SALIF SADIO DÉFIE L'ÉTAT
"Je vais continuer à délivrer les permis de coupe de bois"
L’interdiction de la coupe de bois en Casamance décidée par le gouvernement du Sénégal, ne sera respectée qu’en cas de non nécessité par le leader du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). S’exprimant sur la radio Zik Fm, Salif Sadio a annoncé que son mouvement «continuera à délivrer ses permis d’exploitation, si nécessaire»
Le chef de la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), Salif Sadio, ne se soumettra qu’en cas de non nécessité à l’interdiction du Sénégal d’exploiter le bois en Casamance. Si nécessaire les permis d’exploitation délivrés par sa bande armée ne seront pas arrêtés. «Je vais continuer à délivrer les permis de coupe de bois si nécessaire. Chaque fois que je donne un permis de coupe je contrôle. J’ai la possibilité de donner des permis parce que la forêt casamançaise est une ressource locale. Nous avons construit des écoles, des mosquées etc. Donc, ce n’est pas un Sénégalais de l’autre coté qui viendra m’interdire de donner des permis pour faire les toitures des dispensaires, pour construire des infrastructures qui vont servir les populations. Je donne des permis de coupe de bois dans le cadre purement social. Maintenant, ce que je redoute que des gens aillent provoquer des personnes à qui j’ai donné le permis de coupe», a-t-il dit sur les ondes de la radio Zik Fm.
Le responsable du Mfdc de préciser : «depuis 2011 on a rappelé, dans des communiqués passées sur les ondes des radios locales, l’interdiction formelle de coupe de bois dans la forêt casamançaise. Mais des personnes ont continué à exploiter la forêt. Et nous voulons prendre les populations casamançaises à témoin de cette violation». Salif Sadio de poursuivre : «En juillet 2017, nous avons envoyé une lettre de protestation à Sant Egidio au sujet de l’exploitation du zircon de Niafran, le courrier a été remis au Président Macky Sall»
Par ailleurs, le responsable du Mfdc attire l’attention de l’Etat du Sénégal sur ce qu’il appelle une violation des accords de Rome, pris après les négociations dirigées par la communauté chrétienne de Sant Egidio. Pour Salif Sadio en menant des opérations militaires en Casamance, l’Etat du Sénégal a rompu le cessez-le-feu conclu à Rome. Prenant à témoin la population Casamançaise, le chef du groupe indépendantiste soutient qu’il arrivera un moment où ils se mettront en face de l’Etat du Sénégal. Par ailleurs, abordant le massacre de Boffa, Salif Sadio impute la responsabilité à des hommes proches de l’Etat du Sénégal. «Ce sont les troupes sénégalaises qui sont à l’origine du massacre. Il y’a des gens appelés «rebelles du gouvernement». Ils sont financés par l’Etat. Le président Abdoulaye Wade, donnait de grosses sommes d’argent à ces gens-là. Ce sont eux les coupables», estime-t-il. Mieux Salif Sadio se demande comment des rebelles peuvent commettre des exactions à Boffa et ses alentours, là où il y’a plusieurs bases militaires ? Selon lui, l’Etat cherche des alibis en voulant trouver les auteurs du crime dans le maquis.
Le chef rebelle récuse ainsi toute implication du Mfdc dans la tuerie de Boffa. «Le Mfdc n’est pas impliqué. C’est une action regrettable parce qu’il y a eu mort d’homme, or nos règles coutumières nous interdisent de traiter de façon maladroite le corps de son ennemi », explique-t-il.
En outre, selon Salif Sadio, le Mfdc n’a aucunement été de connivence avec la Gambie dans le trafic de bois. «Cela n’existe pas. Au contraire, nous avons lutté et nous luttons encore, et vous en aurez les preuves. Le bois qui était coupé dans les forêts de Toubacouta passait par le bateau qui était sous le commandement de l’Armée sénégalaise »accuse-t-il.