LA COUR D’APPEL LANCE UN MANDAT UN D'ARRÊT CONTRE AMADOU DIALLO
Le verdict du procès en appel dans l’affaire des faux médicaments de Touba est tombé lundi dernier
Le verdict du procès en appel dans l’affaire des faux médicaments de Touba est tombé hier .En effet ,la Cour d’Appel de Thiès a écarté la grâce présidentielle avant de confirmer les peines prononcées en première instance contre Bara Sylla et Amadou Woury Diallo et de lancer un mandat d’arrêt contre le dernier nommé. La défense a décidé de se pourvoir en cassation.
La Cour d’Appel de Thiès a rendu hier son verdict dans l’affaire des faux médicaments de Touba. Après avoir écarté la grâce présidentielle dont avait bénéficiée un des prévenus en l’occurrence Amadou Woury Diallo, la Cour a condamné ce dernier à 5 ans de prison, avant de lancer un mandat d’arrêt contre lui. Son coinculpé Bara Sylla, qui était poursuivi pour association de malfaiteurs, exercice illégal de la fonction de pharmacien et contrebande, a écopé d’une peine de 7 ans de prison. Les dommages et intérêts sont fixés à 25 millions de Fcfa pour chacune des deux parties civiles, en l’occurrence l’Ordre des Pharmaciens et le Syndicat des Pharmaciens Privés du Sénégal(Spps).
Compte tenu de l’importance du dossier, c’est le juge Souleymane Téliko, président de la Chambre Correctionnelle de la Cour d’Appel de Thiès, qui a lu intégralement l’arrêt. Dès l’annonce de cette décision, Me Abdoulaye Babou, conseil de la partie civile, a exulté de bonheur. «Nous avons gagné sur toute la ligne. Nous nous étions fondamentalement battus contre la grâce obtenue illégalement par Amadou Woury Diallo. La Cour d’Appel vient de nous donner raison en écartant la grâce accordée par le Président Macky Sall, ce qui veut dire que cette Cour est compétente pour juger Amadou Woury Diallo. Ainsi, la peine de 5 ans qui lui avait été infligée en premier ressort a été confirmée sur la base de la gravité des faits commis. Et mieux, elle vient d’être associée d’un mandat d’arrêt. Amadou Woury Diallo ne mettra plus jamais les pieds au Sénégal et nous n’hésiterons pas à prendre le mandat d’arrêt et le faire exécuter en Guinée et partout ailleurs où il se trouvera», déclare Me Abdoulaye Babou.
Alors que le parquet avait requis une réduction de peine en faveur de Bara Sylla, le juge a décidé que ce dernier va rester 7 ans en prison, conformément à la peine initiale. Selon Me Abdoulaye Babou, la bataille contre les faux médicaments se poursuit, car aujourd’hui tout le monde est conscient du danger de ce commerce sur la santé des populations. D’ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fait état d’une étude qui a montré que les faux médicaments vendus dans les rues en Afrique font annuellement pas moins de 800.000 morts. Donc, la cause est entendue, il faut lutter par tous les moyens contre les faux médicaments. «J’en ai fait pour le reste de ma vie, une cause que je vais défendre au nom de Dieu et jamais je ne baisserai le bras.
Nous avons gagné une bataille, mais pas la guerre», a-t-il indiqué. Il trouve incompréhensible que des centaines d’Africains meurent des médicaments de la rue alors que d’autres sont des milliardaires sur la base de ce trafic mafieux. «Et quiconque se réclame de Serigne Touba doit comprendre que s’investir dans ce sinistre commerce, c’est être en porte-à-faux avec le message de Cheikh Ahmadou Bamba qui a fondé Touba», dit Me Babou qui a appelé les jeunes à former des associations dédiées à la lutte contre les médicaments de la rue. «Pendant presque deux ans, nous avons subi des pressions, un haut dignitaire à Touba a même tenté de me corrompre pour me réduire au silence. Il s’en est suivi des menaces de mort, mais Me Babou continuera son combat jusqu’à l’éradication de la vente des faux médicaments». L’Ordre des Pharmaciens a insisté sur la nécessité de faire en sorte que le stock de médicaments, confié au service des Douanes de Diourbel et qui a fait l’objet de la saisie, soit incinéré publiquement.
ME KHASSIMOU TOURE, AVOCAT DE LA DEFENSE : «NOUS ALLONS NOUS POURVOIR EN CASSATION»
Pour sa part, Me Khassimou Touré, avocat de la défense dit ne pas comprendre le sens de la décision. Et de déclarer : «il nous reste des voies de recours et après réflexion, nous allons les emprunter. Il s’agit précisément de la voie de la cassation. Je ne peux pas comprendre, dans une procédure, qu’un compatriote soit sacrifié sous l’autel d’intérêts occultes. La décision ne me satisfait pas, même si les dommages et intérêts qui étaient dans l’ordre de 400 millions de Fcfa alloués aux pharmaciens ont été ramenés à de justes proportions, c’est à-dire à 50 millions de Fcfa. Ce ne n’est pas cela qui m’intéressait, mais une bonne administration et une bonne distribution de la justice, ce qui n’est pas le cas dans cette affaire»