LA GALERE DES PASSANTS ET LES RIVERAINS
Il n’est plus facile pour un habitué de passer par la route qui relie Fass Mbao à la route nationale à cause des chantiers du train Express Régional
Il n’est plus facile pour un habitué de passer par la route qui relie Fass Mbao à la route nationale à cause des chantiers du train Express Régional. En plus d’une route barrée, les riverains aussi souffrent des travaux qui s’y font, rendant les lieux impraticables et inaccessibles. Des commerces ont fini par fermer faute de clients. La poussière s’est invitée à cette galère depuis quelques jours, avec la pause de la latérite pour les besoins du pont.
Alors que le muezzin faisait le dernier appel à la prière de l’aube, des personnes venant des quartiers Boune, Yeumbeul ou encore Keur Massar cherchent par tous les moyens à se frayer un chemin dans une obscurité totale, pour rejoindre le garage de Fass Mbao où les attendent des véhicules de transport. Et pour passer, il leur faut beaucoup d’attention, mais aussi de lumière à cette heure de l’aurore, surtout que l’éclairage public est coupé depuis plus d’un an. Pour cela, ils font recours aux torches de leurs cellulaires pour s’éclairer. Les plus forts aident les plus faibles comme les femmes et les enfants. Un jeune prend quelques minutes de son temps dans une obscurité totale pour aider d’autres à passer. Car, il suffit d’une petite inattention pour tomber dans un trou creusé pour les besoins du pont qui est en train d’être construit à Fass pour le Train Express Régional. Il y a deux jours, deux personnes se sont retrouvées à terre, en essayant de traverser. Avant d’arriver à ce point devenu dangereux pour eux, ils doivent marcher sur une longue distance à cause de l’élimination de la route par laquelle passaient les cars rapides, Ndiaga Ndiaye et autres bus. Depuis plus d’un mois, aucun véhicule ne passe par cette voie qui reliait la route nationale à Yeumbeul, en passant par Fass Mbao à cause des chantiers du TER. A la place de cette route construite au milieu des années 90, ce sont de grands trous creusés pour les besoins du TER qui ont fini de changer le décor du quartier. Sur place, l’endroit est devenu méconnaissable pour ceux qui sont restés des semaines sans y passer. En plus des maisons déjà démolies depuis plus d’un an, c’est la route qui a perdu son visage. De la latérite a été versée sur une longue distance. A côté, des murs préfabriqués protègent le chantier. La conséquence de tous ces travaux est que les riverains et passants habitués à emprunter cette route galèrent depuis plusieurs semaines. « Des travaux qui ne prennent jamais fin. Nous sommes fatigués de ces chantiers qui nous obligent à beaucoup marcher et à faire de grands tours pour juste prendre un clando ou un bus », lance une dame très remontée par la situation causée par les travaux.
DISPOSITIF SECURITAIRE
La colère de cette dame et bien d’autres personnes qui ne cessent de râler s’explique par le fait que chaque jour, et ce depuis près d’un mois, a route habituellement très empruntée est barrée. Ce qui obligent les usagers à prendre un autre chemin pour rallier le garage où se mêlent clandos, cars rapides, Ndiaga Ndiaye et bus Tata. Un barrage qui nécessite un bon dispositif sécuritaire. Et c’est la gendarmerie qui est déployée sur les lieux pour aider les agents sur le chantier de mener à bien les travaux. « Vous ne pouvez pas passer. Le chemin est fermé. Passez par l’autre côté », indique un gendarme à un jeune qui avait déjà franchi la barrière pourtant bien visible de loin, avec les couleurs rouge et blanc qui indiquent clairement que la route est barrée. Pour un agent travaillant dans le projet, sans les gendarmes le travail serait très compliqué. « On entend toute sorte de mots déplacés, juste parce qu’on leur demande de passer par l’autre côté », lance-t-il. Si un grand nombre de personne ne souffre de cette situation que quand ils sont de passage, d’autres, à savoir les riverains, en galèrent tous les jours. Sur une rangée de six concessions, les résidents des quatre maisons ont vu l’espace se trouvant devant leur porte emporté par le chantier. « Quand nous sortons de chez nous, il nous faut faire attention en passant. Sinon, on se retrouve au fond du grand trou creusé pour le chantier. L’endroit est devenu invivable », lance le jeune Fallou Guèye. Plus loin, ce sont des commerces qui ont baissé rideau depuis près d’un mois. Seule la boulangerie du coin reste debout et poursuit ses activités. « Nous souffrons de cette situation. Les voitures que nous chargeons ne peuvent plus arriver jusque devant la boulangerie à cause du chantier. Il y a quelques jours, quand les agents commençaient à creuser, les véhicules pouvaient passer, mais difficilement », lance Ibrahima Diédhiou. Juste à côté de cette fabrique de pain, c’est une boutique multi service et un restaurant qui ont baissé rideaux. « Avant, nous étions en danger avec une dalle qui ne tenait pas. Aujourd’hui, avec la force des engins utilisés, nous sommes encore plus en danger. Si on y ajoute la fermeture de la route, nous sommes obligés de fermer », soutient El Hadji Abdoulaye Thiam.
AUDIENCE EN VUE AVEC L’APIX
Ce sont ces mêmes engins qui ont fait tomber la dalle d’une cantine qui servait de dépôt pour du matériel électroménager importé. Des cuisinières ont été endommagées, ainsi que d’autres articles. En réponse à cette situation, les riverains ont entamé des démarches auprès des autorités en charge du projet. Leur souhait, avoir des informations claires sur leur futur. Selon l’enseignant Fallou Guèye, certains résidents avaient déjà été informés qu’ils allaient quitter les lieux, car impactés. « C’est au dernier moment que certains ont été rappelés pour récupérer leurs dossiers. Alors que la somme représentant l’indemnisation leur avait déjà été informée », soutient le jeune enseignant. Une source nous informe qu’une audience est prévue avec le Directeur Général de l’APIX, Montagna Sy. En attendant, riverains, commerçants et passants souffrent des détours, de la poussière. Et des l’avis des commerçants, des agressions sont même souvent notées sur le chantier.