LA MARINE NATIONALE ET LA POLICE SCIENTIFIQUE MOBILISEES POUR LA RECHERCHE DE DEUX AGENTS DE L'ÉTAT DISPARUS
L’un s’appelle Didier Badji, adjudant chef de gendarmerie en service à l’Inspection générale d’Etat (Ige), l’autre Fulbert Sambou, sergent à la Direction des renseignements militaires
L’un s’appelle Didier Badji, adjudant chef de gendarmerie en service à l’Inspection générale d’Etat (Ige), l’autre Fulbert Sambou, sergent à la Direction des renseignements militaires. Depuis quatre jours, ils sont portés disparus au niveau des falaises du Cap Manuel à Dakar. La marine nationale et la police scientifique sont mobilisées pour procéder à leur recherche. Kidnapping, noyade collective ou odyssée en haute mer ? Le mystère reste entier…
Depuis la soirée de samedi dernier, c’est-à-dire le 19 novembre 2022, deux agents de l’Etat n’ont donné signe de vie. Aussi bien au niveau de leur service qu’au sein de leurs familles. Il s’agit de l’adjudant/chef de la gendarmerie Didier Badji en détachement à l’Inspection générale d’Etat (Ige) et du sergent Fulbert Sambou, agent à la Direction des renseignements militaires.
Dans son communiqué annonçant l’ouverture d’une enquête judiciaire, le procureur de la République dit avoir confié l’affaire à la Brigade Prévôtale de la Gendarmerie compte tenu, sans doute, du statut militaire des portés disparus. Selon les premiers éléments de l’enquête, a informé le procureur de la République, la géolocalisation des appareils téléphoniques de l’adjudant/chef Didier Badji et du sergent Fulbert Sambou a permis de les situer au niveau des falaises rocheuses du Cap Manuel à Dakar. Indiqués, les enquêteurs de la Brigade Prévôtale ont retrouvé sur les lieux un filet de pêche tendu, des restes d’appât de crevettes ainsi que des chaussures appartenant aux deux agents.
Au-delà des premières constatations d’usage à l’effet d’élucider les circonstances et les conditions de ces disparitions par la Police scientifique, la Marine nationale et les Sapeurs pompiers ont été engagés dans les recherches dans cette zone maritime très rocheuse située à la pointe sud de la presqu’île du Cap-Vert.
Une partie de pêche qui vire au drame ?
Dans le cadre de ses investigations, « Le Témoin » a appris que les deux agents Didier Badji et Fulbert Sambou, parents mais également amis, tous deux originaires d’un village de la zone de Kafountine, dans le département de Bignona, étaient allés faire une partie de pêche à pied et en dehors des jours de travail (samedi après midi). Ce type de pêche de loisir se pratique en bord de mer, principalement à marée basse ou en eau peu profonde comme l’indiquent leurs effets personnels(chaussures) trouvés sur le rivage. Selon l’avis d’un de leurs collègues, l’hypothèse la plus plausible sur la disparition de Didier et de Fulbert serait la noyade. « Sans doute, ils se sont fait surprendre et emporter par de fortes vagues. Peut-être leurs corps seraient coincés dans les falaises maritimes puisque la zone est parsemée de rochers. En tout cas, je vois mal comment ces deux grands gaillards, de surcroît militaires, auraient pu être enlevés et kidnappés pendant quatre jours. Non ! Jusqu’à preuve du contraire, je ne crois pas à un kidnapping ! » nous confie ce militaire gradé tout en croisant les doigts dans l’espoir de retrouver vivants ses deux frères d’armes.
Il est vrai que lorsque les vagues agitées se retirent du rivage (sable), elles emportent en général les déchets solides du littoral. Donc on se demande pourquoi les chaussures et les restes d’appât de crevettes n’ont-elles pas été emportées par des vagues si fortes au point de ne laisser aucune chance à Didier Badji et Fulbert Sambou ?
Interrogé par « Le Témoin », Mamadou Faye Samba, pêcheur sous-marin et domicilié à Yoff-Ndénate, tient d’abord à préciser que depuis le vendredi 18 novembre, la mer est trop agitée avec de fortes vagues atteignant trois mètres de hauteur sur la façade maritime de Dakar. « Surtout dans la zone dite Cap-manuel très fréquentée par les pêcheurs amateurs. C’est l’un des meilleurs sites pour la pêche à pied puisque les gens s’assoient sur des rochers surplombant la surface de l’eau. Certainement, les deux militaires devaient être assis sur des rochers très avancés dans la mer où ils auraient été surpris par une houle en furie. Si toutefois ils sont morts noyés, nous ne le souhaitons pas, leurs corps noyés doivent normalement remonter en surface au bout de trois ou quatre jours. Sauf s’ils sont coincés dans les rochers… Modestement, je conseille aux éléments des Sapeurs-pompiers d’orienter leurs recherches vers l’île aux Serpents qui se trouve être le point de convergence des courants marins à partir du Cap-manuel. Parce que je connais très bien la zone… » indique notre interlocuteur.
Rappelons-le, Mamadou Faye Samba (34 ans) notre plongeur fait partie d’une grande famille où l’on est pêcheurs sous-marins de père en fils. En sillonnant les profondeurs de l’océan atlantique, il avait repéré quelque part au large de Dakar l’épave de l’avion d’Air France dans lequel le poète David Diop avait péri. L’appareil s’était abîmé en mer le 19 août 1960. Un autre débat !
Toujours est-il qu’au moment où nous bouclions cette édition tard dans la nuit, les éléments de la Marine nationale et des Sapeurs-pompiers sont en haute mer pour poursuivre les opérations de recherches afin de retrouver les portés disparus à savoir l’adjudant/chef Didier Badji et le Sergent Fulbert Sambou. Pendant ce temps, la Brigade prévôtale de la gendarmerie et la Police scientifique sont en train d’explorer toutes les pistes pouvant leur permettre d’élucider cette disparition dont le mystère demeure…entier.