents ne sont pas encore au courant de votre situation, la presse sénégalaise aussi, je peux vous aider à contacter quelqu’un au Sénégal ».
En fait quand ils vous ont arrêté, ils ont su que vous étiez journaliste…
Oui, c’est pour cela qu’ils m’ont retenu. Ils ont fait des investigations pour vérifier mon statut de journaliste. Par contre, pour l’enquête, ils n’ont rien trouvé de suspicieux. Malgré cela ils m’ont jeté en prison. Quand j’ai donné à la dame le numéro de quelqu’un, elle a appelé ce dernier pour lui demander d’aller appeler Mamadou Oumar Ndiaye pour l’informer de la situation de son ancien journaliste Mamadou Sylla. Mais surtout il fallait que la dame obtienne l’autorisation de Mamadou Oumar Ndiaye pour que je puisse l’appeler à partir de la prison à Bamako. Ce que j’ai pu faire rapidement parce que, dans les prisons maliennes, on peut appeler et même envoyer de l’argent. Mamadou Oumar Ndiaye était surpris de mon appel. J’ai profité pour lui exposer la situation. Il demanda si je n’avais pas besoin de quelque chose. Ma réponse a été de lui demander de m’envoyer un montant de 10.000 frs. Il m’envoya beaucoup plus que je ce que j’avais demandé. Notre contact fut coupé pendant deux semaines du fait d’un voyage qu’il avait effectué en France. A son retour, il me recontacta pour m’exposer ce qu’il a déjà fait dans le dossier et ce qu’il comptait faire pour obtenir ma libération. Il m’a dit qu’il contacterait l’ambassade du Sénégal au Mali pour le reste. L’ambassadeur n’a rien fait à part l’envoi d’un émissaire pour venir s’imprégner du dossier. Je remercie tout le monde. Personne n’a rien fait au niveau de ma solitude en prison. C’est la force de la prière et de la foi qui m’a soutenu. Quand je suis sorti, j’ai fait quatre jours à Bamako avant de me revenir au Sénégal.
Quelles sont les conditions de votre libération de prison ?
A ma grande surprise, le 12 octobre au matin, les gardes pénitentiaires sont venus me dire que je suis libre. J’ai été reçu une deuxième fois par le juge par l’intermédiaire de ses assesseurs. Cet entretien fut fructueux. L’ambassadeur du Sénégal au Mali, comme je l’ai dit ci-dessus, a envoyé quelqu’un pour venir me voir. A ce dernier, j’ai expliqué les contours de l’affaire. Il m’a dit qu’il rendrait compte à l’ambassadeur qui aurait promis de venir me voir. Peut-être qu’il l’a fait, je n’en sais rien. Par la suite, notre confrère Soumaïla Aïdara a pu voir le Premier ministre malien à qui il a dit qu’on a un ami et confrère qui est en prison. Il n’est pas terroriste, ni djihadiste. Le Premier ministre a appelé le régisseur de la prison de Bomba pour s’informer sur mon cas. C’est là qu’on lui a appris que j’avais été depuis 10 jours. Le Premier ministre a essayé de me retrouver certainement pour m’offrir un billet d’avion. Des policiers maliens m’ont cherché partout. Je remercie Soumaïla Aïdara, mais surtout Mamadou Oumar Ndiaye pour son attitude, son comportement, aussi Hussein Ba que j’ai connu depuis plus de 30 ans, aussi Amath Diallo qui est aussi un de leurs amis, les journalistes Fara Diaw, un ancien du Soleil, et Amadou Ly Diom, un jeune confrère. Ainsi que toutes les autres personnes qui se sont impliquées dans mon dossier pour ma libération.
Avec le recul, quels sont les enseignements que vous tirez de votre périple malien ? Surtout sur la question du terrorisme qui a fini d’empoisonner le Mali, quels peuvent être les schémas de sortie de crise ? Que peut faire le Sénégal pour contrer le djihadisme ?
Il faut informer et maintenir une forte cohésion nationale autour de nos valeurs. C’est extrêmement important. Le pouvoir de la Transition au Mali est en train de faire beaucoup de bonnes choses. Je le dis sincèrement. Mais la question ethnique reste cruciale parce qu’il y a des groupes djihadistes qui se trouvent aux frontières avec le Burkina Faso, avec le Niger et l’Algérie. Ce sont des groupes incontrôlables. Ce que l’on sait, c’est que l’Etat islamique est présent. Al Qaïda est présent, mais on ne peut même pas définir ces groupes islamiques qui s’en prennent aux populations. L’Armée aussi commet des bavures à l’endroit des populations qui sont soupçonnées de collaborer avec des djihadistes. L’Armée malienne commet des excès. Le problème du Mali, c’est qu’il est vaste, environ 1.200.000 m2. L’Etat n’a pas tous les moyens pour assurer la sécurité du pays surtout au niveau des frontières. Le Mali a encore besoin de la CEDEAO. Je n’ai aucune rancune contre ce pays. Je souhaite que la transition aille jusqu’à son terme parce qu’elle est soutenue par l’écrasante majorité des populations et surtout par l’écrasante majorité des jeunes Africains. La transition a la légitimité, mais il faut qu’elle évite de faire des abus. Tous les ministres de la Transition parcourent coins et recoins du pays pour parler aux populations. Au mois d’octobre, tous les membres du Gouvernement de transition ont dialogué en direct avec les populations devant la presse nationale et internationale. C’est extrêmement important. Mais la question des Peuls reste entière. Les Peuls sont essentiellement les animateurs du mouvement djihadiste. Cette question est cruciale, c’est pourquoi je pense qu’il y a un dialogue culturel à faire au Mali. Je suis un bâtisseur, je ne suis pas un destructeur. Les pays de la sous-région sont les mêmes peuples, les imams au Mali sont formés pour la plupart au Sénégal. Cette idée d’être un terroriste contre le Mali ne m’effleure pas l’esprit. Nos confréries au Sénégal, c’est une culture de paix et de fraternité. A Tivaouane quand vous parlez d’El Hadj Malick sous une forme critique, personne ne s’en prendra à vous parce que c’est votre pensée. Que la providence veille sur le Mali et le peuple malien. Le Prophète se méfiait de trois choses. Les extrêmes, le nationalisme érigé en système politique. Il disait que cela pue. Cette puanteur est sentie à travers les cellules djihadistes. Mais dans tous les cas, ce qui amène les gens dans le terrorisme, c’est plusieurs facteurs. Mais dans tous les cas, sachons une chose que tout le monde peut vérifier. L’Islam est un humanisme dont le sujet, l’objet, le cadre, la finalité est l’homme audelà de la couleur de sa peau, de ses convictions politiques, religieuses. L’homme dans son être central. C’est cela l’Islam. Il faut que les islamistes, ces prétendus djihadistes semant la désolation et la violence, sachent que l’humanité ne saurait être un simple rassemblement d’hommes et de femmes encore un peuple. L’humanité est un principe et une condition.