LA GRANDE OFFENSIVE DU QATAR !
Sud Quotidien vous livre dans ce dossier, la Grande offensive du Qatar pour contourner l’embargo imposé par les Pays voisins et afficher fièrement une indépendance retrouvée.

“Le blocus, s’est finalement révélé une excellente chose pour nous”, dixit le directeur général du Port Mwani de Doha. Qui l’aurait cru. Le 5 juin 2017, à la surprise générale, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte, décident de rompre leur relation avec le Qatar, l’accusant de soutenir le terrorisme notamment les Frères musulmans mais aussi, Al Qada. Sans occulter non plus, ses relations avec l’Iran, grand rival de l’Arabie Saoudite dans cette partie où Sunnites et Chiites se livrent une bataille sans merci, depuis des millénaires. Pris de court, le petit émirat, qui nie toutes ces accusations, organise sa résistance et tente surtout, de sortir enfin, de la tutelle de l’Arabie Saoudite, avec qui, il partage la seule frontière terrestre. C’est dans ce cadre, que des responsables des organes de presse en Afrique ont été conviés à Doha pour constater de visu, le savoir-faire des Qatariens qui ont decidé de s’organiser derrière leur Prince pour contourner l’embargo imposé par leurs voisins et afficher fièrement une indépendance retrouvée. Au Sénégal, le choix a été porté sur Sud Quotidien qui vous livre dans ce dossier, la Grande offensive du Qatar.
KATARA HOTELS À L’ASSAUT DU MARCHE AFRICAIN 500.000 à 1 milliard dollar à investir dans les hôtels
Lundi 9 septembre, le thermomètre affiche 45 degrés. Un vent chaud et sec, souffle sur Doha. Sur les gratte-ciels de capitale du Qatar, flotte le drapeau national blanc et rouge. Des effigies de l’émir Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani (39 ans), huitième souverain le plus riche du monde, avec une fortune estimée à près de 2,5 milliards de dollars par le magazine américain Forbes, trônent partout. La famille Al Thani domine le Qatar depuis plus de 170 ans. Nous avons rendezvous avec un membre de cette famille princière, en la personne de Sheikh Nawaf bin Jassim AlThani, président du conseil d’administration de Katara Hospitality. Après des salamalecs de son staff, il démarque dans la grande salle de réunion. L’air pressé par le temps et les activités. Une montre Rolex bien visée sur la main gauche, il lance d’emblée aux journalistes africains : «vous allez me demander pour l’Afrique et ma réponse sera sans ambages : pourquoi pas l’Afrique». Détendu, maitrisant parfaitement son dossier, il déroule : «Il s’agit de construire environ 50 ou 60 hôtels dans les pays d’Afrique subsaharienne, avec 10.000 à 12.000 chambres. Ce sera des hôtels de catégorie cinq étoiles. Nous allons dérouler ces projets au Sénégal, au Nigeria, ainsi qu'au Cameroun. Le coût global est estimé à 500 millions d'euros. Mais, cela peut aller même jusqu'à un milliard. Ça dépend des opportunités que nous allons avoir».
POURQUOI L’AFRIQUE ?
«Vous allez me demander pourquoi l'Afrique et je vous dirai pourquoi pas ? L’Afrique est pour moi le dernier continent moderne pour toutes les nations et je pense que c’était comme une stratégie de la part de Dieu de garder le dernier passé du monde en termes d’aliments, de ressources, pour la plupart. Donc, avec sa nouvelle génération, nous avons de réelles opportunités en Afrique subsaharienne. Et je pense que cette nouvelle génération, elle sait très bien faire. Les pays vont ainsi, avoir une économie très forte. Voilà pourquoi, nous sommes en train de conclure un accord avec ces trois pays que sont le Nigeria, le Cameroun et le Sénégal».
«DEUX PROJETS VERT ET BRUN»
«Nous recherchons des opportunités mais, nous ne pouvons pas encore les annoncer car, nous avons des conditions de confiance dans les contrats qui nous lient avec ces pays. Nous aurons un projet vert et un projet brun. Pour le projet vert, nous avons constaté que beaucoup de pays africains n’ont pas de Palais des congrès, même s’ils organisent de nombreux événements. Nous cherchons donc à combiner ces deux éléments, c’est-à-dire les chambres d’hôtel et les Palais des congrès pour que ces pays puissent vendre leurs évènements. Nous voulons nous épanouir avec l'Afrique. Nous cherchons à renforcer nos relations avec ces pays. Il y a beaucoup d'opportunités dans ces pays, mais, je pense que les lois ont changé pour les investisseurs. Et c’était plus flexible maintenant pour l’investisseur. D’ailleurs, nous avons participé à une des conférences axées sur ça à Addis-Abeba. En fait, nous voulons étendre nos relations dans tous les pays africains mais, pour l’instant, nous n’avons ciblé que ces trois pays. Nous sommes donc impatients».
