LA DIC FAIT UNE DESCENTE MUSCLEE CHEZ JEAN MEISSA DIOP
La redoutable Division des investigations criminelles (DIC) a fait une descente des plus musclées au domicile du journaliste Jean Meissa Diop à la Cité Mame Dior de Keur Massar.
La redoutable Division des investigations criminelles (DIC) a fait une descente des plus musclées au domicile du journaliste Jean Meissa Diop à la Cité Mame Dior de Keur Massar. Ce qui a suscité la colère de la presse. La police a fait son mea culpa espérant tout de même mettre la main sur le fugitif, le Directeur de publication du quotidien l’Exclusif, Justin Ndoye, sous le coup d’une plainte du député Farba Ngom.
« L’As » avait annoncé en exclusivité que la Dic allait être saisie pour entendre le journaliste qui avait écrit que le Palais avait corrompu des patrons de presse et de grandes plumes dans l’affaire Petro-Tim. C’est chose faite. Justin Ndoye a été convoqué vendredi, mais n’a pas déféré. Conséquence, des agents de la Dic ont fait une descente musclée Jean Meïssa Diop à l’aube. Lequel a poussé un cri du cœur retentissant. «Au secours !!! Ma famille et moi venons d’être réveillés de manière musclée par une demi-douzaine d’agents de la DIC recherchant un journaliste et conduite par certains Diatta et Fall. Ils sont entrés jusque dans ma chambre à coucher après avoir avoir réclamé carte d’identité, toute facture de Senelec, rejeté les factures Sde et Sonatel, regardé ma carte d’identité, fouillé mes tiroirs de commode au motif que la loi leur donne le droit d’entrer chez n’importe qui de 6 h du matin à 21h, eu une sévère altercation avec mon épouse... », explique le Doyen Jean Meissa Diop sur sa page Facebook.
Décrivant le déroulement de la perquisition, l’ancien membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) déplore les violences commises sur lui et son épouse par les agents de la DIC. « Qu’ai-je fait pour mériter cette procédure humiliante ? Moi, Jean Meissa Diop, violenté de la sorte pour n’avoir rien fait. On m’envoie la redoutable Division des investigations criminelle, toute voci férante, toute menaçante, l’œil méchant, recherchant un journaliste d’un journal dakarois que je ne nommerai pas. Et après tout ça, on me donne l’ordre de rester à l’écoute de la DIC pour d’autres questions. Et avant de partir, ils ont fouillé toutes les chambres de la maison! Voilà une agression sous le couvert de la loi. C’est vraiment trop ! C’est quel pays, c’est quelle police ? Je demande de l’aide !Que faire !Qu’ai je fait ? On me soupçonne d’être un journaliste - ce que je suis. Où travaillez-vous ? J’ai travaillé à Walf. Et où encore, m’a-t-on demandé ? Membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel jusqu’en novembre 2018. Et puis où encore ? Chroniqueur «Avis d’inexpert» au quotidien L’Enquête... Restez à la disposition de la DIC, m’a-t-on conseillé. Entendu ! »,fulmine Jean Meissa Diop. Avant de promettre d’ester en justice. « Il n’y a pas de doute que je ne laisserai pas passer cette pantalonnade : une plainte sera déposée pour violation de domicile, voie de faits et tout grief qui peut être visé », jure-t-il.
LE JOURNALISTE JUSTIN NDOYE RECHERCHÉ
On en sait un peu plus sur cet égarement de la DIC à qui manifestement on a posé un lapin. En fait, la police judicaire avait convoqué vendredi le Directeur de publication du journal Exclusif, Justin Ndoye. Ce dernier ne voulant certainement pas passer un weekend dans un violon a fait faux bond aux enquêteurs, non sans leur fournir une fausse adresse à Keur Massar, là où habite Jean Meissa Diop. En effet, Justin Ndoye avait écrit à la Une de son journal, dans sa livraison du jeudi 27 juin 2019, un article parlant de «mallettes de 15 à 25 millions proposées ou remises à des patrons de presse ou de grandes plumes par le député Farba Ngom pour stopper une certaine communication sur le scandale du pétrole ». Le député maire des Agnam qui se sent diffamé a saisi le Procureur qui a mis en branle la police judiciaire. Au delà de ce délit, Justin Ndoye risque d’être poursuivi pour offense au chef de l’Etat, mais aussi d’autres délits qui pourraient être invoqués lors de son face-à-face avec les hommes du Commissaire Ibrahima Diop. Jusqu’au moment où nous mettions sous presse ,Justin Ndoye était activement recherché par les limiers qui lui en veulent de les avoir plantés, mais aussi d’avoir refusé de déférer à leur convocation. Vraisemblablement, il voulait éviter de passer le week-end au violon. Il devrait se rendre ce matin à la Dic pour se faire entendre. Reste à savoir si son mea culpa entrainera l’extinction de l’action judiciaire.
