L’ARTISANAT PLOMBÉ PAR LA CONCURRENCE ET LE MANQUE DE MATIÈRE PREMIÈRE
«L’artisanat vit des moments plus que difficiles dans la région de Ziguinchor». Ce constat amer estfait par les acteurs du secteur
Le secteur de l’artisanat de la région de Ziguinchor vit des moments très difficiles. Les acteurs sont asphyxiés entre la rareté de la matière première et la concurrence extérieure. Ces problèmes, qui menacent la survie du secteur, installent les artisans dans le désarroi.
«L’artisanat vit des moments plus que difficiles dans la région de Ziguinchor». Ce constat amer estfait par les acteurs du secteur. Selon le président de l’Union régionale des menuisiers ébénistes de Ziguinchor, il n’y a aucun artisan de la région qui travaille à plein temps. «Tous les 125 corps de métier qui gravitent autour de l’artisanat sont au bord du gouffre. Les gens parlent de crise un peu partout, mais moi je pense que la crise, c’est chez nous», déclare Abass Cissé.
Cette crise estla conséquence de plusieurs facteurs parmi lesquels la concurrence extérieure que les artisans jugent déloyale. «Dans le secteur du bois par exemple, l’Etat a ouvert les portes aux importateurs de mobiliers de seconde main et aux Chinois. Au même moment, il sort une mesure interdisant la coupe du bois en Casamance, au lieu de rationaliser celle-ci. Cela a occasionné la cherté de la matière première et par conséquent, sur les prix des meubles», explique M. Cissé. «L’Etat avait promis aux artisans 15% de ses marchés, mais jusqu’au moment où je vous parle, je n’ai vu aucun menuisier ébéniste de la région de Ziguinchor bénéficier d’un marché de l’Etat», poursuit-il.
L’absence d’une zone où chaque artisan peut installer son atelier est aussi un gros handicap, de l’avis du président de l’Union régionale des menuisiers ébénistes de Ziguinchor. «Un espace avait été choisi entre la zone industrielle de Ziguinchor et la berge du fleuve Casamance. Mais aujourd’hui, tout cet espace a été transformé en habitations», se désole M. Cissé. A l’en croire, cette situation les empêche de bénéficier des crédits bancaires pour aller à la conquête des marchés. «Quand tu vas dans une banque pour chercher un financement, on te demande les papiers de ton atelier. Et dès que tu leur montres un contrat de location, tu perds 95% de chance d’être accompagné», révèle Abass Cissé. Pour contourner cette contrainte, déclare-t-il, une coopérative d’habitat a été mise sur pied et celle-ci sera chargée de trouver un vaste espace, en collaboration avec les autorités administratives et locales, où chaque artisan aura une place qui lui appartient pour travailler tranquillement.