LES ETATS, SEULS CIBLES DE KATARA HOSPITALITY
Sheikh Nawaf bin Jassim Al-Thani se veut également clair. Dans son investissement, il n’attend pas travailler avec le secteur privé. Sa cible, c’est l’Etat. «Je n’aime pas travailler avec beaucoup de partenaires. Je préfère les gouvernements, mais pas avec les individuels», a-t-il soutenu. Et d’ajouter: «on aura une main d’œuvre locale dans ces hôtels. Vous aurez donc pas moins de 35 à 38.000 personnes qui vont travailler dans ces hôtels». Mieux, a-t-il tenu à préciser : «actuellement, Katara Hospitality travaille seulement dans le domaine des industries hôtelières. Nous ne nous intéressons pas à toutes les formes d’activités. La nouvelle génération en Afrique évolue vraiment très vite. Ils ont une nouvelle mentalité. Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, le monde devient une très petite ville. Tout le monde sait tout. Nous avons des projets de formation avec des accords internationaux. Nous allons le faire avec Katara Hospitality pour avoir un bon centre de formation et avoir des formations appropriées pour faciliter les voyages et les hébergements dans les hôtels». «Nous souhaitons ainsi, accroitre notre présence en Afrique et capter le potentiel de croissance de certains pays du continent dans le segment du tourisme, des loisirs comme des voyages d’affaires».
LES KATARA TOWERS, LA DERNIERE FOLIE DE L’EMIRAT
En forme de corne d’un taureau, les Katara Towers sont la dernière folie du petit émirat. Il s’agit d’un gratte-ciel de 211 mètres actuellement en construction dans la marina de Lusail à Doha au Qatar. Selon le président du conseil d’administration de Katara Hospitality, «le projet comprend des tours d'hôtel de 38 étages. Il est prévu 614 chambres, un hôtel cinq étoiles de luxe, un hôtel six étoiles et des appartements de standing destinés à accueillir des résidents permanents». Autre folie, c’est que le projet comprend également une île artificielle en front de mer avec un ensemble d'installations de loisirs et de sports nautiques, de parcs aquatiques ainsi que des restaurants. En principe, il devrait être opérationnel avant le coup d’envoi de la coupe du monde. «2022, n’est pas loin d’aujourd’hui. Nous avons environ 32 ou 30 mois. En ce qui concerne le nouveau projet, Katara Towers, ce sera l'un des miracles que vous pourrez voir.
LOLWAH RASHID AL KHATER, PORTE-PAROLE DU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES : «L’entourage immédiat n’est pas la meilleure opportunité»
Porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar et conseillère de l'émir, Madame Lolwa Al Khater est revenue sur le blocus dont son pays s’est vu imposer. A l’en croire, il a plutôt permis au Qatar, de se rendre compte de certaines réalités. Aujourd’hui, son pays se bat pour occuper une place centrale dans la région.
Le soudain blocus imposé au Qatar, par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Barhein et l'Égypte, avait fondamentalement pour but, surtout pour le royaume saoudien de mettre à pas, le petit émirat qui, en vingt ans, est en passe de devenir une puissance régionale. Le Qatar ne se base pas seulement sur le pétrole et le gaz. Mais, il a su diversifier ses ressources dans d’autres domaines. Ce que le nouvel homme fort saoudien, le sulfureux, Mohamed Ben Salmane, alias, MBS, voit selon certains analystes, comme une menace. Selon eux, le motif de soutien au terrorisme et aux Frères musulmans, n’est donc qu’un prétexte. Mais, face à ce choc, provoqué par le blocus, le Qatar a été contraint de réagir. Ayant une seule frontière terrestre avec l’Arabie Saoudite où 90 % des produits consommés au Qatar passent par ce Royaume, il fallait être imaginatif pour ne pas mourir de sa belle mort, à défaut de se plier de désidératas du voisin. D’où l’importance du département des affaires étrangères. Son porte-parole, Madame Lolwa Al Khater, annonce d’emblée la couleur. «Ce blocus nous a permis de se rendre compte de plusieurs réalités. Une de ces réalités, c’est le fait que l’entourage immédiat (Arabie Saoudite) n’est pas la meilleure opportunité. Au lieu de nous enfermer, on a décidé de s’ouvrir aux autres». Des chiffres à l’appui, elle avance que : «le nombre de pays qui eu le visa a augmenté pour atteindre 80 nationalités. Bientôt, on aura les 100». Et d’ajouter : «je pense que beaucoup de pays africains figurent sur cette liste. Ce que vous voyez là, ça vient du fonds qatarien pour le développement mais cela ne prend pas tout en compte».
KARIM WADE, NI VU, NI CONNU !