LE MEA CULPA DE LA POLICE
Coupable de cette méprise sur un journaliste très respecté dans la presse sénégalaise, la police a fait un communiqué et a donné sa version. « Dans le cadre d’une enquête ouverte suivant une plainte, les agents de la Division des Investigations Criminelles se sont rendus, le 29 juin 2019, aux environs de 06 heures, à la cité Mame Dior, aux fins d’interpeller un individu, conformément aux instructions du Procureur de la République », indique le Bureau des relations publiques de la police. « C’est ainsi qu’ils se sont rendus dans un immeuble qui leur avait été indiqué comme étant le domicile et l’adresse professionnelle de la personne recherchée. Sur place, leur interlocuteur, qui s’est présenté comme étant Jean Meïssa Diop, leur a déclaré que le concerné n’y habitait pas. Parallèlement à l’identification, la recherche s’est poursuivie dans les pièces de l’immeuble », précise la même source, non sans se laver à grande eau. « Il y a lieu aussi de mentionner qu’aucune interpellation ou violence n’a été exercée sur les occupants de la maison au cours de cette intervention qui s’est déroulée dans les horaires légales et conformément à la loi », assure le BRP de la police, non sans présenter ses excuses à Jean Meissa Diop. « Toutefois, la Police Nationale présente ses excuses à la famille Diop pour ce malentendu ».
LA PRESSE VENT DEBOUT
Ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Jean Meissa Diop a suscité une vague de condamnations du SYNPICS, le CDEPS, le CORED, l’APPEL, la CJRS et l’URAC qui exigent du coup des excuses de la tutelle de la DIC. « Les journalistes, techniciens et acteurs des médias ont été surpris et indignés par la descente musclée des éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) au domicile de notre doyen et éminent journaliste, Jean Meissa Diop », s’indignent les organisations professionnelles des médias. Lesquelles estiment que : « Sous quelque prétexte que ce soit, les organisations professionnelles de presse, dont le Syndicat des professionnels de l’information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS), le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie (CORED), le Conseil des Diffuseurs et Editeurs de presse du Sénégal (CDEPS), l’Association des Editeurs et Professionnels de la presse en ligne (APPEL), la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal, l’Union des Radios Associatives et Communautaires (URAC)… ne peuvent admettre ou comprendre une telle opération ». « L’acte est d’autant plus grave que ces agents de la DIC ont investi la maison de notre confrère aux alentours de six heures du matin et ont violé son intimité.
Ils ont été jusque dans sa chambre à coucher et n’ont pas manqué de violenter son épouse. Et la terrifiante et humiliante scène s’est déroulée devant les deux filles de Jean Meissa Diop », fulminent les organisations professionnelles dans un communiqué. « Les organisations professionnelles des médias dénoncent cette provocation contre toute une profession, car la victime du jour est une des légendes vivantes de notre corporation. Elles condamnent fermement cet harcèlement et tiennent à faire savoir que la tentative d’intimidation ne passera pas », tiennent-elles à faire remarquer. En terminant, elles exigent des excuses publiques de la police. « Les journalistes, techniciens et l’ensemble des acteurs des médias exigent des excuses publiques des autorités du ministère de l’Intérieur, la tutelle de la DIC. Surtout que certaines avec qui nous avons échangé ont reconnu avoir été induites en erreur.Ils espèrent, par ailleurs, que de telles pratiques viles et d’un autre âge ne vont plus se produire au risque de réveiller les vieux démons entre presse et pouvoir », croient elles savoir.
Quant à l’administrateur du journal Exclusif, il assure dans un communiqué ceci : « Notre bonne foi aurait été abusée». « Le quotidien réitère ses sincères excuses au responsable politique et député Farba Ngom, aux lecteurs et à la presse nationale», tente-t-il de se disculper.