LA RADDHO EN PHASE AVEC MACKY…
Retrait définitif des enfants de la rue dès la fin du Ramadan
La volonté affichée du gouvernement de mettre fin à la mendicité des enfants, avec un ultimatum fixé à la fin de ce mois béni de Ramadan pour le retrait définitif des enfants de la rue au Sénégal, rencontre l'adhésion de la société civile. La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme (RADDHO) "se félicite de ces initiatives" tout exprimant sa "disponibilité entière à accompagner l'État du Sénégal dans cette exaltante initiative visant à éradiquer la mendicité des enfants sur l'ensemble du territoire national".
La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme (RADDHO) "se félicite" de la décision du gouvernement de retirer les enfants de la rue. Dans une déclaration dont une copie est parvenue à Sud Quotidien, la RADDHO qui salue cette initiative "demeure convaincue que la lutte contre la mendicité des enfants est une des priorités de l'État du Sénégal. L'exploitation des enfants par la mendicité constitue une violation flagrante de leurs droits, en ce sens qu'elle compromet la vie, la survie et le développement de ces derniers".
La RADDHO relève que suite aux longues heures que les talibés passent dans la rue, à la malnutrition dont ils souffrent en raison du manque de nourriture, et aux conditions déplorables de nombreux "daaras" (écoles coraniques), les enfants trainent fréquemment de maladies. Au regard de tous ces constats, Aboubacry Mbodj et Cie expriment leur "disponibilité entière à accompagner l'État du Sénégal dans cette exaltante initiative visant à éradiquer la mendicité des enfants sur l'ensemble du territoire national", lit-on dans le document.
Pourtant, souligne l'organisation de défense des droits humains, la législation nécessaire pour assurer la protection des enfants contre toute forme d'exploitation est bien en place au Sénégal. Il s'y ajoute les obligations internationales de l'État du Sénégal qui a ratifié un certain nombre de textes régionaux et internationaux interdisant la mendicité des enfants et les pratiques assimilées, notamment la Convention internationale relative aux Droits de l'Enfant de 1989 de l'ONU et la Charte africaine des Droits et du Bien-être de l'Enfant de 1990.
Et, le Comité africain d'Experts sur les Droits et les Bien-être de l'Enfant (CAEDBE) note que "la plupart des talibés souffrent de faim extrême au quotidien, ils ménagent souvent au mieux un ou deux petits repas par jour, généralement composé de pain et de riz". Des rapports et études révèlent que des observations portant sur la majorité des enfants mendiants de Dakar, y compris les talibés, ont montré qu'ils "souffrent de malnutrition, souvent grave". Le Comité mentionne également que "lorsqu'ils sont privés de nourriture par leurs tuteurs, de nombreux talibés sont forcés de mendier sur les marchés ou en faisant du porte-à-porte dans les quartiers, pour tenter de répondre à leurs besoins nutritionnels quotidiens", informe la même source.
En Conseil des ministres le 22 juin 2016, le président de la République a exhorté le Gouvernement à poursuivre les efforts importants menés dans le cadre de la lutte contre la mendicité des enfants. A la suite de cette injonction du Chef de l'État, le ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance a lancé officiellement la campagne de retrait immédiat des enfants de la rue sur l'ensemble du territoire national. Cette campagne pour "le retrait des enfants de la rue" au Sénégal sera effective dès la fin du mois béni de Ramadan.
…La CEDEAO s'engage à accompagner le gouvernement dans sa mise en œuvre
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) apprécie positivement la campagne pour le retrait définitif des enfants de la rue lancé par les autorités étatiques sénégalaises. Elle s'engage à accompagner le gouvernement sénégalais dans la mise en œuvre de ce projet.
