LA CRAINTE DES COMMERÇANTS, VENDEURS ET GROSSISTES DE SACHETS PLASTQUES
L'entrée en vigueur imminente de la nouvelle loi contre le plastique fait frémir les acteurs de ce commerce qui demandent des alternatives à l'Etat
La croissance non contrôlée de la pollution plastique, l’incidence des matières plastiques sur l’environnement a conduit le gouvernement sénégalais à adopter la loi n°21-2019 relative à la prévention et à la réduction de l'incidence sur l'environnement des produits plastiques, en abrogation de celle de mai 2015. Le texte doit entrer en vigueur, le 20 avril 2020, au Sénégal, où l’utilisation de plastiques est ancrée dans le quotidien de nombreuses personnes. Au marché Grand-Dakar de la capitale sénégalaise, des distributeurs-grossistes, vendeurs et usagers des sachets plastiques craignent déjà l’entrée en vigueur de la loi et demandent aux autorités sénégalaises de trouver une alternative pour remplacer les sachets plastiques
Trouvé en train de conditionner du piment, en portions de 25 francs CFA, dans des sachets plastiques, Mamadou Habib Barry, gérant d’une boutique au marché Grand-Dakar est d’accord que «la loi entre en vigueur», mais à condition que l’Etat prenne des dispositions «pour que toutes les marchandises comme les épices (piments, ails, poivres, etc.) arrivent chez les distributeurs déjà emballés c’est-à-dire qu’il y’ait des emballages de 25, de 50, de 100 francs CFA. Et comme ça on peut éliminer les sachets plastiques. Mais, si les épices nous sont vendus par sacs de 50 kilos, on est obligé de les conditionner en portions. On doit faire comme la Côte d’Ivoire c’est-à-dire que les marchandises viennent en emballage et bien proportionnées», explique le boutiquier. Il ajoute que «l’Etat doit trouver des alternatives avant que la loi n’entre en vigueur».
A défaut de ce genre de solutions, selon Mamadou, cela va «impacter leur travail», craint il. Vendeur de sachets plastiques, depuis 18 ans, Tidiane confie que «la loi les a surpris». Parce que, selon lui, «on ne peut être dans un métier depuis 2002, jusqu’à nos jours, et un bon jour se retrouver dans l’obligation de changer en l’espace d’un mois, parce qu’il y a une loi qui élimine les sachets plastiques à appliquer dans un mois. C’est impossible». Pour le vendeur les «autorités sénégalaises devraient discuter avec nous, trouver un terrain d’entente et que personne ne soit impacté, avant de mettre en application une quelconque loi», explique-t-il.
A en croire le commerçant distributeur, ils ont investi beaucoup d’argents dans leurs marchandises (des sachets plastiques) et le délai est court pour les écouler. «Nous avons emprunté de l’argents à la banque ou chez les grands commerçants pour avoir nos produits et nous payons par tranche, avec nos bénéfices. Si la loi entre en vigueur, nous aurons des problèmes avec nos bayeurs parce nous ne pourrions plus vendre des sachets plastiques pour les rembourser. Vraiment, cette loi n’est pas bonne pour nous», déplore le vendeur.
Le grossiste ajoute : «il y’a des containers de sachets au port de Dakar, je ne sais pas comment ils vont faire pour vendre ces commandes avec cette loi. Nous voulons tous que le Sénégal avance, mais avant toute chose, il faut discuter avec les concernés. Avant d’éliminer quelque chose, il faut d’abord trouver une alternative», indique-t-il. En revanche, pour Babacar, vendeur de pain de singes et d’oseilles qu’il conditionne dans des sachets, «cette loi subira le même sort que la loi de 2015. Il n’y aura pas de suite parce qu’on ne peut éliminer les plastiques au Sénégal. C’est impossible», affirme avec conviction le vendeur.