A la question de savoir si la porteparole du ministère des Affaires étrangères du Qatar et conseillère de l'émir, connaissait Karim Meïssa Wade ? Elle n’a pas manqué de marquer étrangement son étonnement. «C’est qui ? Non, je ne le connais pas !», tranche net Lolwa Al Khater. Karim Wade sera-t-il alors inconnu des services du ministère des Affaires étrangères du Qatar? Impossible ! Vu l’implication de ce pays dans la libération nuitamment de l’ancien prisonnier le plus célèbre de Rebeuss, qui a même nécessité le déplacement du Procureur général du Qatar, à Dakar, à bord d’un jet privé, il faut être naïf pour croire à la bonne foi de la conseillère de l'émir. Seulement, elle ne s’attendait pas à une telle question. L’objectif de Madame Lolwa Al Khater était plutôt de mettre l’accent sur la nouvelle orientation et l’ouverture que son pays développe pour sortir définitivement de la tutelle de l’Arabie Saoudite qui a tenté de l’étrangler par un soudain blocus
COUPE DU MONDE 2022 : Le Qatar entend séduire le monde entier
La coupe du monde 2022 sera une première en tout. Première fois que le tournoi se dispute dans un pays arabe et musulman. Une première aussi en hiver (novembre et décembre), en raison de la canicule (plus de 40 degrés). Une première fois enfin que les acteurs évoluent dans des stades climatisés. Huit au total. Rénovés ou nouvellement construits. Voilà pourquoi le Qatar entend faire mieux que les autres.
L e Qatar n’a aucunement tremblé quand le président de la Fifa, Gianni Infantino a émis l’idée d’expérimenter la coupe du monde à 48 dès l’année 2022 avant même United2026. «Nous sommes prêts même avec 50 équipes», avaient alors répondu les autorités sportives de l’émirat. Une réponse loin d’être une blague. Et pour cause, ce petit pays de la péninsule arabique, n’entend pas lésiner sur les moyens pour séduire le monde entier en hiver 2022. Une visite guidée des envoyés spéciaux de quelques organes de presse d’Afrique a permis de constater de visu ce qui attend les amoureux du football. Huit stades flambants neufs pour un Mondial devant se tenir sur un rayon de 40 kilomètres. Deux des stades sont déjà prêts notamment, le stade Al-Wakrah, situé à une quinzaine de kilomètres au Sud de la capitale Doha. Il a coûté, selon notre guide Karim Jabsehehn 575 millions de dollars (515 millions d'euros). D’une capacité de 40.000 places, il dispose d’une enceinte au toit rétractable et à l'architecture futuriste, inspirée des voiles de bateaux. Il va d’ailleurs, accueillir les championnats du monde d'athlétisme 2019 (28 septembre - 6 octobre). Le stade Lusail Iconic quant à lui, devant abriter le match d’ouverture et la finale est le plus grand, des huit stades, avec une capacité de 80.000 places. Le stade principal de l’équipe nationale du Qatar, le Khalifa International dispose lui aussi, de 40.000 places. Sans occulter le Sports City Stadium (47.000), l’Education City Stadium (40.000), Al Bayt Stadium, distant de la capitale Doha de 35 kilomètres sera le plus éloigné de centre des affaires qataris. Les autres se situent entre 5, 7, 10, 12, voire 20 km de Doha. Il s’agit du Stade Thani bin Jassim (à moderniser avec plus de 40.000 places), mais aussi, du stade Al Rayyan (à moderniser 40.000 places). D’une manière virtuelle, les journalistes ont eu droit à une présentation de l’emblème officiel de la 22ème édition de la Coupe du monde, présentant des éléments marquants de la culture arabe locale et régionale, ainsi que des allusions au beau jeu. Les courbes de l'emblème représentent les ondulations des dunes du désert et la boucle ininterrompue représente à la fois le chiffre huit – un rappel des huit superbes stades susmentionnés – et le symbole de l'infini qui reflète la nature interconnectée de l'événement.
ALI BIN AHMED KUWARI, MINISTER : «Nous voyons l’Afrique comme l’avenir du monde»
«Nous sommes heureux de vous accueillir ici, à Doha et de pouvoir parler du renforcement des relations entre le Qatar et l’Afrique. C’est très important pour nous. Je suis très familier avec l’Afrique car, j’ai travaillé avec beaucoup d’africains sur beaucoup d’activités. Nous voyons l’Afrique comme l’avenir du monde parce qu’elle présente toutes les opportunités. Elle a donc d’énormes potentialités qui nous intéressent. C’est pour cela que nous comptons investir dans le continent avec beaucoup de projets qui permettront de développer l’Afrique. L’Afrique aura la plus grande économie d’ici quelques années. Nous avons beaucoup de projets par rapport à l’Afrique. D’ailleurs, le Qatar a développé beaucoup de projets avec plusieurs pays. J’essaierai de trouver les opportunités présentes en Afrique. Nos projets sont destinés à tous les secteurs notamment, le tourisme, l’agriculture etc. Nos investisseurs continuent d’explorer le terrain pour voir ce qu’on pourra développer dans certains pays»