La CEDEAO "a accueilli avec beaucoup de satisfaction la décision prise par S.E.M. Macky Sall, Président de la République du Sénégal ordonnant, entre autres mesures, ''le retrait d'urgence des enfants des rues'' sous peine de sanctions contre les parents fautifs", lit-on dans un communiqué en date du 2 juillet 2016 dont une copie est parvenue à Sud Quotidien. Selon l'institution sous régionale dont le siège est à Abuja, cette annonce qui révèle la "volonté politique" du président Macky Sall, "vient confirmer la décision annoncée récemment par la Direction des droits, de la protection de l'enfance et des groupes vulnérables du ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, qui prévoit le retrait progressif des enfants de la rue, à partir de la fin du mois béni du Ramadan".
Mieux, cette décision s'inscrit dans le cadre de la protection des Droits des enfants et groupes vulnérables, converge avec le Plan d'action élaboré dans le cadre du projet régional sur "l'éradication du phénomène des enfants dans la rue en Afrique de l'Ouest".
Un plan d'action lancé en juin 2015 á Dakar, Sénégal par la Direction de l'Alerte précoce de la CEDEAO qui a toujours souligné l'énorme impact négatif de ce phénomène sur le développement socio-économique et la sécurité de la région. C'est pourquoi la CEDEAO a ainsi souhaité que ce projet qui vise á éliminer ce fléau et à créer un environnement protecteur pour les enfants vulnérables soit mis en œuvre par tous les États membres.
Pour cela, elle compte sur tous les acteurs de la société civile, les leaders religieux et coutumiers, les communautés et les familles, ainsi que tous les partenaires au développement "à appuyer le gouvernement dans la mise en œuvre de cette campagne qui, dans ses principes, garantit l'intérêt supérieur de l'enfant, l'accès à l'éducation, la santé et la protection".
En attendant, la CEDEAO qui "suit de très près la mise en œuvre de cet important projet, s'engage à accompagner le gouvernement sénégalais dans sa mise en œuvre et réitère ses félicitations aux autorités sénégalaises pour cette mesure courageuse qui protège les enfants".
… Human Appeal International plaide pour une concertation
L'organisation humanitaire Human Appeal International qui œuvre pour le bien-être des orphelins, a indiqué, au cours de son "Ndogou" annuel des orphelins, qu'il faut une concertation large avec toutes les parties prenantes, même si elle approuve la décision de l'État de retirer les enfants de la rue, victimes d'exploitation. Selon Moustapha Pouye, les acteurs doivent s'assoir autour d'une table : "les acteurs qui travaillent autour de la question de l'enfance doivent se concerter. Je veux dire l'État, les ONG, la société civile. Ainsi, ils pourront arriver à une solution qui pourra régler cette question de mendicité dans la rue .Et je pense que ce sera une solution qui va dans le sens de l'intérêt de tous", a souligné M. Pouye sur la question du retrait des enfants de la rue.
Revenant sur leur mission de solidarité humanitaire et de prise en charge des orphelins, ce dernier explique : "la solidarité et l'entraide font partie du socle de notre société. Nous lançons un appel aux concitoyens pour que chacun puisse aider son prochain dans le besoin. Pour une société équilibrée il faut que ceux qui ont les moyens soutiennent d'autres qui n'en ont pas. Je pense que le mois de ramadan est bien indiqué pour ces actes de solidarité" conseille notre interlocuteur.
Sur leur projet de solidarité pour les populations, en cours, Moustapha Pouye de révéler "Nous sommes en phase terminale du programme ramadan hivernage 2016 mais les autres programmes sociaux sont toujours déroulés avec la construction d'infrastructures et également la prise en charge des enfants orphelins qui sont plus de 3000 dans tout Sénégal, des personnes diminuées, des handicapés. Durant toute l'année, on déroule des activités". Se prononçant sur le ndogou des orphelins, le chef de la division des orphelins souligne que c'est la 17e édition :
"On a offert un ndogou copieux à 102 orphelins issus de la région de Dakar. Ceci fait partie des activités phare de notre organisation. On amène les orphelins dans un lieu luxueux pour les soutirer le sourire et pour qu'ils ne souffrent pas trop de l'absence de leurs parents. Faire sourire un orphelin est très important", fait remarquer Moustapha Pouye qui a représenté Talla Oumar Leye, directeur exécutif de ONG Human Appeal International Bureau Sénégal.