KALADIO, LE SEMEUR DE GÉNÉROSITÉ S’EN EST ALLÉ
Le destin implacable a encore frappé le Sénégal avec le décès de l’homme d’affaires sénégalais et maire de Démette Abdoulaye Elimane Dia ‘’Kaladio’’
Le destin implacable a encore frappé le Sénégal avec le décès de l’homme d’affaires sénégalais et maire de Démette Abdoulaye Elimane Dia ‘’Kaladio’’. Discret, l’entrepreneur était aussi connu pour ses bonnes œuvres dans le Fouta, surtout dans l’île à Morphil où il était devenu au fil des années un symbole vivant.
«Avec mon premier million, j’avais décidé d’aller passer de très bonnes vacances aux côtés de mes parents. Mais ce qui est extraordinaire, c’est que quand je suis arrivé chez moi, j’ai trouvé que ma maman était malade. Et c’est avec ce million que j’ai loué une voiture pour l’acheminer à Dakar. J’ai dépensé tout ce million pour les soins de ma maman. Je me suis dit que cela avait été utile de travailler parallèlement à mes études, parce que ça a sauvé la vie de ma maman», confessait le défunt entrepreneur à des confrères de «Financial Afrique». C’est certainement cette générosité envers sa maman qui a béni tout le reste de son parcours. Car l’entrepreneur de 49 ans qui a tiré sa révérence hier a été une identité remarquable du secteur privé sénégalais et africain.
En effet, d’un GIE «Bamtarée» qu’il a créé alors qu’il était étudiant en droit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 1997, il a su bâtir un empire avec sa société Holding Fortunes Capital. Entrepreneur chevronné, il s’investissait dans plusieurs secteurs comme l’agrobusiness, l’immobilier et la distribution. Juriste de formation avec une maîtrise en droit obtenue à l’université Cheikh Anta Diop, l’ancien président de l’Organisation pour la Promotion de la langue Peule à l’Ucad a débuté d’abord dans le commerce de noix d’acajou en Casamance et en Guinée Bissau. Chef d’entreprise discret, habile et visionnaire, cet ancien pensionnaire du lycée Mame Cheikh Mbaye de Tambacounda a beaucoup exporté pendant une dizaine d’années ce fruittrès prisé dans le monde, surtout en Asie.
«POUR MOI, LA RICHESSE EST SUBSIDIAIRE»
Chanté par tous les griots du Fouta qui louent sa générosité, le défunt entrepreneur est rendu célèbre grâce à la chanson mythique de Baba Maal ‘’Kaladio’’, hommage à une âme charitable du Fouta. D’une discrétion légendaire, il a été plébiscité maire de Démette dans l’île à Morphil en 2014, une consécration qui sanctionna positivement toutes ses bonnes actions au niveau de cette zone. Et lors de l’élection présidentielle de 2019, si le Président Macky Sall a osé dire du Fouta qu’il était «son titre foncier», c’est en partie grâce à des hommes comme ‘’Kaladio ‘’.
Avec son mouvement politique, il a participé grandement à la victoire du Président dans l’île à Morphil et dans le Fouta en général. Une reconnaissance des populations pour ce valeureux fils qui a toujours aidé cette localité à émerger. «Il s’est toujours distingué dans des actions de générosité, c’est un trait de caractère dominant chez lui .On l’a vu jeune, prendre sa bourse pour l’offrir aux gens. Cette générosité de cœur qu’on lui reconnaît, c’est une générosité pratiquement atavique qui est ancrée en lui depuis sa tendre jeunesse», rappelait son conseiller politique Mamadou Dia Ndiaye il y a quelque temps, non sans indiquer que c’est pourquoi le défunt Abdoulaye Elimane Dia a toujours voulu être dans le secteur privé pour gagner beaucoup d’argent afin d’aider les couches les plus défavorisées de son terroir. Il est aussi décrit comme quelqu’un de très humble, malgré son succès dans les affaires.
Interpellé sur sa fortune il y a quelques mois, ‘’Kaladio’’ qui n’a fait que ‘’perpétuer le legs de ses ancêtres les ‘’Halaybé‘’, selon le griot Tibou Ndiaye, confirmait cette présomption : «La richesse, ce n’est pas le plus important pour moi. Ce qui est important, c’est l’ambition qu’on porte pour l’Afrique, le développement de notre pays. Je pense que c’est cela la richesse en réalité. Je définirai la richesse en termes de volonté et de création d’emplois. C’est cela la fierté. Le reste pour moi, c’est subsidiaire.» Avec sa disparition, le Sénégal perd un bon semeur. Celui-là même qui fait la moitié de la récolte, selon les poètes…à 49 ans